CHAPITRE 54

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AUGUSTINO

- Augustin', baisse ton arme. On doit discuter.

Je me tournais vers mon père. J'étais tellement sur les nerfs que j'avais presque oublié son avis. Il s'approchait de moi avant de poser sa main sur mon poignet. Je serrais les dents.

- On doit le laisser s'expliquer avant de faire quoi que ce soit.

Depuis quand il cherchait à comprendre le pourquoi du comment ? Je levais les yeux vers Adriana qui sanglotait. Elle tremblait de peur, et elle semblait morte de honte. J'étais vraiment en colère, mais je devais écouter mon père. Alors je baissais mon arme en regardant Geovanni, qui semblait légèrement se détendre en me voyant m'éloigner d'un pas en arrière. Ce n'était pas fini. Il savait que dans tous les cas, il allait tout perdre aujourd'hui.

- Comment est-ce que tu l'as découvert ? Me demandait mon père d'une voix posée.

- J'ai trouvé Adriana en larme dans sa chambre. Elle m'a dit que son mec l'avait quitté et qu'il avait fait la demande de partir pour Mexico dès demain. J'ai vite fait le rapprochement quand j'ai compris qu'on connaissait le mec qu'elle se tape.

- Geovanni, relevez-vous.

Il faisait ce que lui demandait mon père. Il se tournait au ralenti vers nous et je retenais ma respiration. J'avais envie de le frapper, mais je ne bougeais pas. J'étais plus que déçu et énervé d'avoir découvert une chose pareille. Il se tapait ma cousine depuis deux ans et demi et s'était chargé de la sécurité d'Elia pendant tout ce temps, en faisant comme si de rien n'était. Adriana avait toujours le don de faire les mauvais choix, de nous provoquer uniquement pour nous prouver qu'elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Cette fois, elle avait poussé le bouchon trop loin.

- Qu'est-ce que vous avez à dire par rapport à ça ?

- Je n'ai rien à dire. J'ai mal agi. Je n'ai pas réussi à mettre de distance entre votre nièce et moi. Je suis désolé. Je souhaitais partir pour nous protéger tous les deux, pour éviter que nous en arrivions là. Je suis désolé.

- Et, vous pensiez qu'il allait arriver quoi, si on le découvrait ?

Il avalait difficilement sa salive. Il ne nous regardait pas dans les yeux. Il se tenait parfaitement droit. Ses yeux verts exprimaient sa peur. L'imaginer avec Adriana me donnait encore plus envie de le tuer.

- Je ne sais pas vraiment.

- Oui, qu'est-ce que tu veux faire ? Je demandais à mon père. On ne peut plus lui faire confiance, et il en sait déjà beaucoup trop.

Il levait la main pour me faire signe de me taire et je soupirais bruyamment. Je n'avais pas remarqué que je transpirais autant. J'avais chaud et j'étais énervé. Je n'arrivais même plus à réfléchir correctement. Là, tout de suite, j'avais juste besoin de me défouler, mais je ne savais pas comment. J'étais sur les nerfs.

- Il faut que je réfléchisse. Geovanni, venez à l'intérieur. Ne bougez pas avant que je ne vous en aie donné l'autorisation. Adriana, viens avec nous, et je t'interdis de t'approcher de lui de nouveau.

Je les suivais dans la cuisine. J'étais encore surpris que personne ne fasse rien. Nous n'avons jamais affronté ce genre de situation, mais d'habitude, quand l'un de nos associés, ou ce qui s'en rapproche le plus, nous fait un coup bas, nous ne prenons pas le temps de vraiment discuter. Même si Geovanni était l'un de mes plus proches agents, je ne pouvais pas supporter de savoir qu'il s'était tapé Adriana pendant des mois sous notre propre toit. Il ne nous avait pas respectés malgré le règlement qu'on lui avait imposé. Bien sûr, nous ne lui avions jamais dit de ne pas s'approcher d'un membre de la famille dans ce sens, mais il savait ce qu'il risquait en le faisant.

MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant