CHAPITRE 33

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PARIS, FORT DE ROSNY-SOUS-BOIS, CENTRE DE LA DLCC

JEUDI 13 SEPTEMBRE 2012, 17 H 40

Avachi sur son siège, Sidonie cherchait par tous les moyens à entrer sur le site du Maniaque. Ce sale type lui avait déjà cramé quatre ordinateurs. Il fit craquer ses doigts, enfourna deux Snickers au fond de sa bouche et commença ses manipulations. L'ordinateur moulinait. Une fois connectée sur le darknet, il trouva la quatrième couche sa difficulté. Son œil surveillait l'heure tournante. Il avait essayé par tous les moyens de s'infiltrer sur le site du Cordier. Il se trouvait bloquer quand le gars lui demandait des preuves de garantie. Sidonie devait lui envoyer une vidéo de hurtcore afin de prouver qu'il n'était pas un flic sous couverture. Du politiquement pas correct. Il ne pouvait décemment pas le faire. Il était passé par plusieurs surnoms, plusieurs pistes, différents serveurs. Tous avaient échoué. Royalement. Cette fois, Sidonie se retrouvait dos au mur. Bloqué. Il enfila son casque, les premières notes de heavy metal retentirent. Un large sourire étira ses lèvres voraces.

Il avait eu une dernière idée durant la journée. Cette ultime mise en scène lui permettrait peut-être d'obtenir des informations primordiales sur cet être abject. Armé de ses doigts agiles, de son VPN et de ses surnoms tendancieux, il envoya un message à l'adresse de celui qui pourrait l'informer. « RECHERCHE INFORMATIONS TUEUR / HURTCORE, CONTACTEZ-MOI. #tueur #hurtcore #maniaquedelakolyma ». Il vogua sur le darknet là où un marché insoutenable pullulait de vidéos et images infantiles. Sidonie combattait ses monstres de l'ombre depuis tellement de temps qu'il était devenu hermétique aux horreurs qu'il voyait. L'humain ne manque jamais d'inspiration quand il s'agit d'infliger les pires tortures... même à un enfant. À gauche, dans l'encart réservé au message, la petite cloche rouge apparut. Un clic et il ouvrit le message d'un certain El.Pervertido. Le pervers écrivait dans un anglais impeccable. En introduction, le détraqué lui dit connaître le Maniaque de la Kolyma. Pour appuyer ses propos, il accompagna son message d'une capture d'écran. L'image renvoyait le visage d'une brunette en gros plan – partiellement disloqué à l'acide. De la pure dinguerie. Sidonie retint son souffle quelques secondes. Ce screenshot venait bel et bien d'une des vidéos du Maniaque. El.Pervertido avait donc accès à son site, à ses vidéos, à ses horreurs. Sidonie continua sa lecture. Du reste, l'homme ne lui apportait aucune information qu'il ne savait déjà. Il tapa un message rapide, propre et sans faute. Il lui demandait des renseignements pour entrer sur le site du Maniaque. El.Pervertido lui répondit sans gêne qu'il devait postuler, qu'il y avait ensuite une sélection réalisée par le pédophile lui-même pour ensuite demander des garanties de la bonne foi du détraqué derrière son ordi. En gros, ce pédophile filtrait consciencieusement ses abonnés. Aucun flic ne pourrait accéder à son site. C'était un fait. Cette donnée correspondait avec celle déjà pêchée les jours précédents sur la communauté. Sidonie poussa un soupir. Pour meubler la conversation et obtenir de nouvelles données, il questionna El.Pervertido sur les dates auxquelles les vidéos étaient postées. Le sadique lui cita une trentaine de dates. Tout cela, d'après les archives et les films. Sidonie fronça les sourcils. Il crut déceler un cycle. N'était-ce pas une impression ? Impossible. Le déclic connecta tous ses neurones entre eux. Son cerveau remonta le temps jusqu'à une conversation avec son meilleur ami. Sarkis Arzumanyan. Arménien d'origine, l'homme était un adepte de la religion orthodoxe. Une fois, Sidonie et lui avaient parlé du système religieux. Là, il se rappela les grandes fêtes. En quelques clics, il retrouva leur date. Bien vu, certaines de ses dates coïncidaient avec l'une des douze grandes fêtes. Pour le reste, ça ne correspondait pas aussi clairement. Sidonie le sentit dans ses chairs. Tout ça n'avait qu'un foutu motif religieux. Comme beaucoup de crimes du darknet bizarrement. Les fanatiques religieux se lâchaient souvent sur l'internet illégal, se croyant impunément protégé par leur écran.

Supplices de Toundra - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant