MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)

CHAPITRE 68

ELIA

J'étais incapable de me réjouir d'être sorti de cette maudite maison, où j'étais restée enfermée pendant un mois. Je m'étais imaginé des centaines de fois la façon dont allait se passer les choses quand enfin Gus découvrirait que j'étais bien vivante, mais jamais je n'aurais pensé que Marco allait mourir. Je ne pensais pas non plus pouvoir me sentir autant responsable de cette situation. Je m'en voulais terriblement. Je pensais qu'il allait forcément arriver soit quelque chose à Gus, soit à moi. Maintenant, je n'avais aucune idée de comment les choses allaient se passer. J'étais terrorisée, triste et perdue.

Les derniers événements venaient de me détruire un peu plus. Marco était mort car il était venu me sauver. Comment ne pas s'en vouloir ? Une partie de moi était aussi profondément soulagée d'avoir retrouvé Gus. Je me sentais... libre. Mais, pas autant que je l'espérais. Je ne savais pas du tout comment les choses allaient se passer maintenant, mais, je voulais oublier cette histoire au plus vite. Non seulement ce qu'il venait de se passer ne quittait pas mon esprit, mais en plus, j'étais terrorisée à l'idée d'être enceinte de Maynor ou de Julio. Il fallait au plus vite que je fasse un test, même si j'avais encore le temps. Si j'étais enceinte, ce n'était pas vraiment irréparable, même si je n'étais pas prête à entendre le résultat.

- Rentrons à l'intérieur, annonçait Enrique.

Je tournais la tête vers lui et je croisais une courte seconde son regard. Mes yeux déviaient sur Adriana, pleurant dans les bras de son père. La voir dans cet état me brisait le cœur. Marco était si gentil, si attachant... Elle venait de perdre son frère pour qu'on me sauve...

- Elia, comment est-ce que tu te sens ?

Je levais les yeux vers lui avant de lâcher Gus, qui m'avait à peine décroché trois mots depuis que je l'avais retrouvé. Il devait encore être sous le choc. Il venait de perdre ses deux cousins. L'un l'avait trahi, et l'autre s'était fait tuer. Je ne savais pas comment les choses s'étaient réellement passées, mais ce n'était pas le moment d'en parler. Je savais que les prochaines heures allaient être longues, très longues.

- Je vais bien.

Physiquement, en tout cas, et encore...

- Bien, et Santiago ?

Il levait la main pour lui caresser son petit ventre. Santiago était silencieux, toujours en train de fixer Gus. Enrique avait la même tête que son fils. Il semblait épuisé et abattu. Je me sentais tellement mal pour ce qu'il s'était passé. Je tremblais encore.

- Il va bien, je crois.

Il embrassait Santiago sur le front et je retenais ma respiration.

- Je suis tellement désolé...

Il fronçait les sourcils et je baissais les yeux sur mon bras. Gus venait d'enrouler sa main autour de mon poignet.

- Désolé ? Elia, rien n'est de ta faute. C'est nous qui sommes désolés pour ce qui t'est arrivé, disait immédiatement Enrique.

- Oui, Elia, tu n'y es pour rien. Le seul responsable ici, c'est moi, disait alors Gus. Ne t'en veux pas pour ce qu'il s'est passé. Tout est de ma faute.

Je ne répondais rien. J'avais la gorge trop serrée.

- Augustin', arrête. Tu n'y es pour rien non plus. Julio nous a trahis. Et Maynor...

- Pourquoi ?

Je levais les yeux en entendant Adriana crier. Elle venait de se retourner et elle fixait Gus, les yeux rougis. Je retenais une nouvelle fois ma respiration. Elle me faisait tellement de la peine...