Chapitre 15

315 19 0
                                    


"-Crois moi jeune fille, on va avoir une sérieuse conversation quand tu vas rentrer. Et ça ne va pas être bon pour toi. Ignorer nos appels ne fait qu'aggraver ton cas ! Nous sommes tes parents, ceux qui te font vivre dans de très bonnes conditions. Tu nous dois le respect ! Rare sont ceux qui peuvent faire de bonnes études comme toi sans un crédit étudiant à régler jusqu'à leur trente ans. Nous attendons ton appel ! "

J'écoute encore une fois le message vocal que mon charmant papa m'a laissé. Je soupire, portant mon pauvre faux-ongle à ma bouche. L'angoisse est présente dans les moindres recoins de mon corps. Je suis foutu.

Un verre de whisky passe soudainement devant mes yeux. Diego.
Je le prends le remerciant d'un signe de tête avant qu'il ne prenne place sur la chaise longue à côté de moi.

"-Je présume que vous avez entendu.
-Exact. Tes parents sont très connus pour leurs recherches.
-En effet.
-Ils doivent être fiers d'avoir une fille brillante comme toi.

Je ricane dans une grimace avant de boire l'alcool qu'il m'a proposé.

-Aussi fière que vous l'êtes d'Enzo. Je crache.

Sa tête s'incline, m'observant d'un oeil mauvais. Je m'excuse baissant les yeux. J'oublie souvent qui ils sont vraiment. Un geste et ma misérable vie est terminée.

-Je sais, ce que c'est de mépriser un de ses parents. J'ai vu mon père tuer ma mère de sang froid, la décapiter parce qu'elle ne voulait plus de lui. Et tu sais ce que j'ai fait ?
-Vous l'avez tué ?
-Oui.
-Ce n'est pas la même chose. Je ne peux pas tuer mes parents parce que je ne suis pas assez bien pour eux.
-Tu sais ma fille. Déclare t'il en se levant. La personne que je vois devant moi est une gamine qui a la rage de vivre. Peu importe ce que tes parents veulent que tu sois. Sois qui tu as envie d'être. Tu veux être spécialiste du comportement humain soit le, tu veux être un simple employée de bureau soit le, tu veux être une tueuse soit le. Mais ne laisse jamais quelqu'un te dicter ce que tu dois être, tu m'entends ? Jamais. Ne regrette jamais tes choix. Tes choix font de toi la personne forte que tu es. Ne suis pas les choix de quelqu'un d'autre pour faire plaisir. Nous n'avons qu'une vie. Une vie qui peut s'arrêter à tout moment."

Je l'observe partir avant de boire mon verre cul sec. Il a foutrement raison. Mais malheureusement c'est eux qui me payent mes études et mon logement ainsi que mes vivres. Certes je suis plus que bien rémunéré pour m'occuper d'Enzo mais si ça s'arrête demain je me retrouverai sans argent. Même pas boursière en vue des revenus de mes parents. Je suis coincé. Je soupire et attrape mon cellulaire.

___

De : Emily
A    : Papa

Oui vous avez raison. Je m'excuse.

___

Je déteste ce sentiment de honte que j'éprouve.

"-Est ce... Est ce que ça va ?

Je sursaute voyant le brun à même un mètre de moi. J'étais si perdu dans mes pensées que je ne l'ai même pas entendu. Grosse erreur. J'envoie un petit sourire.

-Tu veux un câlin ?

Je ne peux m'empêcher de lui offrir un sourire franc tout en essuyant rapidement la larme qui commence tout juste à se former. Son air perplexe est si mignon.

-Qu'est ce que tu ressens ?
-On envie de tuer la personne qui te fait du mal.
-De la colère.
-De la rage. Et ça me pince là. Explique t'il en montrant son coeur.
-J'ai une bonne nouvelle pour toi.

Sa tête s'incline fronçant des sourcils.

-Tu n'ai pas un psychopathe Enzo.
-Ah non ?
-Tu ressens de l'empathie, de l'amour. Un psychopathe ne peut pas ressentir ces émotions là. Tu n'as pas de détachement émotionnel du moins... Pas totalement, tu culpabilises et tu as des remords. Certes tu as une irresponsabilité et des comportements impulsifs mais tu as été enfermé toute ta vie, torturé et bourré de médicaments. Tu n'as pas pu être un enfant, on t'a refusé ce droit. J'ai plus l'impression que tu as été choisie pour mener des expériences. Et que toutes les excuses étaient bonnes pour te garder enfermée et te maltraiter. Au lieu de traiter le problème de dédoublement de personnalité, ils en ont inventés d'autres pour manipuler ton père et avoir accès à des financements. Tu n'ai pas un psychopathe Enzo.
-On ai un peu près normal alors ?
-Oui. Il faut juste qu'on trouve le bon traitement. Et que tu apprennes à gérer tes tempêtes émotionnelles et tes crises de colère.

Ses yeux qui brillent me réchauffent le cœur, le brun parcourt rapidement la distance entre  m'emprisonne dans ses bras en sautillant me faisant rire. Sans le savoir il me remonte le moral.

"-Qu'est ce qu'il se passe ici ?
-On n'est pas un psychopathe maman ! Il nous manque une case mais on n'ai pas un psychopathe ! S'écrit-il en se retournant vers sa mère.

Elle va pleurer.
Son regard est si bienveillant et rempli d'amour envers son petit. C'est impressionnant l'amour qu'elle dégage pour son enfant.

-Non ne ho mai dubitato amore mio... ( Je n'en ai jamais douter mon amour...)"

Son fils me libère pour aller rejoindre les bras de sa mère. C'est si émouvant. Mon regard est attiré par du mouvement dans la maison. Son mari est là. Il a tout entendu. Que ressent-il ? S'en veux t'il ? Ou est-ce qu'il est toujours persuadé que son enfant est un danger pour la famille ? Sans le vouloir, pensant faire le mieux pour tout le monde, il a aidé à le briser. Enzo est brisé. Tout est à recoller chez lui. Il a été l'enfant à qui on a appris à taire ses émotions alors maintenant il le ressent ×100, il faut maintenant qu'on apprenne à les réguler. A lui apprendre ce qui est normal et inadmissible même si on a fortement envie de tuer quelqu'un. Que les pensées intrusives sont normales et qu'on peut aimer plusieurs personnes de manières différentes. Et que la douceur et l'amour nous aident à aller mieux.

EmilyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant