J'emmène mes deux amies dans la chambre. On sera au calme. Et ça me permettra de me reposer. La journée vient à peine de commencer que je veux déjà retourner me coucher. Ils ont le don de m'épuiser jusqu'à l'os dans ce cartel de mierda.
Une fois que je suis installée confortablement parmi tous les coussins, je fais signe à Moana et Amina de venir avec moi. Elles s'exécutent. Elles se mettent toutes les deux face à moi, histoire que je puisse bien voir leurs signes.
Je ricane en voyant la mine renfrognée d'Amina et celle énervée de Moana. Elles lèvent les yeux vers moi, ce qui me fait encore plus rire. Mon rire doit être ignoble à entendre, mais là tout de suite, je m'en fiche pas mal. Parce que ce spectacle mérite tout l'or du monde."Pourquoi tu ris?" demande Amina.
"Ce sont vos têtes qui me font rire. Un mois sans combat, ça ne va pas vous tuer."
"Tu ne peux pas comprendre."
"Si, je peux comprendre. Mais vous ne comprennez pas que c'est important que vous restiez ici pour guérir."
"Ça ne t'énerve pas de ne pas pouvoir sortir de ta chambre ou de la maison?" me demande Moana.
Si ça m'énerve? Oui. J'ai l'impression d'être une handicapée. Même si je le suis, dans un sens, avec ma surdité. Mais j'ai l'impression que pour Marco, le meilleur moyen de m'aider, c'est de m'enfermer dans ma chambre.
Sauf que je ne suis ni Cendrillon, ni Raiponse, et encore moins la princesse Fiona. J'aimerais pouvoir au moins me déplacer seule, sans qu'il soit obligé de m'envoyer Giotto et Moana pour m'emmener à la cuisine chercher un fruit!"Ça m'énerve."
Amina se tourne vers Moana en levant les bras au ciel. Ce qui signifie "ah tu vois!". Je souris brièvement.
"Ils pensent pouvoir nous donner des ordres tout ça parce qu'ils sont proches du chef et que nous sommes des femmes."
Je fixe Moana, dubitative. Alejandro, Anthony, Pedro et Marco machistes? Oui. Elle n'a pas tort. Nous sommes dans un cartel. Eux, ce qu'ils voient, ce sont des femmes fragiles qu'il faut protéger et qui représentent un poids pour leur business.
Ça aussi, ça m'énerve. Nous sommes autant capables qu'eux! Voir plus! Quand je vois Amina et Moana, je sais qu'elles sont plus fortes qu'une grande partie de ce cartel. Cartel composé que d'hommes. À l'exception de Felicia, Sophia, Moana, Amina et moi."Je n'adresse plus la parole à A-N-T-H-O-N-Y. Même si c'est mon petit-ami."
"Je fais pareil avec A-L-E-J-A-N-D-R-O."
"Toi, tu l'aimes mais tu ne l'assumes pas."
Moana m'offre un doigt d'honneur. Amina semble soudain intéressée par mes "propos".
"Continues A-V-A."
"Je n'ai rien de plus à dire. M-O-A-N-A est amoureuse d'A-L-E-J-A-N-D-R-O. Mais elle n'assume pas. Pourtant ça se voit. Si tu pleures pour un homme, juste pour une dispute d'enfant, alors tu l'aimes. Regardes comment elle agit. Elle l'évite depuis qu'il l'a repoussé."
"Repoussé? A-L-E-J-A-N-D-R-O t'a repoussé?"
"Il m'a juste dit qu'il ne voyait plus l'intérêt que l'on s'entraîne ensemble une fois ma formation finit."
"Tu es sûre? Il nous a dit..."
Amina n'a pas le temps de signer la fin de sa phrase que Moana se jette sur elle, se retrouvant au-dessus. Elle l'attaque de chatouilles. Mais... je crois qu'Amina n'aime pas ça.
Elle repoussé violemment Moana qui tombe au sol. Je la regarde. Son visage est tirée. Il est simple d'y lire colère et... peur? Moana se redresse, fusille Amina du regard et revient s'installer sur le lit. Amina baisse la tête.

VOUS LISEZ
La Sourde et la Brute
Romance"Parce qu'elle était une âme égarée Qui a rencontré son âme déboussolée; Il avait le talent de tuer Et elle celui de supporter; Il a suffit d'un seul regard Pour que chacun s'égare; Parce qu'il était un connard et elle un rempart Ils faisaient...