Dorian
Je me suis encore enfui face à la critique acerbe de mon père. J'en ai tellement l'habitude que, par automatisme, je suis parti faire exactement ce que le boss exigeait de moi. C'est bien plus tard que je réalise que j'ai laissé Daryl en plan. Il n'y a aucun doute dans ma tête qu'il n'arrivera jamais à passer par-dessus un tel affront. Je devrais oublier la sortie qu'on a prévue après les qualifications. Une autre déception dont je dois encore remercier mon père.
J'arrive auprès de Lana et Brandon qui discutent avec le motard d'hier soir que Daryl a surnommé Papi. Il s'est vêtu un peu plus classe aujourd'hui. On dirait presque qu'il s'est mis sur son trente-et-un pour ma petite sœur. Je fronce les sourcils. Aurait-il des vues sur elle. Ce type doit avoir au moins quinze ans de plus que ma cadette.
— Dorian ! s'écrie Lana avec inquiétude. J'ai bien cru faire un arrêt cardiaque quand tu as dérapé dans le virage en épingle. Qu'est-ce qui s'est passé ?
— Tes modifications ont rendu la voiture trop puissante, tenté-je de répondre en riant juste assez pour qu'elle croit à mon mensonge. Lorsque j'ai accéléré en fin de virage, elle s'est un peu trop emballée.
— Ah ! Ça, je t'avais bien dit que tu aurais de la nitro entre les mains ! Alors les réglages étaient trop réactifs ? Tu crois que je devrais revenir sur les anciens ?
— Non ! C'était parfait ! Je vais m'adapter.
— Tant mieux, lover boy, je n'aurais pas aimé que tu sois en colère contre Pascal. Tu sais, il m'a aidée en pensant bien faire, me dit-elle en tournant le regard vers Papi.
Pascal est donc le prénom de cet homme. Donc, il doit être le Pascal Pirelli noté sur la carte d'affaires que j'ai trouvée dans le sac à main de Lana. Mais oui, son pseudonyme est exactement les deux premières lettres de son prénom et de son nom de famille.
Je me dois quand même de le remercier pour les conseils qu'il a donnés à ma sœur. La voiture était au top, ce matin. Étant donné que ma main est blessée, je me contente de quelques paroles.
— Vous avez fait du bon boulot, Monsieur Pirelli.
— Pirelli ?
La voix de mon père résonne derrière moi. Il a revêtu son ton mielleux qu'il dévoile à nos plus grands partenaires. Je croise les yeux de Lana alors que papa tend la main vers Pascal. Elle a compris son attitude de lèche-cul et elle me sourit avec malice. Cela m'indique qu'elle va faire marcher notre père. Pendant ce temps, il a attrapé la main du pauvre mécano.
— Vraiment enchanté de compter un Pirelli dans notre stand. La journée est à votre convenance ?
Pascal fronce un peu les sourcils puis acquiesce tout en lissant la tresse de sa barbe. D'ordinaire, papa ne porterait aucune attention à ce genre de personne, mais nous avons tous les deux compris qu'il le prend pour un membre de la famille Pirelli, celle qui fournit les pneus à la moitié des coureurs. Je cache mon amusement face à la honte qu'il va se prendre en réalisant que les Pirelli ne font plus vraiment partie des actionnaires. C'est Lana qui l'enfonce dans sa fausse théorie en le présentant.
— Monsieur Charles Firsten, grand patron de l'écurie Firsten, voici Pascal Pirelli, un de mes plus précieux collaborateurs. Il m'a fourni ses innombrables connaissances afin de permettre à Dorian d'accomplir un petit miracle pour son premier tour de qualification.
— C'est vrai ? Quelle joie de pouvoir enfin mettre un visage sur un homme aussi renommé que vous ! s'exclame-t-il avec sincérité. Je n'ai jamais vu mon fils foncer aussi vite.
— Ah ! Ça m'a fait plaisir, répond le quadragénaire de plus en plus nerveux. Je n'ai fait que fournir...
— Évidemment ! le coupe mon père. Vous ne pouviez pas trouver meilleure écurie. Venez donc vous asseoir au bureau, nous pourrons discuter affaire avec Brandon. Je suis certain que nous trouverons une entente qui va satisfaire tout le monde.
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Burn out
RomanceQuand le grand champion automobile Dorian Firsten, étouffé par l'emprise d'un père tyrannique, rencontre le pilote de Superbike Daryl White, sa vie s'en trouve complètement chamboulée. Face à ce qui l'entoure, le jeune motard n'est que joie de vivre...