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Point de vue: Amina

•Deux jours avant le réveil d'Ava•

Je regarde l'heure sur ma droite. Deux heures du matin. Ouais... C'est finit pour moi, je n'arriverais pas à me rendormir. La douleur dans mes côtes m'a réveillé. Ça n'a pas duré, mais ça m'a quand même réveillé. Bon... je ne vais pas rester couchée à me tourner les pouces.
Je décide donc de me lever. J'enfile un gilet et sors de ma chambre. J'aime bien la villa de Tumaco. Elle est grande et calme. Et je sais qu'il y a un magnifique jardin.
Au rez-de-chaussée, je passe par la cuisine afin de boire un verre d'eau. Ava... Elle ne s'est toujours pas réveillée. Je culpabilise. J'étais incapable d'agir. J'étais tétanisée par se trou en moi et la douleur. Je ne sentais mourir.
Elle a eu le courage de me défendre. De se battre quand j'en étais incapable. Jamais je ne l'aurais cru capable de ça. Elle a de la ressource. Et rien que pour ça, elle a tout mon respect. Celui que j'aurais dû lui donner dès son arrivée.

-Tu ne dors pas, princesa?

Je sursaute et me retourne. Ce n'est qu'Anthony. Je dépose mon verre plus loin sur le plan de travail, ce qui me permet de reprendre mes esprits. Il a changé depuis qu'ils sont venus nous chercher. Et ça me perturbe beaucoup trop.

-Non. Je... tu sais de toute façon.
-Encore ces images?
-Anthony...
-Je veux te parler Amina.

Je fais volte-face. Sa voix. C'est elle qui m'a eu. Il y a quelque chose dedans qui m'a hurlé de me retourner. Je le fixe. Ça me fair chier d'avouer que je le trouve beau. Torse nu, bronzé, musclé et tatoué. C'est pour ça que je te déteste Anthony. Pour ce que tu me fais ressentir.

-Je t'écoute.

Joues l'ignorante. Mais tu sais de quoi il veut parler. Et ça m'énerve. Parce que je me force à oublier. Il n'y a qu'avec lui que j'ai envie d'aller mieux. En cinq ans, je ne me suis jamais réellement confiée.

-C'est toi que je souhaite écouter, princesa. Pourquoi tu ne dis rien? Ça te bouffe trop.
-Ce n'est pas le moment Anthony.
-Au contraire. Je pense qu'il est temps.
-Je veux sortir.
-Jardin?
-Oui.

Il hoche la tête et me fait signe d'approcher. Je m'accroche donc à son bras. Et nous sortons. C'est C'est silence que nous nous enfoncons dans le jardin. La nuit est calme, et la pleine lune rend l'instant trop... romantique. Je suis légèrement mal à l'aise. Mais je ne dis rien.
La douleur dans mes côtes se réveille. Je resserre ma prise sur le bras d'Anthony qui s'en rend compte. Il nous arrête devant la piscine -une lubie de Pedro- et nous nous installons au bord de l'eau. Étant pieds nus, j'en profite pour plonger mes pieds dans le chlore.

-Tu as encore mal?
-Ça va. Je supporte bien la douleur.
-J'avais oublié que tu étais un peu sado, princesa.

Je ne réponds pas. Parce qu'il a raison. Mais pour moi, c'est une façon de me sentir vivante. De me libérer de mon passé. Même si je pense qu'il y a un meilleur moyen pour ça.
Je prends une grande bouffée d'air frais. Mes poumons se refroidissent et ça me fait un bien fou. L'espace de quelques minutes, il n'y a que moi. Moi et le calme. Pas de souvenirs affreux, pas même de douleurs physiques. Si seulement je pouvais ressentir cette paix constamment...
Je sursaute lorsque je sens une main chaude se poser sur ma joue. Elle essuie quelque chose. Je pleure. Ouais. Moi, Amina Cuevas, je pleure. Anthony m'attire à lui. Putain! Je déteste me montrer faible. Mais dans les bras d'Anthony, j'ai l'impression de ne pas être faible.

-Ava... Cette femme a su se montrer plus forte que moi en cinq putains d'années!
-Ne dis pas ça. Je ne connais aucune femme capable...
-Trois ans... être violée durant trois ans, ça tue... et dans ce fossé, je me suis revue à quatorze ans. Je ne veux pas être cette gamine apeurée. Je veux être forte. Mais j'ai peur. Quand je ferme les yeux, je revois mon beau père au-dessus de moi. Et ma mère qui sait et qui ne dit rien. J'ai tué cet homme, mais je n'oublie pas.
-Je sais, mi princesa. Mais tu es forte. Même si tu m'énerves et que tu es chiante, je te respecte pour ta force. Plus jamais on abusera de toi.
-Je ne suis pas chiante.

Je relève la tête, plongeant sans son regard caramel. Les reflets de la lune sur ses pupilles sont magnifiques. Je sens son cœur battre sous ma main. Je sens ses muscles sous ma main. Pourquoi faut-il que tu n'aies pas de tee-shirt Anthony?
Ses yeux parlent pour lui. Oui. Tu as changé depuis mon retour. Et tes yeux me disent pourquoi. Tu as eu peur que je ne reviennes pas. Moi aussi j'ai eu cette peur. Mais je suis là maintenant. Et je regrette ces cinq années passées à me disputer avec toi. J'avais juste peur des sentiments que tu me faisais ressentir.
Sans plus attendre, je me redresse totalement pour poser mes lèvres sur les siennes. Et ça explose. Ça brûle et ça pétille en moi. Il place une main à l'arrière de mon crâne pour intensifier notre baiser. J'aime quand tu me touches Anthony Rodriguez. Alors touches moi ce soir.
Je retire mes pieds de la piscine pour me mettre à califourchon sur lui. Mes mains glissent sur son torse dur. Comment ai-je fait pour résister cinq ans et le repousser autant? Je m'en veux d'avoir tout fait pour qu'il s'éloigne de moi.

-Perdóname Anthony. J'ai été odieuse avec toi des années.
-Ce n'est rien. On n'a pa une vie comme les autres. N'importe quelle relation peut devenir une faiblesse. Et je sais que tu as peur. Mais je suis là. Fais-moi confiance.
-Embrasses-moi au lieu de faire des promesses.

Je le sens sourire alors qu'il descend ses baisers dans mon cou. Prise de bouffées de chaleur, je laisse tomber mon gilet. Anthony ricane quand nous entendons l'objet tomber dans la piscine.
Les mains de mon amant se baladent sur mes bras nus pour rejoindre mes hanches. Il me soulève facilement. Je me retrouve allongée sur lui alors qu'il a reculé de la piscine. Ce serait bête de tomber dedans durant notre échange. Et ce qu'il va suivre.
Il glisse ses mains sous ma robe large. Je lui frappe le poignet. Je le trouve un peu trop gourmand. Je me redresse pour plonger dans ses yeux. Cette lueur de désir. Celle que j'ignorais chez les autres hommes mais qui fait plaisir chez lui.

-Je savais que tu étais une violente, princesa.
-Je suis au contraire plutôt douce. Seulement, tu es beaucoup trop à l'aise.
-Je te laisse au-dessus pour prendre les choses en mains?
-Je suis trop impatiente, ça ira vite, désolée.

Je m'abaisse pour déposer des baisers humides sur son torse bombé. Je l'entends grogner. Ses mains trouvent place sur ma taille. Il me soulève pour mieux me positionner sur son bassin. Et je sens. Je lève les yeux.

-Quoi? Tu me fais bander mi princesa.
-Tu es trop vulgaire Anthony. Mais je vais passer outre parce que j'ai beaucoup trop envie de toi.

Je me redresse et atttape les pans de ma robe. Je dois vite retirer tous ces habits. Mais Anthony me retient le poignet.

-Tu es sûre? On peut attendre tu sais, si...
-Je veux faire l'amour avec toi, Antho'. Alors fais moi jouir ce soir.
-Tus deseos son ordenes.

Je retire ma robe, et le temps que je me relève pour retirer ma culotte, Anthony retire son bermuda et son caleçon. J'avoue que je me rince l'œil. Mais il en fait de même. D'ailleurs, je pense qu'il aime ce qu'il voit.
Un court instant, il passe le bout de ses doigts sur mon pansement. Mais il ne s'y attarde. Heureusement. Je me redresse, le surplombant. Et pour une fois, je pense que je serais prête à être en-dessous. Pas ce soir. Mais plus tard.
Finalement, je me laisse retomber lentement le long de sa verge. Un gémissement me quitte, et il en est de même pour lui. Je me resserre contre son membre. En temps normal, je me serais protégé. Mais j'ai besoin de sentir se peau à peau, ce chair à chair, avec lui.
Je commence mes mouvements, à la même cadence que les siens. Nous sommes en osmose. Il attire mon visage au sien pour que nous échangions un baiser merveilleux. Intense, doux et sensuel. Mes seins frôlent son torse, ce qui intensifie mon plaisir. Et probablement le sien.
Rapidement, nous laissons tomber la patience et la tendresse. Lui comme moi avons besoin que cette tension présente depuis cinq ans explose. On a besoin de se libérer. Le plus vite possible. Alors nos mouvements accélèrent. On prendra notre temps plus tard.
Je me contracte, je sens son membre palpiter en moi. Je fais encore deux mouvements, et un soupire quitte mes lèvres lorsque je sens mon coprs se détendre ainsi que mon intimité s'anesthésier. Les muscles d'Anthony se détendent à leur tour, alors je comprends qui a éteint lui aussi l'orgasme. Je reste sur lui. Et lui reste en moi.

-J'ai plein de mini toi en moi.
-Ta gueule Amina, ricane-t-il.
-Moi aussi je t'aime, sale colombien de mes deux.

Je me penche sur ses lèvres pour les savourer. Tu me fais chier Antho'. Mais je ne peux pas me passer de toi.

La Sourde et la BruteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant