XXIII
Pour la carotte, le lapin est la parfaite incarnation du mal (Je sais plus c'est de qui)
Zo Beth était probablement en train de faire une soupe lorsque le blizzard fit battre la porte contre le mur avec un fracas d'enfer et que deux silhouettes s'effondrèrent à l'intérieur dans un sanglot hurlant.
Je dis « probablement », car Zo Beth n'était pas le genre de femme à faire de la soupe. Elle était probablement incapable de faire un plat correct, en vérité. Elle se nourrissait presque exclusivement de sandwiches horribles à à peu près tout, qu'elle garnissait du contenu variable des placards suivant un schéma improbable d'équilibre nutritionnel.
Malgré tout, c'était l'heure où on aurait pu s'attendre à ce qu'elle fasse une soupe.
Zo Beth, donc, faisait probablement un soupe.
Le fracas de la porte contre le mur lui fit lâcher son sandwich aux restes qu'elle grignotait assise en haut d'une armoire, empaquetée dans un vieux plaid moche que son mari lui avait fait, parce que, comme chacun sait, il fait généralement plus froid en altitude, et Zo aimait se camper en haut des meubles pour mettre les gens mal à l'aise. Elle souffrait d'un genre d'anti-vertige, ou quelque chose d'approchant.
Zo sauta à terre et déboula dans le salon.
Deux silhouettes s'étaient effondrées sur le paillasson, l'une soutenant l'autre, dont la tête dodelinait sur le côté de façon inquiétante. La seconde, proprement et simplement, sombrait littéralement dans la panique. Les sanglots d'horreur emplirent l'espace. L'ombre tremblait. Plus de forces. Zo se précipita, ferma la porte d'un coup de pied et en écartant l'inconnu encore conscient retourna sur le dos d'une main impérieuse celui qui semblait avoir perdu connaissance, ou pire.
Le type était glacial, le visage très pâle, couvert de neige. Le second respirait peu, et très mal. Les larmes avaient gelé. Il était pourtant encore vif, pour quelqu'un que la neige a voulu tuer, et sa figure était toute tordue de chagrin vertigineux comme de colère. Zo fronça les sourcils, rajusta sa vieille veste et pressa un doigt contre le cou du premier homme. Le second se prit la tête entre les mains et se remit à respirer, comme s'il étouffait. Elle lui tapota l'épaule d'un geste machinal, l'air de n'en avoir rien à fiche, sans quitter le premier des yeux, le regard inquiet.
Trois secondes. l'autre pleurait sans s'en rendre compte. Le choc avait été puissant, à première vue.
Celui qui ne bougeait plus semblait prier.
Puis...
...elle écarquilla les yeux.
Son doigt pulsait.
« M... » commença-t-elle. « Oh, maëlbran. Vers la cheminée. Il va falloir m'aider. »
Une centaine d'expressions passèrent sur le visage de l'autre à une vitesse impressionnante — euphorie, choc, euphorie, choc, panique, soulagement, panique, soulagement, hystérie généralisée, contrôle des impôts — mais plus impressionnante encore fut la rapidité à laquelle il empoigna son compagnon sous les bras pour le tirer jusqu'à la cheminée qui crépitait. Les premières chaleurs arrachèrent un gémissement inconscient à la masse sombre du deuxième inconnu. Le premier, rouquin, l'air d'un enfant des bois, eut un hoquet d'émotion.
La neige doucement se mit à fondre et briller sur le visage de plâtre.
Puis...
...puis, brutalement, le corps se tordit, l'unique œil s'ouvrit dans un sursaut d'horreur, et avec toute la confusion possible une toux rauque lui monta de la poitrine.
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LA THÉORIE DU CHAOS - premier axe : 𝓁ℯ𝓈 𝒸𝒽𝓇ℴ𝓃ℴ𝓃𝒶𝓊𝓉ℯ𝓈
Pertualangan𝟒𝐞 𝐩𝐥𝐚𝐜𝐞 𝐚𝐮𝐱 𝐖𝐚𝐭𝐭'𝐜𝐡𝐞𝐞𝐫𝐬 𝐀𝐰𝐚𝐫𝐝𝐬 𝐏𝐮𝐦𝐩𝐤𝐢𝐧 𝟐𝟎𝟐𝟐 𝐜𝐚𝐭é𝐠𝐨𝐫𝐢𝐞 « 𝐚𝐯𝐞𝐧𝐭𝐮𝐫𝐞 » Jonathan Rivière avait bien d'autres plans pour cette journée tranquille que de finir embarqué dans une mission sauvetage désesp...