La Sourde et la Brute

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Point de vue: Anthony

Est-ce que c'est normal de stresser comme un putain de chico de douze ans qui a peur de se faire gronder par su madre? Anthony, qu'est-ce qu'il t'arrive mon vieux? Depuis quand as-tu peur de ce qu'Amina peut dire?
J'inspire, souffle l'air et entre sans frapper dans la chambre de ma... on est quoi d'ailleurs? Non mais parce qu'à part faire l'amour, on n'a pas vraiment discuté de tout ça. Et je suis un homme qui aime que toute relation soit définie.
Je lui demanderais. De toute façon, on devra forcément en parler. Amina me fixe de ses yeux marrons qui parviennent en quelques secondes à m'hypnotiser. Elle se lève alors qu'elle était assise sur le lit.

-Antho'? Ça va?
-Oui, ça va.
-Tu es sûr?
-Pourquoi ça n'irait pas?
-Pour être honnête... je te trouve changé depuis l'attaque d'hier.

Je ne réponds pas immédiatement. Mes yeux se posent sur les sacs de vêtements au pied de son lit. Après l'événement d'hier, Marco a appelé son frère qui a décrété que nous rentrerons aujourd'hui. Mais j'ai demandé à mi jefe une permission de deux jours. Incluant Amina. Je dois l'emmener quelque part.

-En fait... j'aimerais t'emmener avec moi, pour te présenter quelqu'un. Enfin, deux personnes.

Elle s'arrête face à moi en fonçant les sourcils. Lorsqu'elle croise ses bras, l'air sérieux, le doute s'installe en moi.

-Et Pedro ne dira rien?
-Pedro est d'accord. Enfin, j'ai demandé à Marco de demander à Pedro mais...

La fausse blonde me fait taire avec un léger baiser. Une habitude qu'elle a prise et qui me plaît énormément. Elle me sourit, fière d'elle. Ouais... je ressemble vraiment à un con. Je bégaie comme un adolescent face à la populaire du lycée!

-Eh bien, je suis partante.
-Alors prends tes affaires et suis moi.
-Et la galanterie? Tu es vraiment un colombien de mes deux.
-Tu ne m'aurais pas laissé faire! Allez! Dépêches toi! On a de la route à faire.
-J'espère pour toi, Anthony, que ce n'est pas un plan foireux. Sinon je me ferais un plaisir de te planter ma lame dans la gorge pour men sortir, me prévient-elle en m'assassinant du regard.

Je ne rétorque pas. Parce que je sais qu'elle en serait incapable. Alors je prends un de ses sacs avant de quitter sa chambre. Et elle me suit sans un mot. Qu'est-ce que ça fait du bien quand elle ferme su boca!

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Point de vue: Amina

Le panneau annonçant la ville de Cali passe sous mes yeux. Bon... on n'est pas loin de Pereira, c'est une bonne nouvelle, non? En réalité, je suis terrorisée à l'idée de passer du temps seule avec Anthony. Ouais... je lui ai dit que je l'aimais. Mais ça ne veut pas dire que... que quoi? Je me voile la face. Ça veut tout dire.
Ça veut dire que je pourrais donner ma vie pour la sienne, et ça me fait peur. Mais après tout, y a-t-il de l'amour sans peur? Ouais... ça craint, je deviens philosophe et sentimentale. Faut que je me reprenne.
Mais il y a ce poids sur mes épaules. D'accord, Anthony et moi couchons ensemble. D'accord, je l'aime. D'accord, il m'aime. Bien qu'il ne me l'ait pas dit, je le devine. Mais, et après? On est quoi? Ensemble? Amis avec option? Ou plan cul? J'ai besoin de savoir. Mais il ne dit rien!

-Respire Amina, je ne vais pas te tuer et t'abandonner dans la forêt.
-Je te tuerais avant que tu en aies le temps.
-C'est bien ça le problemo. Tu me ferais presque peur.

Je ne réponds pas. Ouais... c'est rare. Mais je réfléchis trop. Et ça m'énerve! J'aurais presque envie de le frapper tant ce qu'il me fait ressentir m'est trop inconnu. Et puis son sourire en coin! Et son rire à la con! Son regard caramel de merde! Et...
Anthony se gare devant une grande maison jaune. Je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'on vient faire devant cette maison complètement reculée de la ville et perdue au milieu d'une forêt? Oh putain!