AUGUSTINO
Il y avait tellement de choses que j'aurais aimé pouvoir dire, tellement de choses que j'aurais aimé pouvoir faire. La douleur que je ressentais en ce moment était vive, elle s'insinuait encore plus profondément en moi. J'aurais préféré recevoir dix balles dans le corps, plutôt que de devoir supporter l'enterrement des deux êtres qui avaient le plus compté pour moi dans ma misérable vie. Une petite année qui ne s'était même pas terminée. Une petite année où j'avais découvert la vraie signification du mot « bonheur » et du verbe « aimer ». Je n'avais ressenti ça que quelques mois, avant que ça ne se transforme en douleur. Je n'étais qu'à l'entrée de ma descente aux enfers, je le savais. Le chagrin que je ressentais s'amplifiait de jour en jour. Rien ni personne ne pouvait m'aider. J'étais complètement en train de sombrer.
Même devant ces deux cercueils noirs, je ne trouvais même pas la force de lever les yeux. Le minuscule cercueil où Santiago se trouvait disparaissait le premier sous-terre, puis celui d'Elia. Même si on parlait autour de moi, je n'entendais rien. J'étais déconnecté de la réalité. Je ne pleurais pas, je ne bougeais pas. Mon corps était présent, c'est tout. Je n'arrivais même pas à me résoudre à leur dire un dernier au revoir. Je ne pouvais pas. J'étais incapable de parler. Je voulais leur donner mes dernières forces. C'était tout ce que je pouvais essayer de faire.
Il n'y avait qu'une trentaine de personnes, mais c'était suffisant. Les personnes qui comptaient le plus pour Elia étaient là. Nate, Julian, Chelsea, Sydney, Savannah, Cassidy, Ian et son bébé étaient là. Ils étaient venus me présenter leurs condoléances avant l'enterrement. Ils logeaient dans l'un de mes hôtels. Mon père s'était chargé de tout. Sa mère, qui n'était même pas venue nous saluer en arrivant, était à quelques pas de moi. Je ne pouvais pas lui en vouloir de ne pas m'adresser la parole. Tout était de ma faute, je le savais. Depuis le début, je savais qu'elle serait plus heureuse si je la laissais partir. Si je n'étais pas revenu la chercher à New York, elle serait encore en vie.
Je ne levais les yeux que lorsque je voyais un corps me cacher la vue de la terre. Je croisais le regard vide de mon père. Sa main se posait sur mon épaule et je me raidissais.
- Augustin', nous allons rentrer à la maison. Reste le temps que tu veux ici. Geovanni, Ivan et Manav restent.
Je hochais simplement la tête alors qu'il faisait un pas sur le côté pour m'éviter. Je tournais doucement la tête, réalisant que beaucoup de gens avaient déjà disparu. Je ne saurais même pas dire qui. Je tournais la tête de l'autre côté et croisais le regard triste de Marina. Mon cœur se serrait, me ramenant immédiatement à la réalité. J'avais tué sa fille et son petit-fils. J'étais responsable de leur mort. J'avalais difficilement ma salive en serrant les dents. Je me sentais tellement mal que c'était dur de ne pas craquer au milieu de ce cimetière. J'avais envie de me tirer une balle dans la tête pour en finir.
Je fronçais légèrement les sourcils en voyant Marina s'approcher de moi. Je n'arrivais pas à voir si elle était triste ou en colère. Peut-être bien les deux. J'avais peur d'entendre ce qu'elle allait me dire.
- Pourquoi tu ne l'as pas laissée quand je t'ai demandé de le faire ?
Je retenais ma respiration. Voir la douleur dans ses yeux me donnait encore plus envie d'en finir. C'était devenu insupportable de vivre après ce qu'il s'était passé. Ses larmes coulaient sur ses joues alors que j'ouvrais la bouche pour tenter de parler, mais rien ne venait. Ma gorge était tellement sèche et tellement comprimé que c'était impossible.
- Tu as tué ma fille, Augustino. Tu les as tués tous les deux. Tu savais que si elle restait avec toi, il allait forcément lui arriver quelque chose, mais tu l'as laissé s'accrocher à toi. J'ai perdu ma fille à cause de toi. À cause de toi.
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MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)
RomanceTOME 3 Si Elia pensait que le pire était derrière elle, elle n'est pas au bout de ses peines. Ses pires cauchemars pourraient bien devenir réalité. Cette agression pourrait bien marquer le début d'une guerre qu'elle ne pourra malheureusement pas con...