Chapitre 38 : William Wilfrey

544 46 8
                                    

Lendemain : Dix heures vingt huit.

Un bruit assourdissant des plus désagréable parvient à mes oreilles m'extirpant de mon rêve. La couverture autour de mon corps se fait ressentir. Je prends le temps de réaliser où je suis en ouvrant l'œil avant que les événements de la veille me viennent en mémoire.

Est-ce H qui sonne ?
Non. Il serait rentrer sans en respecter une quelconque intimité.

Je grogne en me levant du lit. Je m'empresse, de mon corps engourdie, d'ouvrir la porte à l'individu qui sonne.

Je suis accueillie par un homme, du room-service. Son tablier noir, cache ses vêtements d'un blanc étincelant. Ses cheveux bruns plaqués en arrière. Aucun détail n'est laissé au hasard. L'homme de son allure droite et conventionnel m'offre un sourire poli.

Mon regard se dirige vers le charriot qu'il tient de ses mains. Un déjeuner des plus grandioses est sur ce plateau d'argent. L'un des plus beaux et grand déjeuner que je n'ai vu de ma vie.

Café.
Thé.
Fruits.
Crêpes.
Céréales.
Viennoiseries.

- Monsieur m'a demandé de vous livrer le petit déjeuner. Il m'a également donné ça dit-il en sortant une feuille de son tablier.

Je fronce les sourcils, les yeux encore à moitié fermés et le cerveau encore éteint. Il me tend ce papier blanc en poussant le charriot à l'intérieur de ma chambre et me fait une légère révérence avant de s'éclipser et que je n'ai le temps de le remercier. J'ouvre le petit bout de papier après avoir fermé la porte.

« Mange, je ne reviens qu'en fin de matinée. Ne sors pas de l'hôtel.
Ps : N'essaie pas de demander mon identité, le service est à ma merci »

Je ne peux m'empêcher de rire d'un rire y mélangeant sincérité et amèrement.

Je sais ce qu'il est en train de faire.

Les choses sérieuses se passent sans que je ne sois là. Il ne veut pas que j'en fasse partie et c'est ce qu'il se passe. Et je n'ai rien pour y remédier.

Je ne sais pas où il est.
Pas de numéro de téléphone.
Pas d'adresse.

Et son identité à vrai dire, ça, j'ai cessé de vouloir savoir qui il était, comprenant que cette quête était une cause perdue. Pourtant je ne suis pas du genre à baisser les bras. Mais H est tellement prêt à tout que je doute que je puisse un jour savoir son, vrai, prénom.

Il a bloqué un ascenseur juste parce que je ne l'ai pas regardé. Alors si il ne veut pas que je sache son prénom, je me demande ce à quoi il est prêt à faire.

Pourquoi tant de mystère ? Ça, c'est une question où je n'aurai sûrement jamais la réponse.

Fermant donc ce bout de papier, je me concentre sur le plateau divin devant moi. Je m'assois sur le lit, bien plus petit, mais restant d'une taille raisonnable, que celle de sa chambre et allume la télé.

Le programme en italien que la télé me propose devient rapidement un bruit de fond lorsque ma tasse de café se pose délicatement sur ma bouche. Cette nuit m'a permit de cogiter longuement sur l'épisode de la veille et de son comportement. H n'est pas du genre à se remettre en question. Jamais.

VengeanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant