Chapitre 47

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Il s'assoit à l'opposé de là où je me trouve, c'est-à-dire au premier rang, tout à gauche. OK, je crois qu'on est tous les deux encore en rogne.

- Tiens, pour une fois que tu te mets devant, Aaron, devrais-je croire que tu es intéressé par moi ?

Le surveillant lui fait un clin d'œil bien gênant.

- Désolé, mais je n'aime que les filles. Et je te conseillerais de rester aux femmes toi, parce que tu ne sais vraiment pas draguer les mecs.

Je pouffe légèrement, le surveillant me lance un regard noir, et décide enfin de fermer sa gueule, quand il a compris qu'il est tombé sur deux personnes énervées, l'une contre l'autre, et que l'ambiance est donc aux disputes. Le beau garçon devant me jette un coup d'œil, faisant croiser nos regards et battre mon cœur. Mais je suis bien trop énervée pour continuer de le regarder. Je replonge la tête dans mes exercices de Français.

***

Cela fait maintenant vingt bonnes minutes qu'on est coincés ici, avec l'autre guignol de surveillant. Celui-ci commence à s'impatienter, ça se voit : il marmonne depuis tout à l'heure et son ventre ne fait que de gargouiller. Tout à coup, il se lève et se dirige vers la porte pour l'ouvrir.

- Bon, je meurs de faim, vous êtes trop calme et chiant, donc je m'en vais manger, si quelqu'un demande où je suis, vous lui dites que je suis aux toilettes.

Sur ce, il franchit la porte et la referme, nous laissant seuls, tous les deux, dans une salle. J'entends Aaron soupirer au loin. Je ne sais pas s'il compte respecter ce qu'il a dit, mais moi oui. Je n'en ai rien à foutre de mentir sur ça, et puis il n'a rien fait de mal, je le comprends, je crève aussi la dalle.

Les tic-tacs incessants de l'horloge retentissent dans toute la pièce. On entend aussi les voix de plusieurs personnes qui font écho dans le fond du hall, comme les voix lointaines qui provenaient de l'imagination d'un enfant. Mais il ne pèse tout de même, qu'un silence lourd dans cette salle. Pas un silence apaisant d'une discussion achevée, mais plutôt celui de deux êtres qui ont encore tellement de choses à se dire... Malheureusement, des bruits provenant de mon ventre viennent tout gâcher. J'ai drôlement faim.

- Alors, on a la dalle Tigresse ?

Le doux son de sa voix vient caresser ma colonne vertébrale et mon cœur. Je préfère quand il me parle avec ce ton-là, il est tellement plus attirant comme ça. Soudain, j'entends à mon tour son estomac manifester son manque de nourriture.

- Toi aussi à ce que je vois l'orang-outan.

Il rit doucement, ce qui réchauffe mon cœur, bien qu'il continue à fixer le mur.

- Il ne m'avait pas manqué ce surnom.

- Et moi ?

Ne me demandez pas ce qu'il m'a pris, l'amour fait des ravages. Est-ce réellement de l'amour ? C'est là qu'il décide enfin à se tourner vers moi.

- Pourquoi tu m'aurais manqué ?

- Parce que toi tu m'as manqué.

Ça s'était prévu en revanche, il faut bien que je fasse avancer les choses, je suis impatiente. Je vois son regard faiblir et montrer ses émotions, parfait. Il baisse quelques courtes secondes la tête, mais se ressaisit rapidement.

- Oui, tu m'as manqué.

Je lui souris, satisfaite de la réponse. Il répond à mon geste puis il se lève et vient me rejoindre, en s'asseyant juste devant moi. Il prend la chaise et la retourne pour se retrouver nez à nez avec moi.

Never Say NeverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant