AUGUSTINO
- Alors, tu te sens comment ?
Je levais la tête en entendant entrer Julio et Marco dans ce vestiaire lugubre. Je faisais craquer mon cou avant de me relever du banc. J'avais fait le vide dans mon esprit, comme avant chaque combat. Les deux s'approchaient de moi et je passais devant eux, baissant les yeux sur mes cicatrices visibles. Je ne m'étais pas battu depuis trop longtemps.
- Ton adversaire mesure un mètre quatre-vingt-cinq et il fait quatre-vingt-onze kilos. C'est un Colombien. Il s'appelle Oscar. Me disait Julio. Tu es prêt ?
Je hochais seulement la tête avant de me baisser au-dessus du banc pour prendre mes mitaines de combat. J'avais déjà mis mes protège-genou une heure plus tôt et mon short noir trois heures plus tôt. J'avais hâte de me battre pour faire sortir toute la rage que j'avais retenue toute cette journée.
- Mon père est dans le jury. Me disait Julio. Ils t'attendent.
Je hochais une nouvelle fois la tête avant de sortir mon protège-dents de ma poche. Je le gardais dans mon gant avant de sortir de la pièce. J'entendais le brouhaha quand je sortais dans le couloir mal éclairé. En arrivant dans la salle, le bruit s'amplifiait. Il y avait du monde, mais moins que d'habitude. Mon adversaire était déjà sur le ring, et les trois arbitres à leur place. L'arbitre, Sebastian, qui allait commander le match, était dans l'un des coins. Je montais rapidement tout en ignorant la foule. J'avais la rage. Sebastian nous présentait rapidement pendant que je ne quittais pas mon adversaire des yeux. Le combat allait durer dix ou quinze minutes maximum, tout au plus. J'aurais peut-être dû demander à mon père de me prévoir un combat en plus. Mon adversaire ne me faisait pas peur. Nos yeux s'accrochaient sans jamais se quitter pour montrer que ni l'un ni l'autre n'allait abandonner. Il pesait peut-être un peu plus lourd que moi, mais je savais que j'allais le battre. Je n'avais jamais perdu jusqu'à présent, et je m'étais rarement senti aussi déterminé.
Sebastian annonçait le premier Round et j'avançais d'un pas vers mon adversaire, Oscar, qui semblait assez confiant. J'attendais qu'il frappe le premier, avant d'éviter son coup pour le frapper tout de suite derrière dans la pommette. Il reculait d'un pas et j'en profitais pour avancer vers lui, essayant de le bloquer sur un côté. Je lui donnais plusieurs coups dans le ventre, puis dans l'épaule. Il arrivait à se dégager et me prenait en traître en frappant dans mon flanc droit. Je contractais les abdos, tout en le fixant. La moindre erreur d'inattention de ma part pouvait me coûter cher. Je ne perdais jamais et je ne comptais pas perdre, ce soir.
Le deuxième round débutait et je commençais déjà à ressentir les premiers signes de fatigue. J'avais l'avantage sur lui depuis le début, mais ce n'était pas encore fini. Je poursuivais mon attaque en mettant toute la rage possible dans mes coups. L'arbitre me demandait de reculer quand je donnais un coup bien placé dans sa pommette et son œil, le faisant immédiatement saigner. Je rejoignais mon coin avant de tourner la tête vers les arbitres. Arturo me fixait. Derrière lui, Marco, Julio, Andrés et mon père étaient là.
- Aller cousin, il est bientôt mort ! Criait Marco, surexcité.
Mon cœur se serrait en imaginant Elia dans la foule. Qu'est-ce qu'elle penserait de tout ça ? J'avalais difficilement ma salive avant de secouer la tête. Je n'avais pas pensé à elle depuis mon entrée dans l'entrepôt et il fallait que ça continue comme ça si je voulais réussir à lui mettre un K.O.
Le combat reprenait après une bonne minute. Son œil gauche commençait déjà à se fermer. Je l'avais frappé fort. Une coupure ornait sa pommette également. Il était blessé, mais toujours debout. Je m'avançais rapidement vers lui, esquivant son coup. On se chamaillait pendant de longues secondes. J'arrivais à lui donner plusieurs coups, et il me les rendait presque à chaque fois en retour. Finalement, je reculais en sentant son poing s'écraser sur ma pommette. Karma. Sebastian nous demandait de nous écarter et je fermais l'œil une courte seconde. Ça piquait un peu, mais ça n'allait pas m'empêcher de finir le combat. Sebastian tentait de voir ma blessure et je le repoussais. Les trois lignes que j'avais prise cet après-midi m'anesthésiaient un peu.
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MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)
Storie d'amoreTOME 3 Si Elia pensait que le pire était derrière elle, elle n'est pas au bout de ses peines. Ses pires cauchemars pourraient bien devenir réalité. Cette agression pourrait bien marquer le début d'une guerre qu'elle ne pourra malheureusement pas con...