dévastée

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Charleen, cinq ans plutôt

Un seul mot me vient à l'esprit en cet instant : je suis dévastée. Comment ont-ils pu me faire ça? Moi qui les voyaient comme des piliers dans ma vie. On avait traversé tellement de choses ensemble. Et mon âme soeur? Comment? Pourquoi? Ces deux petits mots tournent en boucle dans mon esprit. Ils ont réussi à anéantir ce qu'il me restait de mon coeur. Je n'ai plus rien en cet instant. Et ni l'amour de mon père, de mon frère et de ma grand mère ne pourra annihiler le goût de cette trahison que je sens couler sur ma langue et s'engouffrer dans mon corps afin d'y décimer chaque parcelle qui constitue mon être comme un poison venant vous priver de votre essence vitale et se propager dans vos veines afin de provoquer votre perte. Je ne suis pas morte, je respire toujours, mais c'est tout comme...Je suis totalement hébétée. Je réfléchis et tente de rassembler les pièces du puzzle mais je n'y parviens pas. En gros,  je n'ai rien vu venir. Aucun signe avant coureur qui aurait pu me mettre la puce à l'oreille. Rien, que dalle, nicht, niente, nada....Le pire dans tout cela c'est que je voulais réellement m'en sortir. Me sortir de cette torpeur qui m'engourdissait à mesure des jours passés et qui m'enfonçait dans les méandres de mon esprit. Je voulais réellement en finir mais dans le bon sens du terme! Pas avec la vie! J'aurai finalement fini par parler plus vite que prévu! Même si je n'ai pas pu leur cracher la haine et le dégoût qu'ils m'inspiraient à cet instant,  tout la colère que je sentais peser sur mon coeur! La pilule ayant du mal à passer, je n'ai réussi qu'à leur sortir le plus gros de ma pensée. j'étais trop choquée pour ne sortir des phrases qui auraient été cohérentes et percutantes. Histoire de leur rendre une infime partie du mal qu'ils étaient en train de me procurer. Après une douche chaude, et avoir laissé l'eau détendre mes muscles noueux, j'étais allée trouver mon père qui s'il en avait été ravi dans un premier temps de me voir sortie de ma chambre avait vite déchanté quand je lui avais avoué mon souhait de quitter le Club et ce définitivement. J'avais lu l'horreur sur ces traits mais ne pouvait faire autrement. Je ne m'étais pas épanchée sur le choix de cette décision et le pourquoi je l'avais prise. c'était ma décision, point barre! Rien ni personne n'aurait pu me faire changer d'avis et renoncer à partir. J'avais laissé mon coeur et mon âme dans cette chambre, il fallait que mon enveloppe terrestre parte à des milliers de kilomètres pour panser ses blessures! Mon père avait alors acquiescé et m'avait demandé de patienter le temps de me faire établir un nouveau passeport afin d'être à l'abri de leurs ennemis. Je n'aurai plus aucun contact avec eux. C'est comme si je n'avais jamais existé pour leur Club. Je m'en foutais je voulais juste débarrasser le plancher au plus vite. J'ai dit amen à tout et suis partie sans me retourner, sans un au revoir ni un adieux. A quoi bon? Je n'avais pas le courage de m'expliquer. Le principal interessé étant mon père était au courant, il se chargerait de faire passer la commission.

Je quitte mon père le coeur lourd. Je rentre dans ce 4x4 et fixe une dernière fois cette bâtisse qui a été mon foyer pour un temps. Mais toute bonne chose a une fin et j'en sais quelque chose. Je ne vis que des fins depuis que je suis née. Il y a toujours un mais qui vient clôturer ce que à quoi vous pensiez pouvoir bénéficier, rien n'est acquis dans la vie et j'en ai eu la plus douloureuse des leçons aujourd'hui. Mon père est comme un pantin désarticulé. Je sais qu'il pleure de l'intérieur, que je lui fais subir autant de mal que je n'en ressens mais c'est au-dessus de mes forces. Je ne peux pas rester. Dans une dernière étreinte, je lui souffle un "je t'aime, je ne t'oublierai jamais, papa" puis je monte en voiture. Jazz me conduit chez ma grand mère qui va m'accueillir le temps que je me retourne et me décide à quoi faire de ma carcasse. En ce moment, je ne suis plus une personne à part entière, je suis une coquille vide, privée de son essentiel pour prétendre à la vie. Le 4x4 s'éloigne et je vois sa silhouette diminuer jusqu'à ne devenir qu'un point dans l'obscurité de la nuit. Adieu dis-je dans ma tête dans un sanglot. J'aimerai tellement faire demi tour, courir dans les couloirs et me jetter dans les bras de mon amour. Il ne t'appartiens plus désormais me souffle ma conscience, il est avec cette garce d'Ivy, la traîtresse, celle qui a joué double jeu pour mieux t'enfoncer un couteau dans le dos! Ressaisis-toi! me hurle-t-elle. Mais c'est si dur, si difficile. Comment vais-je arriver à surmonter tout cela? comment vivre dans un monde où il ne sera pas? L'inconnu me terrifie à cet instant. Pourtant je n'ai pas tellement le choix. Je ne supporterais pas de les voir afficher leur amour au grand jour et surtout devant moi. Car il ne peut s'agir que de cela non? Il doit l'aimer plus que moi pour m'avoir trompé avec elle. Ils se connaissaient bien avant que je n'arrive. Leur amour doit être plus fort. Et puis j'ai perdu son bébé, plus rien ne le retient à présent auprès de moi. C'est lasse de toutes ces questions que je me rends compte que nous sommes arrivés. Je descend et récupère mon bagage. Je fais un signe de tête à Jazz qui me regarde d'un air désolé. Je ne peux pas ouvrir la bouche sous peine de m'écrouler. Je lui tourne le dos et vais toquer à la porte qui s'ouvre sur ma grand mère affichant une mine peinée.

THE HOUNDS OF HELL :  CHARLEEN ET ASHTON PARTIE 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant