Point de vue: Ava
Une semaine. C'est le temps qu'il m'a fallu pour faire en majeur partie mon deuil et accepter. Je reste fragile sur le plan Sarah, même si je suis en paix avec la rancœur que j'éprouve. Parce que si je suis dans cette mierda, c'est à cause d'elle. Même si je pense qu'elle faisait tout ça pour moi, pour nous.
Maintenant, je suis à la même place qu'elle. À peu de choses près. Je fais dorénavant partie du cartel des Esteves. Non pas par choix ou envie, mais parce qu'il le faut. On m'a obligé. Je me suis résignée. Et puis, je préfère ça que la mort. Dans un sens.
J'ai encore les images de mi prima avec deux balles dans la tête. Même si tout s'estompe petit à petit. J'ai encore les images de ces deux hommes qui ont trahis le gang et qui ont pris une balle chacun. Ça s'estompe aussi. Marco a eu les bons mots pour m'expliquer. Je ne suis pas d'accord avec la soufre avec infligée. Mais je suis d'accord qu'il ne faut pas accepter les traîtres. Dans ce monde en tout cas.
Je plonge mon propre regard dans le mien, cessant de me démêler les cheveux. J'ai maigri. C'est la peur, la douleur et l'angoisse qui me dévorent. Mais je semble reposée. Il faut dire que j'ai peu bougé durant cette semaine. Mais aujourd'hui, Marco souhaite m'entraîner. Pour que je puisse "survivre". Ce mot m'a donné froid dans le dos. C'est la loi de la nature. Celle du plus fort. Et je dois être forte.
Une silhouette imposante apparaît derrière moi. Marco. Son regard noir. Il s'attarde quelques secondes sur mes vêtements. Legging noir et un tee-shirt XXL à lui. Puis ses yeux se posent sur l'objet que j'ai dans les mains. Il s'approche. J'avale ma salive. Parce que j'ai vu qu'il a changé. Trop soudainement.
Il se saisit de la brosse avec force. Je recule. Il me dévisage amèrement. Qu'est-ce que j'ai fais? Pourquoi me regarde-t-il comme ça? C'est juste une brosse à che... Oh putain... Je me demandais bien ce qu'une brosse de femme pouvait faire dans ses affaires. Je ne savais pas qu'il avait quelqu'un!
Je n'ai pas mon carnet. Je ne peux m'excuser qu'avec des gestes. Alors je signe. Mais il ne comprend pas. Logique... Je baisse les yeux. Je sursaute lorsque sa large main s'empare de mon menton et me relève ma tête. Ses pupilles noires me font fondre sur place. Je lis sur ses lèvres."Ne touches plus à ça."
J'hoche la tête. Il me relâche. Je me précipite jusqu'à la chambre -que je partage toujours avec lui. Moana m'a expliqué qu'il n'y avait plus de chambre libre ici. Tous avaient leur chambre attitrée. Mais elle m'a proposé de la rejoindre, si un jour je ne suis plus à l'aise avec Marco.
La vérité c'est que je reste avec lui parce qu'il me rassure. Je prends mon carnet qui est posé sur le lit, l'ouvre et écrit. Marco m'a suivit. Il me regarde écrire. Je lui tends ensuite."Pardon! Pardon! Pardon! Je ne savais pas que cette brosse était à ta petite-amie! Je ne voulais pas faire preuve d'irrespect. D'ailleurs, dès ce soir, j'irais dormir avec Moana. Je suis terriblement désolée."
Il baisse les yeux sur moi. Moi assise sur le bord du lit. Lui debout face à moi. Sa grande taille me domine entièrement. Il doit faire quoi? Un mètre quatre-vingt-dix? Il sourit. Et puis il jette sa tête en arrière, les yeux graves. Quand il me regarde de nouveau, j'ai presque envie de disparaître. Il écrit.
"Pas touches à la brosse. Et je n'ai pas de petite-amie. Ce n'est plus mon truc depuis longtemps. Donc ce soir, tu restes. Ne m'obliges pas à venir te chercher dans la chambre à Moana."
"Tu n'as pas de petite-amie? Alors pourquoi je ne peux pas toucher cette brosse? En plus, j'en ai besoin pour mes cheveux!"
"Elle appartient à une morte. C'est tout. Pas touches. Tu demanderas à Moana pour une brosse."
"Morte?"
Je le regarde. Il bouge ses lèvres en me fusillant du regard. Je crois qu'il a hurlé mon prénom. Mierda...
"Ne poses pas de question si tu ne veux pas que je m'énerve. Maintenant, on va s'entraîner."
D'accord. La discussion est close. Je ne peux rien ajouter. De toute façon, je n'ai pas envie de m'attirer ses foudres alors qu'il m'a intégré et couvé. Il a été "gentil" avec moi. Je ne peux pas l'énerver.
Alors je le suis. Nous quittons notre chambre et rejoignons le rez-de-chaussée. Il m'amène jusqu'à un salle à l'arrière de la villa. Il y a énormément de matériels de musculation et d'entraînement. D'ailleurs, nous ne sommes pas seuls. Alejandro, Anthony, Moana et Amina sont déjà en train de s'entraîner. Bien...
Je suis Marco qui se met à l'écart. Il me fait signe de m'asseoir. Puis, il s'agenouille face à moi. Il tourne la tête, alors je suis son regard. Alejandro est en train de rire. Ce qui veut dire que quelqu'un a du parler. Marco lui fait un doigt d'honneur. Il se concentre de nouveau sur moi.
Il prend des bandes qu'il commence à enrouler autour de mes mains. Je ne sais pas pourquoi il fait ça, mais lui seul s'y connaît entre nous deux. Une fois ma première main faite, il s'attaque à la seconde. Je regarde au loin mes autres.
Alejandro instruit Moana sur un coup de poing, il me semble. Même si j'ai plus l'impression qu'il en profite pour s'approcher d'elle et se coller à elle. Anthony et Amina se mettent des coups. Et leurs lèvres bougent. Et leurs yeux lancent des éclairs. Ils doivent se quereller.
Une tape légère sur ma cuisse me sort de ma contemplation. Marco me fait signe de me lever. Il m'emmène à un sac de frappe. Il le stavilise, fusille Alejandro, lui dit quelque chose, et me fait finalement face. Je lis sur ses lèvres."Imites moi."
J'hoche la tête. Il met un coup de poing dans le vide. Je fais la même chose dans le sac de frappe. Je retire mon poignet, sentant une légère douleur s'y propager puis disparaître. Marco attrape ma main et ferme fortement mon poing. Je lis sur ses lèvres.
"Tu vas te faire mal à frapper comme ça. Solide comme une roche."
J'acquiesce. Il met un coup dans le vide. Je l'imite sur le sac de frappe. Je n'ai pas eu mal. Marco se déplace. Son corps imposant qui se mouve tel un électron autour de moi le fait frissonner.
Il s'abaisse et réajuste ma jambe, en décalant mon pied. Il se redresse, pose ses mains sur mes hanches, me faisant sursauter de surprise, puis les fait tourner. Il prend mes bras qu'il remonte. Puis, enfin, il place une main sur mon ventre et une autre dans mon dos pour que je me redresse.
Ma respiration s'accélère. Il a ses mains sur moi! Il me touche! Je sens mon cœur battre comme un forcené. ¡Calmate Ava! Ce n'est pas le moment de jouer à la jeune femme prude. Ce ne sont que des mains. Chaudes et rassurantes. Juste des mains.
Marco me relâche. Il revient devant moi, relève mon menton et sourit. Il exécute un coup. Je l'imite. Il sourit et monte son pouce en l'air. D'accord. Il a aimé mon coup.
Il se met alors à sautiller sur place. Jonglant d'avant en arrière. Son poids passe de sa jambe avant à sa jambe arrière. Je l'imite. Il frappe. Je frappe. On enchaîne. Je comprends rapidement. Alors je n'ai plus besoin de l'imiter.
Si un jour on m'avait dit qu'il était autant libérateur de frapper dans un sac, je m'y serais mise bien avant! Je sens toute ma hargne, toute ma colère et toute ma peine s'envoler à chacun de mes coups. Certes tout revient, mais la jubilation de frapper anesthésie le tout quelques instants.
Je m'arrête, haletante. Marco semble satisfait de moi. Je me tourne vers les autres. Ils me regardaient aussi... Je me sens rougir. Je déteste être au centre de l'attention. Et leurs lèvres bougent. J'intercepte un compliment sur celles de Moana. Alors je comprends qu'ils me "félicitent". Sauf Amina. Mais elle ne m'apprécie pas. Je commence à avoir l'habitude.
Marco me contourne pour prendre une bouteille d'eau qu'il me donne. Mais je n'ai pas soif alors je la repose. Le brun ne sen formalise pas. Au contraire. Il me sourit et me parle. Je lis sur ses lèvres."La prochaine fois, on travaillera les muscles. Tu dois devenir forte."
J'hoche la tête. Devenir forte... Me croit-il capable de ça? Moi non. Le sport n'a jamais été mon fort. Comme me battre. D'ailleurs, ça ne m'a jamais effleuré l'esprit. Comme l'idée de rejoindre un cartel. Mais j'en suis là aujourd'hui. Marco se saisit de mon visage à l'aide de ses deux mains.
"Ça va?"
J'hoche la tête. J'étais seulement dans mes pensées les plus idiotes et sombres. Rien de bien méchant. Il ne relève pas. Au lieu de ça, il m'attrape les mains pour me retirer les bandes.
Mais, soudain, il lève le visage vers les autres. Je les observe. Leurs traits sont tirés. Quoi? Je tire sur le tee-shirt de Marco pour qu'il m'explique. Il ne prend pas la peine de me regarder, il a sorti son arme. Quoi? Que se passe-t-il? Je regarde Moana. Elle me fait signe de me taire et montre la porte. Quoi? Marco me pousse au sol, me faisant hurler. Ça vibre fort dans ma gorge. J'ai mal à ma cheville. Mais qu'est-ce qu'il lui prend à lui? Je redresse la tête. C'est qui ça? Et qu'est-ce qu'il fait ici?

VOUS LISEZ
La Sourde et la Brute
Romance"Parce qu'elle était une âme égarée Qui a rencontré son âme déboussolée; Il avait le talent de tuer Et elle celui de supporter; Il a suffit d'un seul regard Pour que chacun s'égare; Parce qu'il était un connard et elle un rempart Ils faisaient...