CHAPITRE 25

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PARIS, BOULEVARD DU PALAIS DE L'ÎLE DE LA CITÉ, TGI

SAMEDI 8 SEPTEMBRE 2012, 19 H 49

De retour au TGI, Monica s'installa à son bureau. L'heure était déjà bien avancée. Elle avait fait un détour par un magasin de déco pour acheter une plaque de liège. Elle la fixa au mur. Épingla les coupures de presse, la déposition et le rapport du Corbeau. Bien. Elle récupéra une feuille plastifiée, un feutre, et nota toutes les pistes à explorer. Identité des victimes. Rapprochement avec le club. Lien avec le Maniaque de la Kolyma de Sidonie. Dossier d'arrestation russe. Témoignages des protagonistes. Intérêt à agir. Perquisition. Son rôle était de déléguer toutes ces pistes aux autorités compétentes. Ceux-ci lui serviraient ensuite les données brutes sur un plateau d'argent. Enfin, elle devrait tout assembler. Donner de nouvelles instructions. C'était un cercle vicieux. Qu'est-ce que ça donnerait à la fin ?

Elle recula de quelques pas, s'accula au mur. Ses pupilles scrutèrent avec attention le tableau. Le déclic ne se produisit pas. Elle pensait trop naïvement peut-être que cette nouvelle mise en scène l'aiderait à comprendre. Mais non. Aucun indice. Elle fronça les sourcils. Son cerveau tournait à cent à l'heure. Elle appuya son pouce sur ses lèvres. Quelque chose était en train de se passer. La queue d'une nouvelle piste maturait lentement dans son esprit. Et là... Obolensky était Français, avait-il une résidence secondaire ici en France ? Un compte bancaire en France ? Impossible. S'il était le pédo ou même le Maniaque de la Kolyma, il n'aurait pas ouvert un compte en France pour y placer tout son butin. Mais plutôt dans un paradis fiscal. Juste une putain d'impasse. Elle se gratta nerveusement le crâne. Elle s'installa dans son fauteuil et composa un numéro sur le fix.

— Juliette, est-ce que tu peux me faire au plus vite des CR ? Je t'envoie les noms et les objets dans la soirée.

— Bien-sûr, madame la juge. Je m'occupe de ça. Tout sera bon pour demain.

— Très bien, bonne soirée Juliette.

— À vous aussi.

Monica raccrocha. Son estomac manifesta le rappel à l'ordre – un repas copieux. Elle se leva, chercha son portefeuille et quitta son bureau. Elle appréciait de se rendre dans ce restaurant Japonais à proximité. Vorace, elle commanda un assortiment de sushis, de makis, une soupe miso et des nouilles sautées. Le tout à emporter. Elle s'installa sur le côté, au bar. En attendant son repas, elle sirota un verre de vin rouge généreux. Succulent. Son esprit était plein de son affaire. Elle était impatiente de retrouver ses quartiers et de mettre en œuvre les premières opérations. Contacter ses collègues. Prendre la température.

☦︎

La magistrate s'installa sur le canapé. Jambes croisées et légèrement frénétique. Elle ouvrit rapidement le sac en plastique. Une odeur divine embauma les lieux. Les effluves de nourriture se mêlèrent à l'encre et la poussière. Elle se pourlécha les babines, impatiente. Armée de ses baguettes, elle dévora ses nouilles. D'un coup de poignet machinal, elle enfourna un maki dans sa bouche. En deux coups de mâchoires puissants, elle l'avala. Et un autre... puis les sushis suivirent. En quelques minutes, elle avait englouti la moitié de son repas. Une fois repue, elle appuya ses paumes à plat sur son ventre. Elle descendit d'une traite son verre d'eau ? c'était le premier repas convenable qu'elle avait fait depuis qu'elle était au bureau. Elle essuya délicatement le contour de ses lèvres. une fois ce petit rituel achevé, elle se remit au travail...

Où en était-elle déjà ? Ah oui, une résidence en France... Elle empocha le fix, composa un numéro sur le clavier. Une sonnerie... Deux... Trois... Elle commençait à désespérer.

— Sidonie ? Klein.

— Klein, il est tard...

— Tu es toujours au bureau ?

Supplices de Toundra - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant