Chapitre 44

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Dorian

Je ne suis qu'à un jour de ma première course depuis que papa est décédé. J'ai eu le temps de me porter modérateur entre mon frère et ma sœur. Ceci dit, je n'étais là que pour la forme, cela s'est passé dans le calme et l'harmonie. Rien de comparable avec ce que je vivais en permanence avec papa. Sans une once de regret, Lana et Brandon m'ont laissé le terrain du lac de notre enfance. J'avoue que je suis plus vieux et que leurs souvenirs sont peut-être un peu moins vifs que les miens.

Contre toute attente, c'est Lana qui a hérité de l'écurie Firsten. Maintenant qu'elle ne travaille qu'à temps partiel en tant que mécanicienne, elle porte plus souvent ses tailleurs qui lui donnent un air encore plus redoutable que lorsqu'elle tient une clef à molette dans ses petits poings. Elle n'a pas su se résoudre à abandonner son coffre à outils, alors ce sera intéressant de voir comment elle va s'en sortir. Je l'en sais capable.

Quant à Brandon, il a récupéré les terrains ainsi que les immeubles que papa détenait. Il y en a dans toute l'Amérique du Nord. Pour cette raison, il a décidé de continuer son travail au sein de l'écurie et pourra ainsi profiter de ses voyages pour aller vérifier l'étendue de ses nouveaux biens.

Nous avons aussi fait le tri dans les effets personnels du grand Charles Firsten. Avec tout ce qu'il avait, on pourra en faire un musée à Las Vegas, là où il a terminé vainqueur pour la toute dernière fois. C'est, selon tous les points de vue, l'endroit qui sera le mieux placé pour accueillir ses nombreux items. Ils seront loin de chacun d'entre nous tout en étant dans une ville qui l'a acclamé.

Aujourd'hui, je suis désigné pour m'occuper de faire le ménage dans son ordinateur portable puisque Lana est prise par tous les papiers à signer et Brandon par le départ de sa douce Rhoda. Alors, je suis assis dans mon lit, à me convaincre que tout va bien aller et que ce n'est que de la paperasse à effacer ou à transmettre à mon frère ou ma sœur.

Je clique sur le premier icône de l'écran d'accueil et parcours chacun des sous-dossiers. Je n'y découvre que des documents en lien avec ses acquisitions ou l'écurie. Je glisse donc les noms de ses plus importants collaborateurs avec leurs coordonnées dans un courriel dédié à ma fratrie puis, je continue à parcourir les icônes pendant quelques minutes lorsque je tombe sur le dossier photos. Elles ne sont pas très nombreuses, mais tout en bas, dans les plus vieux dossiers, je vois un fichier sans nom où un simple coeur prend la place du titre. C'est étonnant, car ce n'est pas le genre d'idée que l'on peut se faire de papa au premier abord. J'ouvre donc et arrive sur d'autres fichiers dont l'un porte le nom «Famille». Sans hésiter je vais assouvir ma curiosité et découvre quelque chose qui m'étonne encore plus que le fait d'avoir tout légué à maman.

Il a gardé toutes nos photos de voyages. Je le vois qui embrasse maman sur la joue tandis qu'elle prépare un repas improvisé sur une table à pique-nique. Je suis aussi dans plusieurs d'entre elles, dont une où il me porte sur ses épaules devant le château de Disney. Nos sourires ne mentent pas, on s'amusait vraiment ensemble. Je respire profondément et envoie cette photo dans mon propre courriel. C'est à ce moment que j'éclate en sanglots. Mon patron est mort il y a quelques semaines, mais mon père, je ne l'avais pas encore réalisé. C'est papa qui est sur cette photo, celui dont je veux me souvenir, celui que je n'aurai plus jamais l'occasion de retrouver.

Ce père, il me manque terriblement.

Je ne comprendrai jamais pourquoi il nous a tous abandonnés comme il l'a fait. Il avait une belle vie. Nous avions une belle vie.

Les yeux rougis et la gorge nouée, je continue à découvrir ce que papa cachait. La date de la dernière ouverture ne ment pas, il les a regardées tout juste la veille de sa mort. Peut-être que c'est ce qui le faisait enrager, de voir combien nous étions beaux et heureux. Je ne me l'explique pas. Finalement, je vais tout envoyer à ma famille, même à maman. Ils n'auront qu'à détruire ce qui concerne papa. Pour ma part, je vais tout garder, c'est lui le père que j'ai eu.

Burn outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant