La louve d'Imladris

2. Ils vont vous en vouloir 🐺

Nauro et moi ne sommes pas friand des fêtes, pas aujourd'hui en tout cas. 60 ans jour pour jour que nous sommes revenue d'Erebor et les 111 ans de Bilbo. Une cause mérite d'être fêté mais pas l'autre. Appuyé contre le grand chêne à l'écart de la fête je suis occupée à sculpter un petit bloc de bois tout en jetant çà et là des regard à Bilbo, Frodon, Gandalf ou encore aux cousin terribles Merry et Pippin. Un bruit tonitruant me fait tout à coup relever la tête et je vois un dragon de feu passer au-dessus de la foule. Ma main se porte d'instinct à ma taille où pend un poignard mais je me rend vite compte que ce n'est qu'un des feux d'artifices de Gandalf déclenché accidentellement par les cousins. La vue du dragon m'a terrifié en me renvoyant des années en arrière-face à Smaug... Mon attention se tourne vers la force vitale du chêne contre lequel je prends appuis et son contact me rappelle bien des souvenirs. Ce chêne c'est moi qu'il l'est planté en arrivant dans la comté avec Bilbo. Le gland dont il est né a été offert à Bilbo par Thorin mais le hobbit savait le lien qui m'avait uni au nain alors il m'a laissé le droit de décider où pousserait ce fruit. J'avais choisi cette prairie car elle fait face à la forêt et dans son dos le village Hobbit s'étendait plein de vie. Je suis sûr que Thorin aurait adoré cet endroit, entre agitation et calme. Je regarde alors la petite sculpture entre mes doigts. Sans vraiment m'en rendre compte j'ai sculpté l'épée naine de Thorin, celle qu'il avait à notre rencontre avant qu'il n'utilise celle trouvée dans la grotte nauséabonde des trolls lors de notre reconquête d'Erebor. Je sourie doucement et la range dans une de mes poches avec mon matériel avant de sauter pour attraper une grande branche au-dessus de moi. Je m'y hisse pour m'y asseoir et avoir ainsi une vue plus que plongeante sur la fête. La nourriture, la boissons et les danses sont présentes à foison. Nauro glapit à mes pieds avant de se coucher juste sous la branche. Je sens bien par moment le regard de Gandalf qui pèses sur moi mais à vrai dire je ne m'en préoccupe pas vraiment, il voudrait sûrement que je me mêle plus à la foule mais il sait aussi très bien que depuis que nous sommes revenus d'Erebor je ne fréquente que Bilbo, Frodon et leurs amis les plus proches comme Sam, Pippin ou Merry.

-Elwing !

Je baisse la tête pour voir justement Frodon et Sam arriver en courant vers le chêne. Je me penche en prenant appuis sur mes bras et attends qu'ils soient juste à côté de Nauro.

-Qu'est-ce que vous voulez les garçons ?

-Tu veux bien venir jouer avec nous ?

-Frodon...

-Aller Elwing s'il te plaît.

Leurs yeux faussement suppliant sont levé vers moi et je finis par capituler en soupirant. Je me redresse et saute au bas de la branche pour atterrir en un salto juste derrière eux et sans attendre je les préviens.

-Je ne ferais pas de magie.

-Elwing...

-Non Frodon tu sais ce que les gens de la comté pense de la magie. Je veux continuer à vivre paisiblement.

-Tout le monde sait que vous êtes une magicienne Dame Elwing.

-Peut être Sam mais aucun ne m'a jamais vu faire, en dehors de vous bien sûr.

-Très bien mais viens au moins danser avec nous.

J'abdique et les laisse m'entraîner vers la piste de danse. Les deux hobbits attrapent chacun une de mes mains et il m'entraîne dans une ronde endiablée. Nauro saute autour de nous comme le ferais un jeune louveteau, après tout nous amuser ne coûte rien. Ce n'est pas en nous morfondant que nous rendrons hommage à nos chers amis disparus. Je sais que Thorin aimait beaucoup me voir danser avec les autres nains et sans même m'en rendre vraiment compte je me sépare des hobbits pour commencer une danse entre le nains et l'elfique. Mes pieds tapent le sol en rythme formant leur propres musique et j'ai l'impression de plonger dans mes souvenirs en fermant les yeux. Le regard protecteur de Thorin, les rires de Fili et Kili, les blagues de Bofur, la gourmandise de Bombur, la sagesse de Balin, la bravoure de Dwalin... chacun des nains a une place si importante dans mon cœur.

PDV Gandalf

-Cela fait chaud au cœur de voir Elwing ainsi.

Je tends ma pipe à Bilbo qui se concentre sur l'elfe brune lancée dans une danse de sa composition.

-Je ne l'avais plus vu danser depuis la fête que le seigneur Elrond avait organisé le soir où nous y sommes arrivés avec la compagnie.

Quand le hobbit évoque la compagnie des nains les visages de ceux qui sont mort me reviennent en mémoire.

-Elle a perdus plus que nous ce jour-là...

-Elle a perdus une partie de sa famille. Son amant...

-Ce n'est pas l'amour qui les unissait mais une affection profonde et un besoin de se sentir en vie.

-Je l'entend parfois l'appeler la nuit.

-Vous ne comptez pas abandonner votre projet ?

Le hobbit regarde longuement la jeune femme avant de tourner la tête vers moi.

-Non, je veux voyager comme je vous l'ai déjà dit plutôt. Elwing restera ici avec Frodon.

-Ils vont vous en vouloir.

-Je le sais bien

PDV Elwing

J'ai arrêté de danser pour aller me replacer près du chêne mais cette fois j'ai une chope de bière à la main et Nauro savoure une cuisse de poulet à mes pieds.

-Un discours ! Un discours !

Je me concentre sur Bilbo qui monte sur un tonneau de bière pour être en hauteur et vu de tous. Je sens que ces paroles vont m'intéresser...

-Merci. Merci. Mes chers Sacquet et Baufin. Toucque et Brandeboucque. Boulo, Frouille, Bolgé, Sanglebuc, et Fierpetons !

-Fière pied !

-Oui, oui ! Aujourd'hui et bien c'est le jour de mon 111e anniversaire ! Mais hélas, 111 ans ce fut un temps trop court à passer en compagnie de si excellent et si admirable hobbit. Je ne connais pas la moitié d'entre vous autant que je le voudrais ! Et j'aime moins de la moitié d'entre vous à moitié moins que vous ne le méritiez. Je...

Personne n'a vraiment compris ce qu'a dit le hobbit et je ne peux m'empêcher de ricaner.

Mon ami se coupe pour plonger sa main dans sa poche et je me doute bien de ce qu'il y touche. L'anneau magique qu'il a trouvé dans les grottes des monts brumeux. J'ai tenté de lui chaparder pour l'examiner mais voilà bien longtemps qu'il le garde sur lui me rendant la tâche impossible.

-J'ai... j'ai des choses à faire, je les ai mises trop longtemps de côtés. J'ai le regret de vous annoncer que c'est la fin. Je m'en vais. Je vous dis adieu du fond du cœur. Au revoir.

Le hobbit disparaît tout à coup mais je ne perds pas une seconde à le chercher ! Je sais très bien qu'il va rejoindre Cul-de-Sac avant de partir. Je m'élance vers la maison et coure à travers champs avec Nauro sur mes talons pour que nous atteignions la demeure avant son propriétaire.