J'arrive dans ce lieu maudit depuis maintenant quelques temps. Les portes s'ouvrent grâce à la force de mes bras, je rentre dans ce bâtiment qui ne m'apporte que tristesse et humiliation. Je sens, comme tous les jours depuis plusieurs semaines, les regards se poser sur moi. Les rires et les murmures commencent à retentir et mes larmes à monter. Mais, par habitude, je les retiens au fond de moi, au risque d'engendrer d'autant plus de moqueries. Je ne l'ai même plus auprès de moi pour me soutenir, comme il le faisait avant, mais c'est mieux comme ça. Je continue d'avancer dans ce couloir rempli de mes démons. Je le vois, avec ses amis, au loin. Il se retourne vers moi et croise mon regard. Je frissonne de frayeur et de dégouts. Il en joue en rigolant de moi, tout en me pointant du doigt pour que le peu de personnes qui ne m'avaient pas remarqué, puissent enfin rigoler de l'être aux milles péchées.
- Sale pute !
- Salope !
- Tu mérites de crever en enfer.
Ces insultes, malgré le fait que je les entends chaque jour de ma triste existence, me font toujours aussi mal, si ce n'est plus. Je croise mon professeur de Maths. Celui-ci me regarde, mais, dès qu'il s'aperçoit que je le regarde également, détourne les yeux comme si j'étais une personne à ne pas fréquenter tellement mon impureté est grande. Je baisse les yeux alors que le son annonçant le début de la journée de cours retentit. Je marche en direction de ma salle, en priant que personne ne me fasse plus de mal que j'en souffre déjà. Mais malheureusement, c'est comme demander à la vie de ne pas être injuste, c'est impossible. Un garçon, dont je ne connais même pas le prénom, me bouscule.
- Dégage grosse pute. Je n'imagine pas la honte que doivent avoir tes parents de t'avoir mis au monde. Ah mais non, je suis bête, ton père n'est même pas là pour voir cette merde que tu es.
La douleur que je ressens actuellement dans mon cœur est inexplicable, tellement elle est forte. Mais malgré tout, elle est d'abord surpassée par une haine infinie. Ce sentiment prend le dessus sur ma raison. Je relève la tête, lance un regard noir comme le corbeau posé sur l'arbre dans la cour, et assène une claque violente sur le visage de cet individu. Mais... J'avais oublié que je n'étais qu'un être faible et détesté. Il se jette sur moi, me met à terre et me rends ma pauvre claque par des millions, que dis-je, des milliards de coups, plus fort les uns que les autres. Il est bientôt rejoint par ses amis qui sont au nombre de cinq. Ce n'est seulement qu'au bout de quelques longues minutes que certains personnels du lycée daignent à réagir. Mais il est trop tard. Dès que j'ai l'occasion de m'enfuir, je le fais, et pars me réfugier dans les toilettes. J'ouvre la porte en précipitation et la referme à clé immédiatement. Je fonds littéralement en larmes, je libère toute la pression. Je jette un coup d'œil dans le miroir, la vision d'horreur que j'y vois ne fais qu'augmenter mes spasmes de douleur, en y ajoutant de la terreur. Je tombe à genoux, pleine de désespoir. Je me promets à moi-même que cette journée sera la dernière de mon existence...
- Angel ! Angel, réponds-moi s'il te plaît !
Qui m'appelle ? J'ouvre doucement les yeux, je réalise peu à peu où je suis. Dans la tente, avec Aaron, c'est lui qui crie. Pourquoi ? Soudain, mon cauchemar me revient à l'esprit. Merde, j'ai dû le réveiller avec mes lamentations. Je sens la sueur trempée l'intégralité de mon corps tremblant.
- Putain Angel ! Ça va ?
Je me tourne vers mon interlocuteur, encore à moitié endormie.
- Oui... désolée de t'avoir réveillé.
Il expire de soulagement, puis reprend petit à petit son calme.
- Ne t'en fais pas, ce n'est rien. Mais... c'était quoi ça ?
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Never Say Never
RomanceEst-ce que fuir est la meilleure solution pour oublier tout ça ? Je ne sais pas, pourtant c'est ce que j'ai fait. Je voulais juste échapper à mon passé en recommençant une nouvelle vie, pour me reconstruire, pour guérir de mes traumatismes, mais ce...