CHAPITRE 57

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AUGUSTINO


- Il y a du monde, ce soir. Criait Julio en marchant en tête.

Je faisais à peine attention aux gens qui passaient à côté de nous et qui nous dévisageaient. La plupart allaient probablement quitter cet endroit. Quand on venait, on attirait très souvent les « putes », qui venaient ici uniquement dans le but d'essayer de nous séduire. C'était ici que je venais en priorité à l'époque quand j'avais besoin de tirer mon coup. Repenser à cette période me donnait envie de vomir. Cette vie-là était bien triste, quand je pensais au contraire que je ne pourrais jamais m'en passer. Mais qu'est-ce que je faisais de nouveau ici, putain ?

- Je vais rentrer. Dis-je en tirant violemment le bras de Marco qui marchait devant moi.

La musique était déjà en train de me détruire les tympans.

- Essaye au moins de t'amuser un peu. Reste au moins une heure, et ensuite, tu rentreras. Juste une heure. Disait Julio en se plantant devant moi.

Je prenais une grande inspiration avant de passer une main sur mon visage. Ma chemise me donnait déjà trop chaud. Je ne savais pas quoi faire. D'un côté, je n'avais pas envie de rentrer pour affronter mes vieux démons, mais d'un autre, je n'avais pas envie de rester ici.

- Aller, essaye.

- Bon, d'accord. Une heure.

Il souriait, ravi. Je le fusillais du regard avant de le dépasser pour aller à notre table habituelle. Je commençais presque à reprendre un peu d'énergie. Je m'arrêtais en arrivant devant la table, qui était occupée par trois bouteilles de champagne et trois cons avec deux filles avec un bout de tissu qui cachait à peine leur corps. Je leur disais de dégager et ils ne cherchaient pas à se mesurer à moi. Logique. Ils emmenaient leur bouteille avec eux. La dernière fille - une blonde - passait devant moi en me regardant avec attention. Salope.

Julio et Marco se laissaient tomber sur la banquette. J'avais un temps de réaction démesuré. Il fallait que je me reprenne. J'étais complètement défoncé. Si quelqu'un me cherchait, ce soir, j'allais probablement le tuer sans réfléchir.

Julio commandait nos boissons ou nos bouteilles auprès de Faustino, celui qui avait l'habitude de nous servir. Notre salle annexe était juste derrière nous. Je m'étais fait sucer un nombre incalculable de fois sur les canapés qui s'y trouvaient. J'avais l'impression que ces moments appartenaient à une autre vie. J'avais tellement changé depuis cette dernière année. L'année où j'ai failli mourir, cette même année où j'ai perdu l'amour de ma vie et mon fils. Je laissais tomber ma tête contre le mur derrière moi en soupirant.

- Ça va ? Me demandait Marco.

- Oui.

Les deux bouteilles de champagne arrivaient cinq minutes plus tard. Pour ne pas que Julio essaye de me forcer à boire, je me levais pour aller aux toilettes. Mes jambes étaient tellement lourdes que c'était plus difficile que je le pensais. J'évitais les corps qui croisaient ma route tout en les ignorants. Puis, juste au moment où j'allais poser ma main sur la porte des toilettes, je sentais une main remonter dans mon dos. Je me tournais rapidement, prêt à envoyer quelqu'un contre le mur, mais c'était une femme, plutôt jeune, qui me regardait avec intérêt. Elle n'était pas aussi vulgaire que les deux filles que j'avais virées de notre table, mais presque.

- Augustino Gómez ? Me disait-elle d'une voix mielleuse.

Ses doigts m'attrapaient doucement le poignet, et je ne pouvais m'empêcher de grimacer.

- Dégage.

Je la repoussais doucement avant d'entrer dans les toilettes.

En sortant, je fonçais tout droit vers la table. Je m'asseyais entre mes deux cousins. Julio avait déjà invité une femme à s'asseoir à côté de lui, et je savais qu'il n'allait pas tarder à disparaître un moment. Ça sera peut-être l'occasion pour moi de sortir d'ici. Je ne vais probablement pas pouvoir tenir une heure.

MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant