CHAPITRE 58

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ELIA

Vingt-cinq jours plus tôt… 

Je sotais de la salle de bain en m’essuyant les joues. Je n’en pouvais plus de pleurer. C’était ce qui me fatiguait encore plus. Ça, et le manque de sommeil. J’avais beau être sans arrêt fatigué, il m’était presque impossible de m’endormir plus de trois heures chaque nuit depuis ces quatre derniers jours. Je mangeais à peine, mais j’arrivais quand même à vomir tout ce que j’avalais. La peur que je ressentais constamment en était aussi pour quelque chose. J’avais l’impression de mourir à petit feu, comme si cette pression que je ressentais en permanence était un poids supplémentaire qui m’attirait toujours plus vers le fond. 

Je n’avais aucune idée de ce qui était en train de se passer à Rio, ni ce qui était en train de se passer dans cette foutue maison. Tout ce que je savais, c’était que Maynor avait fait de moi sa prisonnière. Il ne m’avait fait aucun mal, depuis que ses hommes m’avaient coincé avant que je n’arrive à l’aéroport. En même temps, je ne l’avais vu que trente minutes, tout au plus. C’était lui qui m’avait arraché mon fils des bras. Mon fils, que je n’avais pas vu depuis quatre jours. Je ne savais pas où il était. Tout ce que Maynor m’avait dit, c’était qu’il ne lui ferait aucun mal. Je ne savais pas si je devais le croire, mais dans tous les cas, j’étais morte d’inquiétude. 

En plus de tout ce qui m’arrivait, je ne savais pas du tout dans quel état d’esprit était Gus. J’avais disparu tellement vite. Il devait sûrement être à ma recherche, à l’heure qu’il est. Je ne savais pas quel était le but de Maynor, mais il voulait me coincer pour attirer Gus ici, c’était certain. Mais pourquoi ? Il aurait pu largement nous tuer à Rio. Personne n’était là pour nous protéger. Et puis, je me demandais toujours comment il avait fait pour nous trouver. Personne n’était au courant d’où on se cachait à part la famille Gómez. 

Je me rallongeais sur le lit avant de poser une main sur mon ventre. Ma main gauche était posée sur ma cuisse, et je fixais mon alliance, qui scintillait sous les rayons du soleil. Gus et Santiago me manquaient. J’avais peur pour eux comme j’avais peur pour moi. J’avais peur de mourir, et j’avais peur que Maynor ait fait du mal à Gus, ou à la famille de Leandro. Je ne savais rien de tout ce qui se passait en dehors de ces quatre murs. Je continuais à chercher chaque jour le moyen de sortir d’ici, mais à part essayer de tuer l’agent qui m’apportaient de quoi manger, je n’avais aucun moyen de sortir d’ici. J’étais au deuxième étage, et les agents de Maynor surveillaient l’ensemble de la propriété en permanence. Il y avait même des caméras, à chaque coin de mur, sauf dans la salle de bain. La villa était entourée de végétation, et il n’y avait aucun voisin.

Le premier jour, quand je m’étais réveillée dans cette chambre, après avoir été droguée, j’avais essayé d’agresser le seul agent qui se rendait ici pour m’apporter de la nourriture en essayant de lui planter un couteau pour prendre ses clés. Il m’avait plaqué par terre et depuis, j’avais mal au poignet. J’avais maintenant accepté le fait que je ne pouvais pas sortir d’ici seul. Et puis, il était hors de question que je sorte d’ici sans mon fils. La seule chose que j’espérais maintenant, c’était pouvoir prévenir Gus d’où je me trouvais. J’espérais aussi qu’il n’ait pas cru que je le quittais vraiment. Le connaissant, il devait bien se douter que quelque chose m’était arrivé. Il devait être en train de me rechercher. 

Je me redressais en entendant la porte s’ouvrir, puis se refermer dans un bruit sourd. Je vérifiais l’heure sur le réveil de ma table de nuit. Il n’était que neuf heures. L’agent qui m’emmenait à manger ne venait jamais avant dix heures trente. Je retenais ma respiration en voyant Maynor apparaître vers la porte… avec mon fils dans les bras. Il portait un body noir. 

MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant