Daryl
Je ne sais pas ce qui se passe, mais je vois très bien que le tourment qui accable Dorian ne peut pas être réglé en quelques heures. Ses sanglots m'arrachent le cœur, ce qui me fait adopter une attitude réconfortante. Ma main passe doucement dans son dos alors que l'autre brûle d'envie de s'insinuer une nouvelle fois dans ses cheveux. Cela étant dit, j'ai la force de résister et me décide plutôt pour le garder auprès de moi dans une étreinte qui se veut rassurante.
Parfois il se calme, parfois ses pleurs redoublent d'intensité. C'est si difficile de le sentir aussi vulnérable entre mes bras. Au plus profond de moi, je ressens l'urgence de trouver ce qui pourrait l'aider à aller mieux. Lentement, un plan germe dans mon esprit tandis que je le berce. Bien que cela n'aidera pas pour ce soir, le concept pourrait cependant lui changer les idées quelques heures et ainsi lui faire oublier ce mal qui semble le ronger de l'intérieur. Je n'ai aucun doute que Carlos ne s'en plaindra pas ; il faut juste que je l'avise afin qu'il comprenne pourquoi je fais tout ça.
Au moment où Dorian semble un peu mieux, je lui offre de dormir ici sans vraiment le faire. Je ne veux pas lui donner d'ordre, son père est excellent dans ce domaine. Pas de oui, pas de non, je n'attends aucune réponse. S'il veut rester, ce sera sa décision, bien que j'espère de tout cœur qu'il me choisira ou du moins qu'il préférera être ici.
En arrivant dans l'autre pièce, je m'assure que ce que j'ai planifié ne dérangera pas mon coéquipier.
— Tu sais, notre journée de saut à l'élastique de demain, soufflé-je à Carlos qui commence à remplir l'évier pour faire la vaisselle, je crois que je vais amener Dorian.
— Dios mio, Gracias !* J'espérais qu'il pleuve ou qu'un tremblement de terre rendrait les installations inutilisables. Tu ne sais pas à quel point je lui cède la place avec gratitude.
Il s'agenouille et prend mes deux mains pour les embrasser l'une après l'autre.
— T'es qu'un trouillard, Carlos !
— Et alors, je choisis sans hésiter de rouler à l'horizontale plutôt que de plonger à la verticale. On n'a pas tous ton impulsivité.
— Oui, tu as raison, réponds-je pensif. Est-ce que tu crois que mon beau brun aura assez de cran pour sauter avec moi ?
— Difficile à dire, vu son état, mais s'il est aussi téméraire que pendant sa course d'aujourd'hui, ça ne devrait pas être un problème, à mon avis.
— Ouais... Avant tout, je crois que je vais l'emmener dans une réserve indienne pas très loin de là, question qu'il retrouve ses repères. Notre saut est en après-midi, ça devrait être faisable.
Carlos acquiesce, toujours à genoux. Je trouve que sa position est amusante puisqu'il a sa tête à hauteur de ma ceinture.
— Tu es certain que tu n'as pas une toute petite tendance gay ? Ta posture est plus que suggestive. Je vais bientôt pouvoir t'appeler Doña** Carlita.
— Tu n'as que cette idée en tête, grogne-t-il en se relevant. Les femmes sont tellement plus attirantes que toi, débile profond.
J'éclate de rire à cette remarque plutôt dure à mon endroit. Ce n'était que pour le taquiner, et il le sait. Sauf qu'à force de parler, on en a oublié l'eau qui déborde dans notre petit espace. Je ferme l'eau puis, nous nous éclaboussons l'un l'autre tout en tentant de nettoyer, et le plancher, et la vaisselle. Bien que nous essayons tout de même de rester discrets, Papi n'est pas là pour arrêter nos enfantillages. Je crois bien l'avoir déjà dit, je suis plus vieux que Carlos, mais je peux parfois rivaliser avec de jeunes adolescents. Sans mon père de cœur, les choses peuvent très vite devenir incontrôlables. Ce soir, par contre, je tâche d'être un peu plus sage. Dorian a besoin de repos et nos cris pourraient le déranger.
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Burn out
RomanceQuand le grand champion automobile Dorian Firsten, étouffé par l'emprise d'un père tyrannique, rencontre le pilote de Superbike Daryl White, sa vie s'en trouve complètement chamboulée. Face à ce qui l'entoure, le jeune motard n'est que joie de vivre...