Point de vue: Amina
Je suis le mouvement. Mes yeux se posent sur celui qui tient la poignée de la porte d'entrée dans les mains. Enrique. Il est connu dans ce cartel pour son ancienneté. Il était avec un autre gang avant nous. C'est lui, le traître? Bah putain! Ça ne m'étonne pas avec sa tête de fumier!
Il a travaillé aux côtés du père de Pedro et Marco, le grand Rico. Enrique a la quarantaine passée, sans famille, sans attache. Le traître par excellence finalement. Je n'avais aucune confiance en cet homme. Son regard de pervers. Toujours à l'affût de tout.
Personne n'a le temps de réagir que Pedro lui tire dans la main, éraflant la porte blindée. Enrique hurle. Je jubile. Hurles mon petit, parce que la torture ne fait que commencer.-Anthony! Amina! Emmenez moi ce fumier dans les cellules! Je veux qu'il soit face à celle de l'autre! Je veux qu'ils voient tous les deux la souffrance de l'autre!
Je me lève, comme Anthony. On parcourt la salle en quelques enjambées, puis on ramasse cet homme, que l'on traîne sans ménagement. Nous suivons la première traînée de sang. Au sous-sol, l'odeur de mort, de souillures et de putréfaction me prend au nez. Et j'adore. Sentir ça me rend plus forte. Parce que je sais que je suis puissante dans cet antre.
Nous longeons les couloirs en silence, jusqu'à apercevoir Giotto au loin. Alors nous savons qu'il a choisi les cellules ouvertes. Anthony ouvre celle face à celle du premier traître. Il jette Enrique dedans. Nous entrons et fermons la porte. Pedro aime quand nous commençons les tortures sur ses prisonniers. Parce que les nôtres sont douces comparées aux siennes. Si nous en aurions le droit, nous serions pour certains pire que lui.
Je reste près de la grille. Anthony surplombe Enrique. Je souris. Je sais qu'Anthony est fort, même si ça m'arrache la gueule de l'avouer. J'aime bien le voir faire du mal aux ennemis. Je suis peut-être un peu psychopathe sur mes bords, mais je vis pour ça.
Coup de pied dans la mâchoire. Je jubile. Sang. Coup de pied dans le dos. Je souris. Il a gémit. Je me détache de la grille. Anthony y va trop lentement. Il doit souffrir rapidement. Je sors mon couteau de ma poche.-Qu'est-ce que tu fais, princesa? Tu vas te casser un ongle, ironise Anthony.
-Ta gueule bermuda man. Tu joues à la fillette ou quoi?
-Et toi? Tu joues au tortionnaire?
-C'est mon métier, Anthony.Je lui lance un sourire en coin en le dépassant. Enrique recule. Recules mon bichon. Parce que je vais devenir un de tes pires cauchemars. Il rampe au sol. Comme la vermine qu'il est. Je l'attrape par le col de sa veste et le retourne. Je veux voir la peur dans ses yeux.
Je suis à deux doigts d'hurler de joie lorsque je vois ses yeux sortir de leurs orbites. Une odeur d'urine me prend au nez. Il s'est pissé dessus! Oh mon dieu! Je lâche un ricanement.-Tu es malade Amina.
-Cette mauviette s'est pissé dessus! Et je n'ai encore rien fait! Tu serais aussi heureux que moi Anthony la fillette si tu étais...
-Montres moi de quoi tu es capable, princesa.L'ironie dans la voix d'Anthony. Ce sarcasme qui sous-entend que je n'en suis pas capable. Ça m'agace! Même si je sais qu'il le fait exprès. Il m'a déjà vu à l'œuvre, il me connaît mieux que personne. Ce que je réserve à Enrique n'est qu'une mise en bouche de ma cruauté. Un canapé avant un buffet à volonté.
Je m'abaisse, m'installant sur Enrique, le maintenant en place grâce à mon corps. Je lui assène le premier coup de tête. Ses os craquent. Ce bruit de déchirure me ferait presque hurler. J'adore! Je lui ai cassé le nez. Il saigne. Il s'étouffe avec son sang. Que c'est bon!
Mais je ne m'arrête pas là. Je passe la lame de mon couteau sur sa joue, que je tranche d'un coup et d'un seul. Ça saigne. J'en ai sur moi, et j'adore. Je continue. Le cou. Il hurle de douleur. J'entends Anthony ronchonner derrière moi.-Qu'est-ce que t'as fillette? C'est trop dur pour toi de voir ça?
-Je me disais juste que tu n'es pas très belle avec ta bosse au-dessus du crâne, ricane-t-il en faisant référence à mon coup de tête.
-Je vais m'en remettre.
-Gardes en un peu pour Pedro.
-Tu n'es pas drôle.
-Je sais. Allez, une dernière douleur et on se casse, princesa.
-Avec plaisir.Je souris à Enrique qui peine à me voir avec son sang qui lui coule dans les yeux. J'attrape sa main. Celle transpercée par la balle de Pedro. Sa main de traître. Et j'y plante mon couteau. Fort. Et je tourne, je tourne, je tourne. Jusqu'à lui traverser entièrement la main. Il hurle! Il pleure! S'en est trop pour moi!
-Oh putain Enrique que c'est bon de te faire du mal! Appelles ta pauvre mère pour qu'elle voit quelle merde elle a mise au monde!
-On se casse Amina.La voix dure d'Anrhony me sort de ma jubilation. Quel rabat-joie celui-là! Je me lève tout de même. Parce que si j'abîme trop Enrique, je recevrais mes foudres de Pedro. Je crache sur ce traître. La trahison est impardonnable.
Je m'avance jusqu'à Anthony qui me regarde. Malgré tout, il sourit en coin. Je brandis mon couteau. Il lève les yeux au ciel.-À l'infirmerie tête dure, sinon tu seras défigurée.
-Je n'ai pas besoin de soins.
-Arrêtes de te faire la grande et pour une fois boucle la.Je ne rétorque pas et sors de la cellule, Anthony sur les talons. Il ferme à clé. Je croise le regard de Giotto. Ce regard rieur qui signifie "bien joué" et en même temps "vous n'êtes pas croyable vous deux". Je lui souris, fière de moi.
💠💠
💠Anthony ferme la porte de ma chambre, alors que je l'installe sur mon lit. J'attrape un chiffon qui traîne en-dessous et essuie mon couteau avec. Le sang d'Enrique se mélange à celui du autre. Qui? Je ne sais pas. Enfin, je ne m'en souviens plus.
L'homme aux bermudas me regarde quelques secondes avant de disparaître dans ma salle de bains. Je le laisse faire. J'espère qu'il fera de bonnes découvertes ce connard. Une fois mon couteau propre, je me laisse tomber sur mon lit, m'allongeant et fermant les yeux.
Soudain, je sens un corps lourd, musclé et chaud se poser sur le mien. J'ouvre les yeux, exaspérée. Anthony me fixe. Sa lèvre inférieure ressort. Ses cheveux longs s'échappent de son chignon à la con. Il est beau ce connard. Et ça m'énerve.-Dégages.
-Tu n'en fais qu'à ta tête.
-Tu n'es pas ma mère. Ni mon père.
-Heureusement.
-Je ne plaisante pas Anthony, dégages.Il sourit comme le gros con qu'il est. Je ne supporte pas cette position. Je ne supporte pas d'avoir un corps au-dessus de moi. Calmes toi Amina... C'est Anthony. Tu ne crains rien.
-Tu étais avec qui hier soir, Amina?
-Je ne sais plus.
-C'était un bon coup?
-Il se laissait dominé.
-Tu détestes être soumise.
-Tu ne sais pas de quoi tu parles Anthony. Dégages.
-Je sais tout de toi. N'oublies pas que j'étais là quand tu es arrivée.
-Je te le dis une dernière fois Anthony. Dégages ou je te plante mon couteau dans la cuisse. Personne ne se met au-dessus de moi.Et ces images de merde qui me reviennent en tête! Fait chier! Pourquoi? Pourquoi maintenant? Avec lui? Je sais les contrôler quand je suis seule ou avec d'autres hommes. Mais quand je suis avec lui, je suis... Non! Jamais!
Le corps chaud d'Anthony s'en va. Me laissant à la fois une sensation de froid, et de bien-être. Paradoxale. Je reprends mon souffle, n'ayant même pas remarqué que je l'avais retenu. Je me redresse. Et je sens directement un tissu humide essuyer mon front.-Ça serait con que ce sang gâche ta beauté, princesa.
Le timbre de sa voix. Putain! Il a comprit! Fait chier! Je ne réponds rien. Qu'est-ce que je pourrais dire de toute façon? Ce con aux bermudas lit en moi comme dans un putain de livre ouvert. Et ce depuis toujours. Il a su dès mon arrivée. Et il sait à chaque fois. Ce d'ailleurs pourquoi je déteste rester avec lui, et revivre tout ça. Il parvient à entrevoir mes instants de faiblesses. Et je ne dois pas me montrer faible face à un homme. Plus maintenant.
Putain! Tu n'es qu'un con Anthony Rodriguez! Un con j'apprécie autant que je déteste. Le seul con avec qui j'arrive à atténuer ma colère! TU FAIS CHIER ANTHONY! Je déteste quand tu emmêles comme ça mes pensées!

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La Sourde et la Brute
Romance"Parce qu'elle était une âme égarée Qui a rencontré son âme déboussolée; Il avait le talent de tuer Et elle celui de supporter; Il a suffit d'un seul regard Pour que chacun s'égare; Parce qu'il était un connard et elle un rempart Ils faisaient...