MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)

CHAPITRE 15

ELIA

Gus se redressait et je me laissais doucement tomber sur le côté. Je mourais de chaud, et j'étais sur un petit nuage. Il m'avait tellement manqué et bien que j'avais essayé de lui faire la gueule, je n'avais pas réussi à tenir plus de deux minutes. Je ne savais pas pourquoi je cherchais encore à lui résister. Il finissait toujours par gagner.

Je posais une main sur mon ventre en m'asseyant au bord du lit. J'avais un peu mal, mais après tout, c'était sûrement normal. Je n'étais pas resté tranquille ces dernières minutes.

- Ça va ? Me demandait Gus, inquiet.

Il venait de ramasser ses vêtements par terre.

- Oui, ça tire un peu, mais ça va.

- Je t'ai fait mal ?

- Pas du tout. Je pense que le bébé n'aime pas qu'on fasse des galipettes.

J'essayais de le prendre à la rigolade, mais son inquiétude me faisait peur. Il était debout devant moi à me dévisager.

- J'appelle un médecin ?

- Non, ça va déjà mieux, ne t'inquiète pas.

Je me levais en me retenant de grimacer. Je ne savais pas si c'était normal, mais je n'avais pas assez mal pour paniquer.

- Elia, j'appelle un médecin ?

- Non, ça va mieux. On va à la douche ?

Je partais toute nue dans la salle de bain avant d'allumer la douche. Il ne tardait pas à me rejoindre. Pendant que je me rinçais, je sentais son regard sur moi. Est-ce qu'il s'inquiétait vraiment ? Je n'avais déjà plus mal.

- Quand est-ce que tu dois faire ta prochaine échographie ?

- Au début du deuxième trimestre. J'ai encore un peu le temps.

- Donc, dans trois semaines.

- Oui, c'est ça.

J'étais surprise et touchée qu'il se souvienne où en était ma grossesse. Depuis quelques jours, j'avais l'impression qu'il faisait beaucoup moins attention à moi qu'avant, mais c'était normal. Il traversait une période difficile. Il allait se reconstruire petit à petit.

Gus sortait de la douche en premier et je coupais l'eau. J'étais ravie qu'il me tende ma serviette pour m'envelopper dedans.

- Je vais descendre un moment à mon bureau. On mangera ensemble et ensuite je dois aller en ville. Demain, je te consacrerais toute ma journée, c'est promis.

Je me retenais de grimacer. Je n'avais pas envie qu'il me laisse encore. Moi aussi j'avais envie de sortir. Je n'en pouvais plus de rester enfermer.

- Demain, est-ce qu'on sortira de la maison ?

- Tu verras.

Il m'embrassait sur le sommet du crâne avant de sortir de la salle de bain. Je profitais qu'il ait le dos tourné pour soupirer.

Je m'essuyais rapidement le visage avant de sortir aussi de la pièce. J'avais vraiment envie de savoir ce qu'il s'était passé à Mexico, mais je savais que je n'allais pas obtenir de réponses. Soit il ne me le disait pas pour ne pas m'inquiéter davantage, soit il ne voulait simplement pas que je me mêle de ses affaires. Malgré tout, j'étais convaincue que c'était la première option. Il me cachait quelque chose, j'en étais certaine.

- Est-ce que tu vas me dire pourquoi vous avez été retardé, à Mexico ? Je demandais alors qu'il revenait dans la chambre.

- Non.