Secrets

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Alice avait la tête appuyée contre la vitre de la voiture, elle observait le paysage défilé devant ses yeux. Elle ne prit pas la peine de tourner la tête vers son père, qui était concentré sur la route. Ils avaient quitté l'appartement une heure plus tôt, elle n'avait aucunement envie de sortir, mais elle le devait. Elle se racla la gorge en essuyant une larme qui avait coulé le long de sa joue. Elle se redressa en reconnaissant les lieux, elle serra fortement ses mains en sentant l'angoisse l'envahir. Elle souffla longuement pour calmer sa respiration, ainsi que les larmes qui se formaient dans ses yeux.

La voiture se gara sur le parking, Jacques se tourna vers sa fille, une fois le moteur éteint. Il l'observa alors qu'elle regardait l'extérieur. Elle avait de nouveau perdu du poids, ses joues étaient bien plus creuses, c'était sûrement la première fois en seize ans qu'il la voyait si mince. Il posa une main sur la sienne qu'il caressa doucement. Alice le regarda finalement et retira sa main rapidement. Jacques pouvait voir toute la haine que sa fille avait pour lui. Ne voulant pas envenimer les choses, il préféra se taire.

Alice se tourna de nouveau et regarda quelques personnes passer devant la voiture. Elle se racla la gorge une nouvelle fois et retira sa ceinture de sécurité. Elle sortit finalement de la voiture, sans un regard vers son père. Elle fit quelques pas avant que la voix de ce dernier ne la stoppe. Elle se tourna et le regarda s'approcher d'elle, un objet dans les mains.

- Tu vas en avoir besoin, non ? demanda-t-il en esquissant un léger sourire.

Alice prit l'objet, avant de se tourner et de continuer son chemin. Jacques la regarda partir, puis retourna vers sa voiture. Alice se stoppa au milieu de l'allée, ferma les yeux et souffla longuement pour calmer son stress. Elle les rouvrit de nombreuses secondes plus tard, puis continua d'avancer. Elle repéra un petit groupe à quelques mètres d'elle. Elle ne devrait pas être là, elle n'aimait pas cet endroit, la dernière fois qu'elle l'avait visité, c'était à la mort de Paul, et même si ce n'était pas dans la même ville, la froideur des lieux restait le même. Elle se rapprocha doucement et resta en retrait. Elle essuya rapidement ses larmes, et serra un peu plus fortement l'objet dans ses mains. Alice baissa la tête et écouta les mots qui étaient dits, ce n'était pas juste, rien de tout cela n'était juste. Elle ne put stopper ses nouvelles larmes, elle était fatiguée, de tout et de tout le monde.

Une personne s'installant à côté d'elle, la sortit de ses pensées. Elle releva la tête, seul quelques personnes étaient encore présentes. Elle essuya rapidement ses joues avant de tourner la tête.

- Bonjour Alice.

Alice croisa les bras, tout en gardant l'objet dans ses mains. Elle attrapa la rose qu'on lui tendait. Elle la prit et fit un léger sourire à la personne. Elle s'approcha de la tombe et jeta la rose à l'intérieur. Elle regarda la femme en pleurs, qui était à quelques mètres d'elle. Elle hésita quelques secondes avant de s'approcher.

- Bonjour madame Becquet, dit-elle en posant une main sur son bras.

La femme se tourna et fit un léger sourire à Alice, elle passa une main sur sa joue avant de la poser sur son ventre, qui était très rond maintenant. Absolument, personne ne touchait son ventre, il arrivait parfois à sa mère de vouloir le faire, mais elle reculait toujours à temps. Elle ne rejeta pas la main de la femme.

- Tu es à combien de mois maintenant ?

- Huit mois, répondit Alice en posant sa main sur la sienne.

- Tu es radieuse, tu le sais.

- Je suis désolée madame Becquet.

- Merci d'être venue Alice.