La Sourde et la Brute

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Demain, nous rentrons à Pereira. Eh oui! L'idylle prend toujours toujours un jour ou l'autre. Mais pour moi, c'est passé trop vite. J'ai l'impression que nous sommes arrivés hier. Alors que nous sommes ici depuis plus d'une semaine.
Je soupire en me redressant, après voir enfilé mes chaussures de randonnée. Oui... c'est la "brillante" idée de Marco. Il m'emmène en randonnée. Pour lui, c'est une sortie très romantique.
Pour moi, c'est une sortie qui va m'épuiser. Pourquoi faut-il qu'il ait des idées aussi étranges? Je le préfère encore quand il décide de faire la grasse matinée jusqu'à midi!
Mais bon... Qu'est-ce que je ne ferais pas pour lui? D'ailleurs, où est-ce qu'il est encore? Je vais jusqu'à la salle de bains. Personne. Il parvient toujours à disparaître quand on s'y attend le moins. Il n'est pas croyable.
Je quitte la chambre, enfilant mon gilet. Je sais qu'il fait frais au cœur de la forêt. Là où il souhaite m'emmener. Je prends aussi mon sac à dos, que j'enfile.
Ensuite, je vais à la recherche de mon gangster préféré. Mon petit-ami. C'est lui qu'il me l'a dit. C'est lui, lui et lui seul, qui a choisi de définir officiellement ce que nous étions. Un couple. Pour mon plus grand plaisir, évidemment.
À la salle à manger et au salon, il n'y a personne. Mais j'aperçois du mouvement à travers la baie vitrée. Il est là. Je décide de le rejoindre, car le voir faire les cents pas m'inquiète.
Il se retourne dès que j'ouvre la baie vitrée. Je le vois ranger quelque chose précipitamment dans sa poche de blouson. Son blouson en cuir. Il est incroyablement sexy là-dedans.

"Qu'est-ce que tu fais?"

"Rien. On y va?"

Tu as beau avoir toutes les qualités du monde, tu ne sais décidément pas me mentir Marco. Tu es stressé, je le vois à ce tic. Celui qu'il a de réajuster les manches de sa veste. Il fait toujours ça quand il est stressé.
À défaut d'être privé de l'ouïe et de la parole, je peux me concentre entièrement à ce genre de détail. Ma surdité m'a fait développé mon sens de l'observation, encore plus grâce aux entraînements.
Donc, Marco me ment. Mais je préfère ne pas lancer une dispute alors que tout se passe si bien entre nous. J'ai compris que s'il doit me dire quelque chose ou que quelque chose le tracasse, je dois être patiente et attendre quil vienne me le dire lui-même.
J'accepte la main qu'il me tend. Celle avec sa rose. Je frissonne. Parce que je repense à cette main posée sur moi, sur ma poitrine. Durant ces longues nuits langoureuses que nous venons de passer.
Il noue nos doigts et nous avançons vers un petit chemin, sur le côté du "jardin" de cette maison. En réalité, le jardin est la forêt. Ce sentier semble avoir été fait par l'homme, mais de façon naturelle.
Comme si, à force de passage, il était devenu un passage autant d'hommes que d'animaux, et qu'il s'était incrusté dans la vie, la biodiversité de cette forêt.
Après quelques mètres, Marco me lâche la main. Je fronce les sourcils. Mais quand je le vois se pencher pour ramasser une fleur jaune, je souris. Il se redresse pour la placer dans mes cheveux. Il signe ensuite.

"Avec ça, tu es magnifique."

Je souris.

"Je venais souvent ici avec mon frère. Ma tante nous emmenait dans cette maison pour qu'on prenne un peu de vacances. Et on allait découvrir la forêt. Je la connais comme ma poche."

"C'est très joli. Et c'est un endroit parfait pour un pique-nique ou une ballade."

Il hoche la tête puis me reprend la main. Nous continuons notre exploration. Ça semble calme. Même si je suis déçue de ne pas pouvoir entendre cette nature bucolique.
Je suis certaine qu'il y a des oiseaux qui chantent, le vent qui souffle et tant d'autre chose que je ne sais pas. Mais je ne sais même pas ce que c'est que le chant. Je n'ai jamais entendu de ma vie, je ne sais pas à quoi ça correspond.
Marco me lâche de nouveau la main. Il regarde autour de lui, alors que nous avançons toujours. Il me montre ensuite une direction du doigt. Je la suis donc. Puis je me reconcentre sur lui quand je vois qu'il signe.