CHAPITRE 11

1.1K 78 13
                                    

AUGUSTINO

Je déverrouillais la chambre avant d'entrer le premier. On entrait tous et Julio fermait la porte derrière lui. Je marchais jusqu'au salon de la suite et appuyais sur le bouton des volets pour les fermer. Il y avait assez de canapés et assez de chaises pour qu'on se regroupe autour de la petite table.

- Álvaro, sort la marchandise.

Il sortait deux sachets transparents de sa poche de pantalon et je m'approchais du canapé pour me laisser tomber lourdement dedans. Julio allait vers la petite cuisine et revenait avec un plateau noir.

- Vous sortez au Milano, après ? Demandait Marco en s'asseyant en face de moi.

- Peut-être. Répondait Jorge.

Moi, je ne répondais pas. Sortir me ferait du bien, mais j'avais déjà abandonné Elia toute la soirée, je ne pouvais pas me permettre de la laisser rentrer toute seule.

Álvaro ouvrait l'un des paquets et versait entièrement la poudre sur le plateau. Je l'aidais à faire des lignes bien distinctes, avant de sortir mon petit tube. Je commençais à en prendre le premier, avant de rejeter la tête en arrière. Le plateau faisait le tour de la table et bientôt, le silence s'abattait dans la pièce, jusqu'à ce que Humberto brise le calme en rigolant.

- Ça faisait longtemps que je n'en avais pas pris. Bordel, ça fait du bien.

- Ouais, ce n'est qu'un avant-goût d'une bonne soirée. Répondait Marco en se laissant tomber contre le dossier de son fauteuil.

- Ouais, n'empêche, il ne faut pas que je reste trop longtemps ici, j'ai promis à Leticia que j'allais arrêter.

- Il n'est jamais trop tard. Répondait Marco en rigolant.

Je ne pouvais m'empêcher de rire aussi. Ça me faisait du bien de me détendre un peu. Même si j'avais pris une ligne avec mon père avant de partir, j'avais besoin d'en prendre une autre. Ça me faisait oublier ce qu'il s'était passé et oublier que la personne qui avait orchestré tout ça était encore dans la nature, à peut-être préparé son prochain coup.

- Une petite partie de cartes ? Proposait Julio en sortant deux paquets de sous la table.

- Bien sûr.

***

Une dizaine de parties de Black Jack plus tard, je réalisais qu'il était déjà presque minuit. Ça faisait déjà presque deux heures qu'on traînait là ? Je soupirais, lançant mes cartes sur le plateau noir où des restes de coke étaient présents. Je n'avais vraiment pas vu le temps passé.

- Tu abandonnes ? Me demandait Julio.

- Non, jamais. Je sors rejoindre les autres. Il est déjà tard.

Je me levais avant de resserrer ma cravate et de prendre ma veste sur l'accoudoir du canapé. Je la remettais, réalisant que je me sentais beaucoup plus lourd que d'habitude. C'était à cause de la coke. Je n'aurais peut-être pas dû prendre la deuxième ligne si tôt avec tout ce que j'avais bu.

- Rangez tout et on va retourner dehors.

- Oui, je crois que tu as raison. Ça fait un moment qu'on est là. Disait Julio en rassemblant toutes les cartes dans sa main.

- Oui, c'est bientôt l'heure de bouger, de toute façon.

Je passais par la salle de bain pour regarder mes yeux dans le miroir. Ils étaient un peu rouges, mais pas autant que je le pensais.

Je sortais de la chambre avant de me rendre sur le toit. Je repérais immédiatement Elia. Elle se trouvait avec Adriana, Nery et son mari, autour d'une table haute. À voir la façon dont elle s'appuyait sur la table, elle devait être fatiguée. J'étais un putain d'égoïste. J'avais disparu toute la soirée alors que je savais qu'elle avait maintenant peur de sortir en public. Le pire, c'était que pendant tout ce temps, je ne m'étais pas inquiété.

MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant