CHAPITRE 92

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MOSCOU, 45, RUE BOL'SHAYA YAKIMANKA, AMBASSADE DE FRANCE

JEUDI 6 DÉCEMBRE 2012, 08 H 35

Quatre heures du matin. L'écran de son MacBook Pro s'alluma. La lumière se refléta sur le visage de la juge, paisiblement endormie. Les couvertures enveloppaient son corps seulement enveloppé d'une culotte. Un bras maintenait fermement la couverture contre sa poitrine. Klein ouvrit les yeux, papillonna des paupières et faillit refermer le clapet de la machine. Son regard balaya l'écran, un nouveau mail venait d'y apparaître. Elle ne connaissait pas l'adresse email émettrice, ce qui l'intrigua et la força à déverrouiller l'ordinateur. Fatigue oblige, ses neurones mirent quelques minutes à se connecter et son cerveau à se mettre en état de marche. Elle dut relire les phrases dans un français parfait au moins dix fois avant de les comprendre. Elle bondit du lit, relut encore chaque mot tout en essayant de calmer les soubresauts de son cœur anarchiques.

— Putain de merde ! Qu'est-ce que c'est encore que ça ?!

Elle secoua la tête. Les mots étaient pourtant bien écrits en lettres noires sur l'écran blanc. Il n'y avait pas de doute possible. Dans le corps de son mail, l'auteur lui expliquait la raison de son mail accompagné d'un grand nombre de pièces jointes aux divers formats. Un homme, un nouveau corbeau, lui fournissait des données liées à la pièce rouge du club Productions de Sevvostlag, lui envoyait toutes les preuves nécessaires à l'incrimination d'un agent du FSB dans ce vaste réseau de prostitution de mineures. Monica crut rêver. Ce n'était pas possible. Elle savait exactement ce que ça voulait dire. Si un agent du FSB trempait dans ce réseau, le gouvernement y était impliqué par la force des choses lui aussi. Avec ces nouveaux renseignements, l'affaire prenait une tout autre tournure. Bien plus délicate, bien plus sensible, plus politique. Bien-sûr, il ne manquait plus que ce système de corruption soit lié au gouvernement pour atteindre le paroxysme de la connerie. Par peur d'un leurre, Monica n'osa pas ouvrir les fichiers avec son ordinateur. Elle savait que cette technique pouvait être utilisée pour infiltrer un appareil informatique, cela à travers l'ouverture d'un fichier déjà piraté. Ses doigts restèrent en suspend au-dessus du clavier. Sa respiration était courte, saccadée. Son cœur palpitait dans sa poitrine, pulsant le sang fissa. Elle n'osait plus bouger, plus rien faire par peur que le mail disparaisse. L'évidence s'imposa à elle, elle ne pouvait décemment pas mettre au courant l'ambassadeur. D'une part, elle savait qu'il y avait une taupe au sein de l'ambassade mais elle ignorait qui, d'autre part, les informations étaient d'une trop grande importance pour être divulguées aussi facilement. Qui pouvait-elle mettre au courant ? Légèrement embrumé, son cerveau tourna de nouveau. Sidonie ! Oui ! Elle lui faisait intégralement confiance ! Il était peut-être le seul à pouvoir l'aider à vérifier l'authenticité de ses informations. C'était donc lui à qui elle confierait ce lourd secret. Rapidement, elle composa le numéro de téléphone de l'agent de la DLCC. Une sonnerie. Deux. Trois. Quatre. Une voix enraillée lui répondit :

— Ouais...

— Sidonie, c'est Klein.

— Putain ! Qu'est-ce que tu fais debout à cette heure ?! Tu ne dors donc jamais ?

— Je viens de recevoir un mail. Impossible de savoir de qui ça vient...

— Et ?

— Il m'a écrit détenir des données sur la pièce rouge et des preuves qu'un agent du FSB trempait dans ce réseau de prostitution de mineures...

Un silence résonna au bout du fil. Seulement la respiration rauque de Sidonie retentit dans le combiné.

— Putain, Klein... Est-ce que tu sais ce que ça signifie s'il s'avère que c'est authentique cette merde, qu'il dit la vérité ?

Supplices de Toundra - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant