MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)

CHAPITRE 31

AUGUSTINO

- On monte ?

- Oui.

Elle se levait doucement avant de rentrer son T-shirt dans son short. Je la suivais du regard alors qu'elle marchait vers moi pour me dépasser et sortir de la pièce. Je la suivais jusqu'à la cuisine. Je tournais la tête en entendant du bruit. Mon père était sur la terrasse avec les autres. Certains n'avaient pas encore quitté le domaine. Je croisais son regard et il me faisait signe de monter. Il fallait que je retourne le voir après pour avoir des nouvelles. Je n'arrivais pas à tenir en place. J'avais tellement envie de savoir qui avait orchestré ça que je n'arrivais pas à penser à autre chose.

Je suivais Elia jusqu'à la chambre. Le silence devenait insupportable. J'attendais qu'elle s'arrête devant le bureau pour lui parler. Même si on allait se disputer, je préférais ça plutôt que le silence. J'avais besoin de savoir ce qu'elle ressentait.

- Elia, parle-moi.

- Je veux rentrer. Me disait-elle en se retournant, les yeux humides.

C'était comme si je recevais une balle dans le ventre. Je la fixais, cherchant à savoir s'il y avait une petite once d'hésitation dans ses paroles. Elle n'était pas sérieuse ? Mon pire cauchemar était peut-être en train de se produire. J'avais tellement peur qu'elle me quitte que je n'arrivais plus à trouver mes mots.

- Tu veux rentrer ?

- Oui, à Miami. Je ne veux plus rester dans cette maison, ni dans cette ville.

Elle était tellement sûre d'elle en disant ça que je sentais mes derniers espoirs s'envoler. Elle allait me quitter et je n'allais plus jamais la revoir. Ni elle, ni mon fils qui n'était encore pas né.

- Non, Elia, je t'en supplie, ne me fait pas ça.

- Si, ma décision est prise, et je veux rentrer cette nuit. Désolé, mais j'ai envie de voir mon fils grandir avant de mourir.

- Notre fils. Dis-je, la gorge serrée.

- Ça ne change rien, Gus. Je veux partir cette nuit.

Elle commençait à partir vers la salle de bain, les larmes aux yeux, mais je l'en empêchais. Je me laissais tomber à genoux devant elle, démuni. Elle ne pouvait pas faire ça. Je ne la laisserais pas faire.

- Gus, qu'est-ce que tu fais ? Laisse-moi passer.

Je prenais ses mains avant de poser mon front contre son ventre. Je ne savais pas quoi faire d'autres. Je me sentais tellement mal que j'étais à deux doigts de pleurer.

- Je t'en supplie, ne pars pas. Je suis désolé pour ce qu'il vient de se passer, mais si tu pars, ma vie n'a plus aucun sens.

- Je préfère partir que mourir.

Mon cœur se serrait. Je levais les yeux vers elle. Ses yeux étaient remplis de larmes. Je m'en voulais tellement pour ce qu'il venait de se passer. Je n'avais pas réussi à la protéger, et elle a failli se faire enlever. Ou pire, elle a failli mourir.

- Gus, qu'est-ce que tu attends pour agir ? J'ai failli mourir plusieurs fois, et aujourd'hui, on essaye de m'enlever. Je suis ici depuis quelques semaines et il se passe déjà beaucoup trop de choses. Je ne veux pas mourir. Je veux voir mon fils grandir et je veux me sentir en sécurité. Ce soir, j'ai vu deux personnes mourir devant moi. Ces hommes n'avaient pas le choix de m'enlever. Tout le monde se fait manipuler par des gens comme vous et il peut arriver quelque chose n'importe quand. Je ne veux pas vivre avec la peur au ventre.

Je fermais les yeux avant de baisser la tête. Elle avait totalement raison. Ce n'était pas que je ne voulais pas agir, je faisais tout pour retrouver les responsables, mais à part ça, je ne savais pas quoi faire d'autres. Je me sentais complètement démuni.