Chapitre 31

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Daryl

Les spectateurs sont arrivés entre le moment où je me suis éclipsé en compagnie de Papi et mon retour sur le terrain avec ma tenue de course. Celle-ci est vert lime et arbore les logos de mes commanditaires dont certains n'ont pas participé aux fonds obligatoires pour mon inscription. Malgré tout, ils sont des partenaires précieux qui me permettent de vivre de mon sport. Cela ne me dérange donc pas de les afficher, surtout qu'ils sont de potentiels donateurs sur lesquels j'aurai un levier de plus pour les inciter à s'impliquer l'an prochain.

J'arrive auprès de Papi et Carlos qui m'encouragent à grands coups sur l'épaule et dans le dos. Évidemment, j'aimerais que Dorian soit là, mais les règles sont ainsi faites pour cette course : aucun individu autre que le mécanicien et un technicien. Bon, c'est vrai que Carlos n'est pas technicien, mais il fera l'affaire. Ce n'est pas comme si les autres ne l'avaient jamais vu. Dès que mon casque est attaché, je passe une jambe par-dessus mon bolide et viens la camper au sol afin de bien soutenir la moto. J'ose un regard vers les estrades, à la recherche de mon sweat rouge. Aussitôt, mon chaton se lève et crie des encouragements avec ses mains en porte-voix. Cette démonstration de solidarité me prouve à quel point Dorian est à fond. Il tire même sur le chandail de Lana qui est forcée de le suivre. Sans surprise, elle ne se prive pas d'ajouter sa voix claire à celle de son frère qui est quelques octaves plus graves. Malgré le coup d'éclat de Jack, elle a gardé le moral.

Je n'ai jamais vu une famille aussi unie dans l'adversité. Ce duo qui sautille dans les gradins vit de si durs moments, et pourtant, ils réussissent à s'amuser. Oh ! Je ne suis pas dupe, leur boucan ne va pas me faire oublier que Dorian a besoin de soins. Ce matin, j'ai passé un coup de fil à ma grande amie, Jenny. Nous avons vécu dans la même famille pendant près de 3 ans. Bien qu'elle soit ce qui se rapproche le plus d'une sœur à mes yeux, il est impossible de comparer son physique à celui de Lana. Quand celle-ci a de longs cheveux presque noirs, Jenny a une coupe au carré d'un blond presque blanc. La cheffe mécanicienne détient des yeux très sombres alors que ma sœur porte le ciel dans ses superbes iris. Jenny me dépasse de quelques centimètres et avec son métier de psychologue, elle revêt toujours des tailleurs de marque. En définitive, nos sœurs n'ont rien en commun, de totales opposées, tout comme Dorian et moi.

Jenny m'a promis de passer la fin de semaine en notre compagnie. Comme ça, elle pourra connaître Dorian et le référer à l'un de ses collègues. Elle m'a expliqué qu'il n'était pas question pour elle de prendre mon petit ami comme client car elle risquerait gros pour sa carrière. « Ce n'est pas éthique », qu'elle dit. Du coup, elle va analyser un peu ce qui se passe quand Dorian est près de son père, mais ce n'est que pour lui trouver le meilleur thérapeute. Elle a même suggéré de faire venir Charles à l'une des rencontres... Cette idée a rapidement été mise de côté quand mon beau brun a refusé que le grand patron sache qu'il voit quelqu'un.

La crainte... Je deviens excellent pour la déceler dans les yeux de mon chaton. Il a cette aura énigmatique pour cacher le vrai lui, l'homme joyeux qui me fait de grands signes d'encouragement depuis les estrades.

Dorian est si enjoué aujourd'hui que même si je cours pour mes parents, j'espère gagner pour qu'il profite pleinement de la vie et du simple bonheur d'être libre de faire ce qu'il veut. S'il souhaite manger un hot-dog, il le fera. S'il préfère m'embrasser devant l'assistance toute entière pour me féliciter de ma victoire, je lui répondrai avec joie. Tout cela, il le fera, car je veux voir ses yeux briller. Cette journée, elle est bien plus pour lui que pour mes parents.

Je vais gagner pour Dorian. Oui, il va redécouvrir toutes les joies qui viennent avec un trophée au lieu de rester prostré dans sa chambre d'hôtel.

Les officiels s'installent de chaque côté de la piste pour laisser les motos se ranger le long de la ligne de départ. À la différence des voitures, nous partons tous sur un pied d'égalité. Jack est à trois motos à ma droite. Bien que nous soyons sur la même rangée, je sais qu'il n'a pas la meilleure place. Il se retrouvera vite poussé vers l'extérieur dans le premier virage. Tirage au sort oblige, il n'a rien pu contesté. D'ailleurs, j'étais prêt à monter aux barricades s'il osait dire un seul mot. Après la honte qu'il a provoquée tout à l'heure, j'ai comme l'impression que je ne serais pas le seul à lui remonter les bretelles bien comme il faut.

Burn outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant