La Sourde et la Brute

26

Point de vue: Ava

Je regarde l'heure. Une heure du matin. Je n'arrive pas à dormir. Felicia s'est endormie dans mon lit. Alors je suis allée dans la chambre de Marco. Mais il n'était pas là. D'ailleurs, il n'est toujours pas là. Felicia ne m'a pas parlé de mission ou de rendez-vous. Alors je ne sais pas.
Je plonge ma tête dans l'oreiller. La merveilleuse odeur de Marco. Boisée, sauvage, enivrante. Comme lui. Comme le baiser que nous avons échangé hier. Cette pensée en amène une autre. La façon dont il m'a sermonné. Je ne suis pas sensée être là! Je lui fais la gueule de base!
Je me redresse -lentement- et une fois sur mes deux jambes, j'essaie de refaire un minimum son lit. Je ne veux pas qu'il sache que je suis venue ici. Je sens un courant d'air caresser mes jambes nues. J'aurais dû mettre un pantalon au lieu de me promener en simple tee-shirt.
Je fais donc volte-face. Pour croiser deux yeux noirs. Marco. Je me redresse, une main dans le bas de mon dos. Il avance après avoir fermé la porte. Et je vois. Il boîte. La pénombre ne m'aide pas. Alors j'allume la lampe de chevet. Assez puissante pour que nous puissions bien nous voir.
Il a la jambe en sang... IL A LA JAMBE EN SANG! Je m'empresse de le rejoindre pour l'aider à avancer. Mais il me repousse. Non, Marco, ne me repousses pas. Je fronce les sourcils. Il signe maladroitement.

"Ta blessure au dos."

J'avais oublié ce détail. Mais lui aussi est blessé.

"Je vais chercher F-E-L-I-C-I-A."

"Elle s'occupe des filles."

"Les filles?"

"Elles sont blessées. Mais ça ira."

"Je reviens."

Je vais le plus vite possible jusqu'à ma chambre où Felicia a laissé son matériel qu'elle utilise pour moi. J'attrape des compresses et du désinfectant. Ainsi que la trousse pour recoudre. On verra ensuite par rapport à la blessure.
Je retourne dans la chambre du brun, où je le retrouve assis sur le lit, son pantalon retiré. Il éponge son sang avec son tee-shirt. Donc... il est juste vêtu de son caleçon... Respire Ava.
Je m'avance vers lui puis m'agenouille. Je lève rapidement les yeux vers lui. Il me fixe en silence. Puis, sans que je ne m'y attende, il me tire, soulève mon tee-shirt et regarde mon bandage. Je me dégage de son emprise pour reprendre ma place.

"Ta blessure? Ça va?"

"L'infection est passée. F-E-L-I-C-I-A a retiré le drain. Je vais bien. Et toi? Qu'est-ce qui s'est passé?"

"La même mission que pour toi. J'ai été distrait une seconde. Ça va, c'est juste une éraflure."

Je ne réponds rien. Je dévisage son coprs. Il a des tatouages partout. Mais aussi des cicatrices. Beaucoup de cicatrices. Alors c'est ça un corps de grand mafieu dangereux?
Je sors de ma rêverie et applique du désinfectant sur deux compresses. Désolée Marco, mais ça va piquer. Je sens sa cuisse se tendre sous la douleur. Mais ce n'est rien de grave. D'ailleurs, il se détend rapidement.
Je sors une compresse propre et saine, la pose sur sa plaie désinfectée qui ne saigne plus beaucoup, puis maintient le tout avec de l'adhésif médical. Tu auras le droit à une épilation gratuite demain, Marco. Je range rapidement le tout, que je laisse au pied sur lit. Marco s'agite. Je le regarde.

"Qu'est-ce que tu faisais dans ma chambre?"

"F-E-L-I-C-I-A dormait dans la mienne, j'ai préféré venir ici."

Je reste debout devant lui, ne sachant quoi faire. Il me quitte des yeux afin de s'installer dans son lit. Bien... bonne nuit monsieur ronchon. Je tourne les talons et me dirige vers la porte qui lie nos deux chambres.
Mais je reçois un truc dans mon dos. Je me retourne pour voir que monsieur Marco Esteves vient de me lancer un stylo! Non mais je rêve!