Point de vue: Marco
•Quelques jours plus tard•
Derniers coups à mon reflet. Parfait. Le complet trois pièces que je porte mets en valeur ma carrure, et c'est tout ce qu'il me faut. Je vais jusqu'à mon lit, où j'enfile mes chaussures cirées.
Je prends quelques instants pour regarder autour de moi. Je suis chez mi papá, à Bogotá. Enfin, je... plutôt nous. Évidemment, je suis venu avec Pedro. Il nous fallait aussi des accompagnatrices.
J'ai choisi Ava, et Pedro Marissa. Nous sommes ici depuis hier, et je n'ai même pas pu voir MON accompagnatrice. Si nous sommes ici, c'est pour festoyer avec nos alliés autour d'un dîner. Les plus proches de mon père et la tante.
De fil en aiguille, ils sont tous devenus amis. Pedro et moi les appelons les "ancêtres" entre nous. Il ne s'agit pas là d'un manque de respect, mais d'une touche d'humour. La seule dont Pedro est capable. Et moi aussi.
Je soupire. Il faut que j'y aille. Je suis attendu. Et j'ai déjà dix minutes de retard. Je me lève. Puis, je quitte cette pièce. Rapidement, je rejoins la salle à manger, où un brouhaha de discussion fusionne.
Lorsque j'entre, la plupart des regards se braquent sur moi. Pedro, mon père, Rico, et ma tante, Carmen, sont déjà présents. Évidemment. Ils sont toujours à l'heure.
J'avance en saluant quelques personnes. Je rejoins les membres de mi familia. J'embrasse mi tia sur le front. Je serre la main à mi papá. Et je pose ma main avec affection sur l'épaule de mi hermano.-Nous parlions de tes exploits, sourit mi tia.
-Mes exploits?
-Ces derniers temps, tu as fais preuve de beaucoup de courage, mais surtout de beaucoup de sang froid. Tu aides ton frère dès qu'il en a besoin, reprend mi papá.
-Mais ça l'épuise. Je t'ai dit de l'envoyer en vacances pendant les périodes de calme.Je regarde mi tia en souriant. Avec le temps, elle est devenue un peu ma seconde mamá, surtout qu'elle est sa sœur. Elle pense à nous, malgré toutes ses blessures passées qui ont failli la perdre.
-Ça va tia, je n'ai pas besoin de vacances.
-Si. Tu as d'horribles cernes. Et la niña aussi.
-La niña?
-La chica avec qui tu es venue.
-Ava?Je fixe mi tia, surpris. Des vacances avec Ava? Ce serait une erreur. Parce qu'elle et moi, seuls, ça déraperait vite. Trop vite. Mais est-ce-que j'ai envie que ça dérape? Oui. J'ai envie d'elle, de son parfum, de sus ojos, de tout.
-Oh! Tiens! En parlant du loup! Quelle jolie femme... N'est-ce pas Rico? demande mi tia à l'intention de mi papá.
-Elle me rappelle Shiappa à nos débuts, ricane mi papá.Shiappa, mi mamá. Mais je n'écoute pas vraiment. Mes yeux sont posés sur la silhouette merveilleuse d'Ava Santes. Divine. La robe grise sirène qu'elle porte, avec les manches longues en dentelle, est merveilleuse.
Ses longs cheveux sont relevés dans un chignon élégant. Elle porte de petites chaussures à talons. La robe les cache, mais je les entends. Et puis, il y a ce rouge à lèvres. Rose. Et sus ojos. Son maquillage naturel accentue sa beauté.
Bon dieu! Il faut que je me calme sinon je risque de ne pas assister à ce dîner et de kidnapper cette jeune femme pour la soirée! Mais ses hanches... Respire Marco. Elle est délicieuse. Tous les regards sont portés sur elle.
Mais aussi sur son amie. Je dévisage Marissa aussi. La belle brune porte une robe verte, longue, fluide. Il me semble qu'elle a un dos nu. Ses cheveux bruns sont lâchés, et son maquillage est tout aussi naturel que celui d'Ava.
Je jette un coup d'œil à Pedro. Au même moment où il me jette lui aussi un coup d'œil. Je souris. Il fait de même. Oui, mi hermano, on a de la chance. Ces deux jolies femmes sont là avec nous, pour nous. Et elles marchent vers nous.
Je me concentre de nouveau sur Ava. Sa démarche mal assurée, ses joues rosies. Elle est gênée. Elle me fixe. Et je crois que c'est moi, la cause de sa gêne. Elle fait tout pour le cacher, mais je le vois. Je le sens. Je le sais.
Ne me regardes pas ainsi, mi joya. Je t'en prie. Parce que je n'ai qu'une seule envie ensuite, t'embrasser. Je vois dans tus ojos le besoin de me plaire. Et même si nous ne nous parlons pas, même si nous avons eu cette trêve après nos meurtres, tu cherches encore quelque chose en moi.
Quoi? Je ne sais pas. Je ne sais pas ce que tu cherches. Je ne sais pas ce que tu veux. Qu'attends-tu de moi? Je n'ai rien à t'offrir. Je n'ai que la tristesse, la colère et le danger. Mais toi, tu ne mérites pas ça. Tu mérites tellement plus.
Finalement, les deux jeunes femmes arrivent face à nous. Marissa salue poliment mi papá y mi tia, et Ava signe. Je souris. Tu me fais honneur ce soir Ava. Par ta beauté, et par le rôle que tu m'offres.-Elle vous salue tous.
-Peux-tu lui dire qu'elle est ravissante? demande mi tia, plus sur le ton de l'ordre.Je me tourne vers Ava qui sourit chaleureusement à mi tia avant de se tourner vers moi.
"Remercies la pour moi."
-Ava sait lire sur les lèvres, alors elle te remercie.
-Oh! Mais de rien! C'est tout à fait remarquable comme...Je n'écoute plus mi familia. Non. Je suis plongé dans los ojos verdes de la jeune femme face à moi. Elle me sidère. Elle m'envoûte. Mierda, qu'est-ce qu'il t'arrive Marco? Elle me sourit légèrement. Putain... Je dois lui dire. Parce que j'en ai envie.
"Tu es magnifique, A-V-A."
J'attends sa réaction. Ses pommettes prennent une jolie teinte rose. Ses yeux s'écarquillent légèrement. Et son sourire s'intensifie.
"Merci. Tu es beau aussi."
C'est plutôt bon signe. Même si nous sommes toujours en froid, nous sommes capable d'échanger. Cette soirée sera-t-elle celle de la réconciliation? Je l'espère. Parce qu'Ava me manque. Et je n'ai pas honte de ça. Étrangement.
Je sais que je ne devrais pas. Je sais que ça ne se fait pas. Ni pour Camilla. Ni pour Ava. Toutes les femmes qui m'approchent tombent dans les ténèbres. C'est comme ça. Parce que j'y suis.
Égoïstement, j'ai envie qu'Ava le fasse. Mais, le problème, c'est qu'elle l'a déjà fait. Quand elle a tué pour moi. Elle est tombée. Comme Camilla. Camilla était tombée plus bas encore que moi.
Mais je sais qu'Ava ne tombera jamais réellement. Il y a ce quelque chose en elle qui fait qu'elle ne voudra jamais réellement de ce monde. Et ça, c'est les morts, les pertes, les douleurs qu'elle a vécu avant de connaître se monde.
Je sors de mes pensées lorsqu'une main se pose sur mon avant-bras. Mi tia. Et je remarque que tous les regards de mes proche sont braqués sur moi.-Chéri...
-Qu'est-ce qu'il y a tia Carmen?
-Tu ne nous écoutes pas.
-Oui, perdóname. Qu'est-ce que tu disais?
-Que nous devrions aller à table.
-Tu as raison.Pedro fait signe à Marissa, et ils partent ensemble. Tout le monde imite mi hermano et se dirige vers la grande table. Elle est dressée élégamment, sans trop en faire. À l'effigie de mi tia.
En parlant d'elle, elle vient m'embrasser la joue en se mettant sur la pointe des pieds. Je m'abaisse pour être un peu plus à son niveau. Mi papá hoche la tête en direction d'Ava. Je relâche mi mamá qui dépose sa main sur la joue, sans partir.-Je sais à quoi tu penses, mi hijo. Mais tu ne dois pas t'en inquiéter. Ava est une femme merveilleuse, qui n'a pas froid aux yeux. Elle a besoin de toi pour avancer. Rappelles toi de cela.
Sur ces mots, elle tourne les talons, rejoint mi papá et ils se dirigent ensemble jusqu'à la table. Je reste légèrement surpris par les paroles de mi tia qui font écho à mes pensées.
Je sais tout ça. Je sais. Mais j'ai peur. Et cette peur me fait reculer. Elle me fait attendre. Mais attendre quoi? Qu'elle fasse le premier pas, comme lorsque nous nous sommes embrassés et qu'il n'y a jamais eu de suite?
Voilà ce que tu es Marco. Un trouillard. Tu as peur de tes sentiments. Tu as peur de perdre ta valeur. Tu as peur pour ta fierté, ta réputation. Tout ce qui fait de toi un bon membre de cartel. Mais par-dessus tout, tu as peur d'elle.
J'ai peur de toi, Ava. Parce que tu peux faire de moi ce que tu veux si je te laisse trop m'approcher. J'ai peur de toi, Ava. Parce que tu peux me repousser. J'ai peut de toi, Ava. Parce que tu domine mon être sans le savoir.
Je sursaute légèrement quand une main froide se glisse dans la mienne pour me tirer. Je fronce les sourcils. Ava m'emmène de force à table. J'ai du rester trop longtemps dans mes pensées. Je la rattrape."On doit parler."
Elle me fixe.
"On doit aller à table."
"Alors on discutera à table."
"Ils vont nous voir. Nous ferons ça plus tard."
Elle semble mi-furieuse, mi-soulagée. Mais je n'en démords pas. Nous réglerons nos comptes lors de ce dîner. Qu'il y ait des gens ou non. Quelle le veuille ou non.
C'est alors à mon tour de l'amèner jusqu'à l'assemblée. Que la soirée commence.

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La Sourde et la Brute
Romance"Parce qu'elle était une âme égarée Qui a rencontré son âme déboussolée; Il avait le talent de tuer Et elle celui de supporter; Il a suffit d'un seul regard Pour que chacun s'égare; Parce qu'il était un connard et elle un rempart Ils faisaient...