Chapitre 27

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Daryl

La nuit est tombée pendant que nous mangions. Notre hôtel est encore à quelques minutes et il fait froid comme ce n'est même pas permis. S'il y a quelque chose qui m'insupporte, au Canada, ce sont bien les sautes d'humeur de Dame Nature. Un jour on cuit sous les rayons du soleil et le lendemain, on se demande si des flocons ne descendront pas du ciel. C'est une chance que nous soyons protégés par nos vêtements de cuir !

Il y a quelques années, j'ai taquiné l'un de mes adversaires qui a avoué avoir installé des poignées chauffantes sur sa moto. Je l'ai fait tourner en bourrique pendant des semaines pour sa faible constitution. Évidemment, c'était pour rire et il ne m'en a jamais tenu rigueur. Ce n'est qu'aujourd'hui que je réussi à comprendre le point de vue de ce Canadien. Je vais devoir lui faire des excuses car, en ce moment, je paierais facilement le double de ce qu'il a déboursé pour en avoir.

Au loin, je vois l'édifice qui nous abritera cette nuit, ravivant ainsi l'espoir que mes mains ne se craquelleront pas lorsque je tenterai de les détacher de mes poignées.

Quant à Dorian, il s'est fusionné à mon dos depuis plusieurs minutes. Sur le moment, cela m'a réchauffé, mais le bloc de glace que je suis a eu tôt fait d'atteindre mon petit ami que je sens autant frissonner que moi. C'est un véritable soulagement d'arriver au centre-ville, là où l'air commence à se réchauffer.

Il était temps !

J'apprécie même les feux rouges puisque cela implique qu'il n'y a plus de vent qui s'incruste à l'intérieur de nos manteaux.

Dorian est né sous le soleil de la Floride et moi du Texas. Un climat aussi glacial en plein mois de juillet nous est inconnu. Il resserre ses jambes sur les miennes, dans le but probable de trouver les miettes de chaleur qui me gardent toujours en vie.

Je capitule ! Je suis une mauviette.

À présent, je prendrais sans hésiter la bonne soupe réconfortante de Papi. Un vrai climat nordique, ce pays ! Plus froid encore que le Groenland.

J'exagère peut-être un peu, mais je n'ai jamais eu aussi hâte d'atteindre une destination que celle de ce soir.

Un écriteau nous laisse savoir que nous arrivons enfin. Dieu soit loué ! Je ne me ferai amputer que les pieds. J'entends Dorian s'exciter en voyant l'hôtel, ce qui me confirme que je ne suis pas le seul à vouloir passer ma nuit dans un sauna, à espérer que mes cheveux ne tomberont pas sous le froid qu'ils ont supporté.

Tout est bien organisé. L'hôtel accueille toujours les coureurs car il est près de l'événement et offre la moitié de ses profits à la fondation. Les gens me reconnaissent car je viens ici depuis que j'ai les fonds nécessaires pour y participer. Avec le temps, j'ai réussi à obtenir de meilleures chambres. Aujourd'hui, après des années d'attente, je reçois enfin celle que je convoite depuis le début. La suite du dernier étage nous attend.

À peine rendus dans nos quartiers, j'accours jusqu'à la grande fenestration qui révèle une magnifique vue du circuit sur lequel je m'amuserai demain. Je suis aussi excité qu'un gamin, léchant presque la baie vitrée.

Derrière moi, Dorian a ouvert la chambre principale. Je l'entends défaire le lit. Intrigué, je me dirige vers lui, mais il ressort avant que je ne le rejoigne. Mon chaton s'est emmitouflé dans la couette.

— J'ai bien cru que je n'allais pas survivre à notre dernière demi-heure de route ! s'exclame-t-il en se jetant sur le canapé.

— M'en parle pas, j'ai peur d'aller pisser. Ça pourrait bien sortir en glaçon.

Il rit pour la forme tout en frissonnant sous la couverture. Je lui quête un bout de son trésor et m'installe tout près de lui afin de nous coller. Il est bien connu que deux corps qui se touchent se réchauffent mutuellement. Les bras de Dorian passent autour de mes épaules et je viens me blottir tout contre son torse. Cet endroit est de loin le plus confortable qui puisse être.

Burn outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant