grand départ

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Maddy

C'est avec nostalgie que je prends soin d'emballer mon dermographe dans du papier bulle avant de le placer dans une malle en acier. Il m'est précieux. C'était celui que Joe utilisait et qu'il m'a offert en partant. Pour moi il n'y a pas bijoux plus précieux. Je pourrais tuer quiconque tenterait de s'en approcher, c'est pour dire. Les dessins et photos une fois ôtés des murs donnent un aspect triste au local. Il a perdu son âme. Son créateur étant parti, la plupart de ses chefs d'oeuvre enlevés, il ne reste plus rien du "bébé" dont Joe était si fier. C'est le coeur lourd que je pars à l'arrière empaqueter ma guitare et mes partitions. Nous n'enlevons que ce qui a de la valeur à nos yeux, le reste étant super flux . Il a déjà fallu faire le tri dans nos affaires pour le voyage, la plupart des meubles d'étant retrouvés dans un entrepôt que nous a gracieusement prêté le Club, nous assurant de la sécurité des lieux et que cela ne les dérangeait pas. Par contre chacune de nous emporte son moyen de locomotion. Une remorque au derrière pour chaque quatre roues, une pour mon bébé accrochée au van de Sia, une pour nos bagages et le matos accrochée à Kate. Nous pourrons nous relayer ainsi même si je ne me sens pas à l'aise au volant je ferais une exception pour une fois.

En effet 3900 kilomètres nous attendent pour rejoindre Joe, soit 39 heures de route. Nous avons décidé de les étaler sur cinq jours à raison de huit heures de route par jour. Les clés de l'appartement ont déjà été rendues ce matin. J'ai eu la surprise de croiser ma mère dans le hall. Elle était là à contempler le sol et à relevé la tête en entendant le ding de l'ascenseur. Les yeux rougis, le teint pâle, elle m'a fait de la peine. Un petit pincement au coeur est venu me prendre par surprise. C'était tout de même ma mère, celle qui m'avait aimé comme elle avait pu durant toutes ces années. Puis je me suis rappelée son attitude la dernière fois que je l'avais vu. J'étais repassée à l'appartement faire mes adieux à Anita, prenant bien soins que mes géniteurs soient absents à ce moment là, donc ne l'avait revu depuis le dîner d'il y a un mois. Je me rappelais qu'elle n'avait pas bronché à l'ordre de mon daron et à ses propos. Aucune action pour tenter de faire entendre sa voix et raison à mon vieux. Je lui en voulais! Alors quand elle s'est approchée maladroitement et qu'elle a tendu sa main en direction de ma joue j'ai tourné la tête. Son bras est  retombé le long de son corps.

-tu m'en veux, a-t-elle soufflé, et je le comprends. J'aurai aimé être plus forte pour pouvoir m'opposer à lui, crois moi. Toi tu l'es ma fille. Je crois en toi! vis ta vie ma chérie et sois heureuse c'est tout ce que je te souhaite! finit-elle dans un sanglot.

Malgré ma rancoeur, ses mots m'ont touché. Dans un élan que je n'ai pas retenu, je l'ai serré contre moi un long moment.

-je t'aime ma chérie, n'en doute jamais. m'a-t-elle dit en larmes.

Une goutte d'eau a dévalé ma joue. Je l' ai embrassé tendrement.

-je t'aime aussi ,je lui ai soufflé au creux de l'oreille.

Et je le pensais sincèrement. Puis je lui ai tourné le dos pour me rendre au salon. Putain de connard qui me fait abandonner tout ce que je connais sous prétexte qu'il a décidé de diriger ma vie. Une fois les affaires au local réunies et rangées avec l'aide de Sprinter et quelques uns de ces frères, je ferme symboliquement ce lieu de passion et rend les clés au propriétaire.

-mangez bien surtout ! j'espère que vous vous étoufferez avec vos pizzas! je lui crache en lui tournant le dos.

Je lève les yeux et repère de l'autre côté de la rue, le client à l'encre triballe tatouée un mois plus tôt qui m'avait mis mal à l'aise. Je fronce les sourcils. Il est dans un coin et observe le salon de loin. Qu'est-ce qu'il peut bien foutre ici? si c'est pour une réclamation, désolé mon p'tit père, t'arrive trop tard pour ça! Décidant de ne pas m'y arrêter , nous faisons nos au revoir aux gars nous ayant apporté leur aide. Sprinter m'attire à lui et ses lèvres viennent se fracasser sur les miennes pour un au revoir douloureux. Je sens dans ce baiser sa frustration et sa tristesse à me laisser partir. Je me recule et souffle.

THE HOUNDS OF HELL: MADDY  ET CHAYTON / TOME 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant