Supplices de Toundra - 1

CHAPITRE 26

GORODETSKY DISTRICT, OBLAST DE NIJNI NOVGOROD

43°2' DE LONGITUDE ET 56°4' DE LATITUDE

SAMEDI 8 SEPTEMBRE 2012, 22 H 48

Le Maniaque avait dissimulé son quatre-quatre du siècle dernier derrière quelques cèdres. Il s'acheminait vers le chalet d'un pas nonchalant. Il portait à bout de bras un carton dans lequel reposait sa dernière acquisition. Un instrument très prisé par l'inquisition espagnole du Moyen-Âge. Il pouvait trouver vraiment n'importe quoi sur le darkweb en termes d'objet et autres matériels de torture. Ce serait parfait pour entamer ce nouveau cycle religieux et ses douze grandes fêtes. La première correspondait à la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu. Le calendrier orthodoxe regorgeait de fêtes, de jours sacrés. Parfait pour un tueur en série. Encore plus parfait pour une fausse piste.

Le bourreau descendit au sous-sol. Le froid le saisit directement à la gorge. Il se pinça les lèvres. Pensif et impatient de tester son nouveau jouet. Il s'installa dans la cavité la plus spacieuse. Une ampoule seule aux fils dénudés pendait du plafond et éclairait faiblement le lieu. L'humidité faisait briller la roche, formant un halo argenté au-dessus d'un trou d'eau. Une véritable fosse d'où émanait diverses odeurs toutes plus putrides les unes que les autres. Là-dedans, le Maniaque faisait disparaître les corps qui lui servaient de testeurs. Il s'activa à déballer son nouveau jouet. Un gémissement faiblard retentit dans une autre excavation. Le bourreau ne sursautait plus, habitué aux complaintes et supplices de ses victimes. Non loin de l'entrée, vers la gauche, on pouvait deviner des barreaux massifs.

— Ton heure va bientôt arriver ma petite chérie.

Pour toute réponse, un nouveau cri mélodique caressa ses tympans. Qu'il aimait ça. Il prépara son matériel de chirurgien. Kinjal, bistouri et scalpel aiguisés, poignards en tous genres, cordes, gants de fouille, bidons d'acide, son instrument mystère. Il se leva, étira chacun de ses muscles par quelques petits exercices chronométrés et s'approcha du cachot. Là, une beauté céleste était recroquevillée sur la pierre dure et glacée. Ses longs cheveux noirs formaient un halo. Sa tête reposait sur ses bras croisés. Elle grelotait. Il testait quelque chose de nouveau : son œuvre filmée en directe via une GoPro. Il fixa la petite caméra sur son front et marcha vers le corps. Le Maniaque la saisit sous les aisselles et la releva. La pauvre gamine ne sembla pas comprendre ce qui se passait. Elle hurla. Il l'attacha sur l'autel en pierre. Les grosses sangles en cuir maintenaient ses bras et ses jambes écartés. Le Maniaque admira un instant sa nouvelle victime : une Croate plus belle que nature. Il fit glisser le bout de ses doigts sur ses joues. Sa main redessina chaque courbe, chaque trait, chaque creux. La gamine lui cracha au visage.

— Fils de pute ! Salopard ! Montre ton visage, espèce de lâche !

Le Maniaque lui plaqua une main sur la bouche. Elle lui mordit la paume à travers le gant en cuir. Le bourreau hurla et lui dérouilla la gueule d'une droite – elle s'en souviendrait longtemps. Ça le démangeait jusqu'au bout des pieds. Une décharge se propagea dans son entrejambe. Quel plaisir. Il considéra le visage de sa proie durant un instant. Il savait exactement ce qu'il allait lui faire. Ses mâchoires se contractèrent et il commença son œuvre macabre...

D'abord, il lui fourra un bout de tissu dans la bouche, bien profondément. Il fit craquer ses doigts avant de récupérer le premier instrument de torture. À l'aide du kinjal, il traça plusieurs lignes sanguinolentes sur son ventre. Cette peau mate immaculée se couvrait lentement de liquide écarlate. Il récupéra son nouveau jouet : la poire du pape. Il prépara le terrain d'une main experte, caressant le trou de balle lentement. La fille ouvrit de grands yeux écarquillés, se débattit. Cette pute n'avait donc pas perdu de sa pudeur. Le Maniaque promena l'objet sur son ventre, le couvrit de sang. Il le montra ensuite à sa victime, prenant soin de filmer sa réaction.