Never Say Never

Chapitre 56

Je continue de m'encourager, il ne faut pas que je réfléchisse trop, sinon ça ne sortira jamais.

- Tout d'abord, si je ne parle jamais de mon père, c'est tout simplement parce qu'il est mort quand j'avais huit ans, il s'est suicidé pour plusieurs raisons différentes, mais la principale était son burn-out. Il était serrurier, il travaillait beaucoup et en plus de ça il devait s'occuper de moi et mon frère, seul, sans l'aide de ma mère.

Il hausse les sourcils.

- Tu as un frère ?

Je souris.

- Oui, un grand frère de vingt ans, il est en école de commerce. Je m'entends très bien avec lui.

Il me sourit à son tour.

- Tant mieux, je sais à quel point c'est important.

Je lui lance un regard empathique.

- Ma mère n'était jamais là parce qu'elle est hôtesse de l'air, ce métier lui prenait tous son temps, et quand elle était libre, elle dormait ou sortait faire la fête. Elle n'a même pas remarqué l'état de mon père, ou alors elle a préféré ne pas y faire attention. Malheureusement, même après sa mort, ma mère n'a pas changé, mais au lieu d'aller faire la fête, elle pleurait toutes les larmes de son corps. Mon frère s'est retrouvé à s'occuper pratiquement tout le temps de moi, à seulement onze ans. Et quand il est parti, juste après ce qu'on pourrait qualifier de « pire année de ma vie », la relation avec ma mère s'est plus qu'aggravée, en parti parce qu'elle continuait de m'appeler par mon vrai prénom et non pas par mon surnom. C'est pour ça que, deux ans plus tard, on a rejoint mon frère ici, pour s'éloigner de la ville de nos malheurs et de nos mauvais souvenirs. La maison était hantée de moments passés avec mon père, de disputes avec ma mère ou encore d'autres événements traumatisants. Je ne regrette absolument pas d'être partie, je pense que c'est la meilleure décision que je pouvais prendre.

Il me regarde à présent, les yeux remplis d'empathie et d'un soupçon de tristesse.

- Je comprends un peu mieux certaines choses à présent. Viens-là.

Il me prend à nouveau dans ses bras alors que mon cœur s'apaise davantage qu'il ne l'est déjà, après avoir confié toutes ces choses.

- Angel ?

- Oui.

- Est-ce que tu veux bien me raconter les autres événements traumatisants ou encore la fameuse pire année de ta vie.

Je sens à nouveau mon cœur reprendre sa course acharnée. Est-ce que je suis réellement prête ? Prête à confier ce que je n'ai jamais osé dire à personne, avec de vrais mots, un vrai sens ? Prête à savoir que quelqu'un d'autre que ma famille est au courant et peut possiblement me détruire avec ça ?

- Je comprendrais si c'est trop dur pour toi, tu pourras m'en parler quand tu veux, ou ne jamais en parler si tu préfères. Je suis là pour ton bien, pour t'aider, pas pour t'enfoncer ou te faire ressasser de vieux souvenirs douloureux.

Je m'écarte de lui et le regarde avec un petit rictus aux lèvres avant de baisser la tête. Je sens mon cœur se crisper à l'idée de lui dire non, mais en même temps je ne veux pas forcer les choses. Que faire ?

- Tu peux très bien commencer et t'arrêter à tout moment si tu le souhaites, c'est comme tu veux petit ange.

La façon dont il a réussi à savoir ce que je ressentais me réchauffe le cœur, et me fais prendre conscience que je ne risque rien avec lui, du moins à ce niveau-là. Je me tourne vers lui et hoche la tête. Un joli sourire apparait sur sa magnifique bouche.