Point de vue: Marco
Et je regrette ce que j'ai écris. Dans son regard, je lis ce que je redoutais. Elle se demande si je suis capable de lui faire du mal, à elle. Non, mi dulce, je serais incapable de te faire du mal. Et c'est ça qui me bouffe! ¡Mierda!
Je reprends le carnet sans lui laisser le temps de réagir. Elle ne doit pas se poser ces questions. Non, mi dulce. Ne doutes pas de ta sécurité avec moi. Même si moi je doute de moi-même quand je suis à tes côtés. Elle est là depuis deux putains de jours! J'écris."Mais toi, n'aies pas peur de moi. Parce que je te protégerais. Tu es ma protégée."
Elle semble se détendre. Et je vois même ses joues rougirent légèrement. J'écris.
"Changeons de sujet. Tu sais donc parler la langue des signes et lire sur les lèvres?"
Elle prend le carnet. Elle affiche un maigre sourire. Plutôt de tristesse. Elle me le rend une fois qu'elle a écrit à son tour.
"Un peu. Je connais les bases de la langue des signes grâce à un homme, un sourd aussi, qui m'avait appris. C'était un voisin. Nous, nous étions toujours trop pauvres pour me payer des cours. Et lire sur les lèvres est devenue une solution. J'ai commencé avec mi abuelita, puis Nina et Sarah."
"Tu souhaites prendre des cours de langue des signes, mon bijou?"
"Comment cela?"
"Nous pouvons mettre en place des cours de langue des signes. Pour que je puisse te comprendre."
"Me comprendre? Tu es prêt à apprendre la langue des signes? Un mafieu qui apprend la langue des signes?"
Elle tend le carnet en riant. Son rire étrange et rauque. Celui qu'elle a essayé de cacher hier. Celui que j'ai aimé. Malgré moi. Alors j'hoche la tête, même si elle se moque un peu de moi. Elle se calme un peu. Le silence finit par revenir, et je n'ose pas le briser. En vingt ans de présence dans le cartel familial, je n'ai jamais ressenti un tel moment de paix. Même avec Camilla.
Ce n'est pas le moment de ressasser le passé. Je me tourne lorsque j'entends la porte de ma chambre s'ouvrir. Giotto, un des hommes de mon frère, passe sa tête dans l'encadrement. Lui aussi a été soigné. Il était avec moi lors du règlement de compte de ce matin.-Giotto?
-Pedro fait une réunion d'urgence. La chica doit venir.
-On arrive.Il jette un coup d'œil sur ma gauche, puis ferme la porte en disparaissant derrière. Je me concentre de nouveau sur Ava. Elle serre contre sa poitrine son carnet. Elle a comprit. Alors on ne va pas s'éterniser. J'enfile mon tee-shirt à la va-vite.
Je me lève, elle en fait de même. Je glisse discrètement un regard sur sa tenue. Maravilloso. Amina a fait de bons choix. Je ne m'attarde pas, quittant la pièce. Ava est sur mes talons. Nous arrivons dans la grande salle de séjour, où nous tous sont réunis. Je m'avance pour rejoindre mon frère. Ava reste debout, ne sachant où se mettre. Moana lui fait signe de s'installer à côté d'elle.
Pedro se lève. Moana prend le carnet. Elle va écrire tout ce que dira mon frère. Ce dernier dévisage chacun de ses hommes ici présent. Ceux qui étaient là ce matin. Et les autres. Ceux qui sont dans le coin. Même si d'autres sont éparpillés partout dans le pays. Nous sommes tellement que je ne connais pas le chiffre exact. Seul Pedro le sait.-Bien, tout le monde est présent, raisonne la voix grave de mon frère. Je ne vais pas tourner autour du pot. Ce matin, comme vous le savez, Marco et ses gars ont été prit pour cible. Et apparemment, un des hommes qui a essayé de tuer mon frère lui a parlé. Vous savez ce que ce bastardo lui a dit avant de se retrouver avec une balle entre les deux yeux? Qu'il savait qu'on avait Ava Santes avev nous! Que Sarah la puta est morte! Et que son jefe voulait se venger sur la chica!
Un long silence suit le discours de mi hermano. Moana montre le carnet à Ava. Elle lit. Tous ont les yeux rivés sur elle. Et ça m'énerve! Elle finit par lever les yeux. Sur moi. J'ai tué un homme ce matin, mi dulce, mi joya. Je sais. Ça te fait peur. Elle pose ensuite ses yeux sur Pedro qui l'a regardé. Ce regard, je le connais. Il la considère comme...
-Alors pourquoi on ne la laisse pas partir? intervient un homme, qui se fait appeler T.
Il est au premier rang. Malheureusement pour lui. Parce que mon frère dégaine son arme et la braque sur lui. Tous retiennent leur souffle. Ava émet un bruit de surprise. Ses yeux sont écarquillés.
-Parce qu'elle fait partie de notre familia!
Le coup part. Dans le genou. Rotule cassée. Il est à terre. Ava a hurlé, enfin, c'était plutôt un son sourd et atroce. Je ne m'attache à cet homme au sol qui gémit comme un bébé. Non. Je regarde Ava. Qui elle me regarde.
Nous sommes à quelques places l'une de l'autre. Elle est plus près de cet homme que moi. Je vois dans ses yeux cette peur. Je ne peux m'empêcher de ressentir ce pincement dans ma poitrine. Je lui fais signe de venir. Parce que ses larmes me tuent.
Elle ne se fait pas prier et se lève. En un millième de seconde, elle est dans mes bras, pleurant à chaudes larmes. Je regarde mon frère. Il n'en a pas fini. Et moi aussi je bouillonne. Putain! Je frotte le dos d'Ava, histoire de la réconforter un minimum. Je ne peux même pas lui chuchoter des mots réconfortants...-L'information du meurtre de Sarah et de la détention d'Ava était confidentielle. Jamais cet homme aurait du savoir ça! Je serais clément si le coupable se manifeste maintenant. S'il ne dit rien... Il verra. Giotto, Bennet, emmenez moi ce bastardo en cellule.
Les deux hommes s'exécutent. Laissant une traînée de sang. Je fais signe à Moana de me donner le carnet. Elle se lève, sous le regard d'Alejandro. Elle s'installe à mes côtés, poussant Amina sur Anthony, ce qui fait râler la blonde et le fan de bermuda. J'écris. Ava se redresse.
"N'aies pas peur, c'est pour toi qu'il fait ça. Il a des taupes ici. Cet homme en était une, c'est pour ça qu'il t'a menacé. Mais il y en a un autre."
Elle écrit aussi.
"Ne tuez pas pour moi! S'il te plaît, dis-lui!"
"On doit agir. Trahison mon bijou. On doit. Ils pourraient être dangereux pour toi."
"Je n'en vaux pas la peine!"
"Quand bien même, ils ont trahit le cartel. Si ce n'est pas pour toi, c'est pour le respect de notre nom."
"Tu as tué un homme?"
Je plonge mon regard dans le sien. Je ne sais pas ce qu'il dit. Je n'arrive pas à lire en elle en cet instant. Pedro est toujours debout, à dévisager chacun des hommes ici présent. Moana se tourne vers moi, ce qui attire mon regard.
-Fais attention à ce qu'elle voit, Marco.
-Elle doit savoir un minimum.
-Elle tremble comme une feuille.
-Je sais ce que je fais Mo'.
-Je m'inquiète juste pour elle.
-Tu n'en as pas besoin.Après notre échange de murmures, je me concentre de nouveau sur la jeune femme blottie dans mes bras. Je sais qu'elle a mal! Je sais qu'elle a peur! Je sais tout ça! Je sais! ¡Mierda! Et je fulmine à l'intérieur. Je n'ai qu'une seule envie, descendre torturer cet homme, et celui qui suivra. Et ça aussi, ça m'agace!
La main gelée d'Ava sur mon poignet me fait presque immédiatement décolèrer. Presque. Elle me regarde de ses grands yeux verts. Et je me liquéfie sur place. Depuis quand suis-je aussi faible face à une femme? Face à de putain ojos verdes de mierda?
Je regarde mon frère. Lui, il bouillonne. Je suis le seul à le savoir. Pour les autres, il est calme. Pour moi, il va exploser. Comment je le sais? Parce que c'est mi hermano, et que je le connais par cœur. Comme lui me connaît par cœur.
Personne ne voit. Mais moi si. Son sourcil gauche tressaute. Ce sont ses nerfs qui agissent. Je vois aussi sa main crispée sur son arme. Il connaît l'identité du second traître. Celui qui n'a pas l'audace du premier pour cramer sa couverture. Quand il braque son arme vers l'entrée de la maison, je comprends. Il l'a vu. Tous tournent la tête. Je sais.
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La Sourde et la Brute
Roman d'amour"Parce qu'elle était une âme égarée Qui a rencontré son âme déboussolée; Il avait le talent de tuer Et elle celui de supporter; Il a suffit d'un seul regard Pour que chacun s'égare; Parce qu'il était un connard et elle un rempart Ils faisaient...