Chapitre 33

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Dorian

La transmission d'une voiture n'a rien à voir avec celle d'une moto. Voilà près d'une demi-heure que Daryl essaie de m'apprendre comment changer les vitesses sur l'engin de Carlos.

— Putain ! Je vais tout foutre en l'air !

Cela m'exaspère de ne détenir aucune dextérité face à un si petit bolide. Je tente du mieux que je le peux de retenir ma frustration, mais en ce moment, je pense plutôt à retourner sous la couette de notre lit et ne plus jamais en sortir.

— Ne t'en fais pas, Papi va la remettre en ordre en un rien de temps.

Daryl est d'une patience à toute épreuve. Je ne l'ai pas encore entendu souffler d'exaspération, ni même se passer une main dans les cheveux. Un vrai petit ami au soutien indéfectible, encore une fois.

— C'est facile à dire, ce n'est pas ta moto que je détruis à petit feu.

— Tu vas y arriver, beau brun. Ce n'est qu'une question de temps.

Je soupire de désespoir tout en jurant que c'est ma dernière tentative. Cela ne sert à rien de s'échiner sur cette machine du diable. Ma main gauche actionne le levier d'embrayage puis, je descends la pédale pour entrer la première vitesse. Par la suite, il faut relâcher le levier en douceur afin que cette foutue moto avance. Ces gestes, je les reproduis sans succès depuis ce qui me semble une éternité. Mes attentes sont donc presque inexistantes. Selon ma très courte expérience, elle va étouffer de nouveau, mais contrairement aux autres fois, la Ducati commence à se déplacer.

— Vas-y ! m'encourage Daryl, passe la deuxième vitesse !

Je m'exécute et c'est là qu'il démarre son propre bolide pour me rejoindre alors que je glousse de plaisir face à mon exploit. Malgré ma piètre performance, mon ange n'a pas cessé une seconde de me donner des conseils. Seul un amoureux de la moto pouvait réussir à trouver les mots pour que je passe par-dessus tous les échecs des dernières trente minutes.

Puisque je suis inquiet que l'engin s'éteigne, je pars sans prendre le temps de mettre un casque. De toute manière, à la vitesse où je vais, le danger est à peu près nul.

Le vent entre en contact avec mon épiderme, ce qui me semble étrange, moi qui ai toujours senti une oppression dès que je m'installais dans mon véhicule. Je réalise que je suis beaucoup plus libre de mes mouvements et me mets à rire à gorge déployée en ressentant cette liberté que je n'ai pas l'habitude d'éprouver. Daryl se rapproche pour me donner encore quelques conseils. Maintenant que la moto est en route, je suis bien plus à l'aise. Mes premier virages sont hésitants, mais c'est sans compter sur ma ténacité.

Nous n'allons pas à une vitesse hallucinante étant donné qu'il continue à me donner des explications. J'écoute d'une oreille attentive afin d'augmenter de façon graduelle la vélocité de la moto. Je m'amuse comme un fou, incapable de m'arrêter tellement la sensation est bien plus grisante qu'en NASCAR. Daryl a aussi ce regard enfantin qui le rajeunit encore plus que moi. Sa passion est évidente et très communicative. J'accélère un peu pour voir ce que je suis capable de faire puis j'entre dans un virage en me rappelant de chaque étape afin de pencher la Ducati sans la faire dévier de la piste. Lorsque je sors de la courbe sans une égratignure, j'ai la sensation d'être invincible. Cette nuit a mal débutée, mais je dois avouer que j'ai oublié toutes mes angoisses au contact du vent qui fait virevolter ma chevelure tout en plaquant quelques mèches dans mon cou et sur mon front.

Si mon amant croit que je vais m'arrêter, il se trompe. J'adore pouvoir rouler à ses côtés tout en ne me sentant pas étouffé. Daryl ne semble pas s'offusquer de ma détermination à continuer. Au contraire, il fait quelques tours à haute vitesse, tandis que je m'adapte à la Ducati. Il sourit toujours un peu plus à chaque fois qu'il me rejoint, n'ayant plus, ni l'un ni l'autre, la notion du temps. Ce n'est que lorsque la moto de Carlos commence à rouspéter par manque de carburant que nous sommes obligés de nous arrêter. Heureusement, je réussi à me rendre jusqu'à la remorque avant d'être contraint de pousser l'engin sur la piste.

Burn outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant