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Jacques termina de préparer le petit-déjeuner de sa fille et quitta la cuisine pour rejoindre sa chambre. Il entra doucement et s'approcha du lit, il se posa dessus et resta quelques minutes à observer Alice, qui était profondément endormie. Il caressa doucement sa joue, qui était un peu plus creusée que d'ordinaire. Elle avait perdu beaucoup trop de poids ces trois dernières semaines, et ce n'était pas normal. Elle était seulement au début de sa chimiothérapie, il fallait qu'elle reprenne une alimentation plus régulière. Il se redressa et ouvrit légèrement les rideaux pour qu'elle puisse se réveiller en douceur. Il quitta la chambre après avoir jeté un dernier coup d'œil vers elle.

Alice garda ses paupières closes, elle avait senti son père caresser sa joue. Elle savait qu'il s'inquiétait pour elle, mais elle allait bien. Certes, elle avait perdu du poids, mais elle se sentait bien. Elle finit par ouvrir les yeux quand la porte se ferma. Elle se redressa sur ses coudes et posa sa tête dans ses mains. Elle avait passé la soirée de la veille avec son père, sa mère les avait laissés seuls. Ils avaient mangé ensemble, puis avaient fait plusieurs parties d'échecs qu'Alice avait toutes gagné. On était dimanche aujourd'hui et elle n'avait pas envie de rester enfermé chez elle. Son père allait probablement lui proposer d'aller se promener, elle ne refuserait pas, elle avait besoin d'air.

L'adolescente se redressa et posa ses pieds par terre, un frisson la parcouru. Elle se dirigea vers la salle de bain pour prendre son peignoir. Elle se stoppa devant le miroir et s'observa, les bleus s'étaient peu à peu formés sur son corps, ils étaient principalement centrés sur ses jambes, elle en avait quelques-uns sur ses bras, mais pas énormément. Elle replaça son tee-shirt qui était remonté et s'attacha les cheveux en une queue de cheval. Elle attrapa son peignoir qu'elle passa sur son corps et rejoignit la cuisine. Elle trouva son père, qui était installé, en train de boire son café en lisant un livre. Alice s'approcha et posa un baiser sur sa joue, Jacques sourit et l'embrassa à son tour.

- Tu vas bien ?

Alice hocha la tête et s'installa à ses côtés, il lui avait préparé un festin de roi. Des crêpes, des gaufres, des fruits, du jus d'orange. Il avait probablement aussi sorti tous les gâteaux du placard, et avait même été chercher des viennoiseries. Alice attrapa un croissant et se servit un verre de jus.

- Je suis toute seule papa. Pourquoi tout ça ? demanda-t-elle en le regardant.

- Il faut que tu manges Alice, tu le sais que tu as perdu beaucoup de poids.

- Je sais, mais je n'ai pas faim.

- Je sais que tu es contrariée par ton histoire avec Fred, mais c'est le début de la chimio. Il ne faut pas que tu sois trop faible pour la suite.

- Je sais papa, répondit-elle en terminant son croissant. J'essaye, mais ça a dû mal à passer.

- On en parlera au docteur Corsène, mercredi.

Alice leva les épaules et continua de manger, elle n'avait plus faim après son croissant, mais pour faire plaisir à son père, elle mangea quelques fruits ainsi qu'une crêpe. Jacques continua de lire son livre en jetant quelques regards discrets vers Alice, il ne voulait pas être trop insistant. Alice termina son verre qu'elle posa sur la table et posa son dos contre la chaise.

- Maman n'est pas là ?

- Elle travaille dans le bureau. Alice hocha la tête.

- Elle n'a pas voulu me parler de son père, tu sais. Elle a dit qu'elle n'en parlerait jamais avec moi.

- Même après toutes ces années ça reste douloureux pour elle.

- Peut-être, mais moi, je voulais qu'elle m'en parle. Je faisais un effort pour la comprendre, et au final, elle reste stoïque comme toujours. Donc je ne ferais plus d'efforts pour elle.

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