ELIA
Cinq longs jours étaient passés sans que je n’aie vu Maynor. Il m’avait dit lundi qu’il ne reviendrait sûrement pas me voir de la semaine car il avait beaucoup de travail. Je voyais toujours le même agent m’emmener mon plateau-repas et les provisions pour Santiago. Il ne me parlait pas, et il ne restait jamais plus de deux minutes. Je me sentais affreusement seule, et la peur de ne me quittait pas. Mais au moins, je n’étais pas vraiment en danger. Enfin, je l’espérais. Heureusement que Santiago était là et qu’il allait bien. Il ne manquait de rien, sauf de son père. Je m’occupais de lui presque toute la journée, et même une grande partie de la nuit. Il pleurait encore beaucoup et des fois, je craquais avec lui. Je me sentais tellement mal, enfermé entre ces quatre murs, sans pouvoir mettre le nez dehors. Les fenêtres à double épaisseur ne s’ouvraient pas et j’avais affreusement besoin de prendre l’air, même cinq minutes. Santiago en avait besoin aussi.
Ce matin, il m’avait réveillé tôt. Il était onze heures trente et il n’était toujours pas décidé à redormir un peu. Je passais presque tout mon temps à le fixer ou à penser à Gus. Il me manquait terriblement et malgré notre enlèvement, je ne pensai qu’à la vie parfaite qu’on partageait ensemble à Rio. On était libre et Gus avait mis ses obligations entre parenthèses pour s’occuper de nous et nous protéger. C’était de cette vie-là que je rêvais. J’avais beau me sentir prisonnière à Acapulco, avoir la peur au ventre presque en permanence, je ne pensais pas que ça allait me conduire ici, et que Santiago serait autant affecté. J’avais peur qu’il arrive quelque chose à tout moment sans que je ne puisse rien faire. Une chose était certaine : si je sortais de cet endroit vivante, je partirais avec mon fils loin de tous ces conflits et cette violence, même si Gus ne veut pas me suivre.
Un coup frappé à la porte me faisait sursauter. Quelqu’un entrait avant de refermer rapidement la porte derrière lui. Je reculais contre le mur du lit en fixant Santiago qui était couché sur le matelas, entouré d’une grosse couverture pour le protéger. J’avais trop peur qu’il tombe, et ici, il n’avait pas de vrai lit.
- C’est moi.
Je déglutissais en entendant la voix de Maynor. Je ne pensais pas qu’il allait revenir tout de suite. Est-ce que c’était bon signe ? Il apparaissait par la porte de la chambre et je me détendais légèrement en le voyant plutôt de bonne humeur.
- Tu es encore en pyjama ?
- Je n’ai pas de raison de me changer. Dis-je en essayant de garder un ton neutre.
- Eh bien, est-ce que tu peux te changer ? Je t’emmène manger dehors.
- Quoi ? Dis-je, surprise.
- Ne sois pas si surprise. Ça fait presque une semaine que tu es enfermée dans cette chambre. Je ne veux pas que tu deviennes folle. Aller, change-toi et on descendra après.
J’ouvrais un peu plus les yeux, ne sachant pas du tout comment réagir. J’étais à la fois heureuse de sortir dehors, mais paniqué à l’idée de voir comment était faites la villa. De ma fenêtre, je ne voyais presque rien. Peux-tu être que je pourrais en profiter pour me familiariser avec cet endroit.
- Aller, ne me fais pas attendre.
Je me relevais doucement avant de me diriger vers la pile de vêtements qu’il m’avait laissée sur la chaise blanche au coin de la chambre. Je n’avais changé qu’une fois de pyjama depuis lundi. En fait, je ne changeais presque que mes sous-vêtements, et je les lavais à la main. C’était déjà affreusement gênant de savoir qu’il avait acheté des sous-vêtements à ma taille sans connaître mes mesures. Je prenais le short noir de sport et le T-shirt rose pâle large en haut de la pile. Il y avait deux robes, mais quand je les avais vues lundi, je les avais trouvés affreusement courtes. Je n’avais aucune envie qu’il puisse avoir des raisons de me regarder. J’avais déjà assez peur de lui.
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MONSIEUR GÓMEZ (TOME 3)
RomanceTOME 3 Si Elia pensait que le pire était derrière elle, elle n'est pas au bout de ses peines. Ses pires cauchemars pourraient bien devenir réalité. Cette agression pourrait bien marquer le début d'une guerre qu'elle ne pourra malheureusement pas con...