Chapitre 12

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16 janvier.

Depuis le nouvel an, je voyais Wilfred très régulièrement et malgré moi je commençais sérieusement à en tomber amoureuse, la raison me quittant peu à peu. Aujourd’hui, une fois de plus, j’étais sortie avec lui. Je voyais bien les regards désapprobateurs et le petit air satisfait de Julia qui se frottait les mains à l’idée de savoir que je ne m’intéressais pas au prince mais peu m’importait. Nous avions pris le chemin de la forêt pour nous installer dans une clairière calme où chantaient les oiseaux. Nous avions l’air d’être dans une comédie romantique mais pourtant tout était bien réel.

- Alors Mademoiselle parlez-moi un peu de vous.

- Eh bien je m’appelle Hélène, j’ai 17 ans presque 18, je suis fille unique, j’aime le chant, le piano, la danse, la pâtisserie et l’équitation. Si un jour on m’empêchais de faire l’une de ces activités il y aurait un manque dans ma semaine car ce sont mes passions et elles me procurent un bien fou et sutout elles me sont d’une grande utilité au quotidien car c’est par elles que je travaille ma patience, mon lien aux animaux ou ma rigueur. Je suis la princesse d’Argentine mais ça m’arrive souvent de rêver d’être quelqu’un d’autre, quelqu’un de plus banal. Mon animal préféré est le cygne et je crois que j’ai correctemetn tréussie à me résumer en quelques mots et vous ?

Il avait perdu son grand sourire pour en adopter un de plus nostalgique. Il ne trouva visiblement pas de réponse puisqu’il me lâcha, presque lassé qu’il n’y avait rien à dire sur lui. Je tentais de le stimuler, légèrement piquée au vif par son mutisme. 

- Il y a toujours quelque chose à dire, vous avez des passions, des frères et sœurs ?

- Oui j’ai une petite sœur…

Après avoir prononcé ces mots il se mit à fuir mon regard. Ce jour-là je l’avais senti réticent à se livrer et j’avais mis cette réticence sur le fait qu’on ne se connaissait que depuis peu. Je décidais de dévier la conversation qu’il avait initialement lancée et après avoir pique-niquer, l’ambiance étant redevenue détendue. Sortir loin du palais me fit du bien, je me sentis revivre, que voulez-vous la liberté est trop précieuse pour m’être enlevée. Après avoir mangé la dernière fraise j’enlevais mes hauts talons et me mis à danser pieds-nus dans l’herbe fraiche de la clarière sous le regard amusé de mon camarade de sortie. Je n’irai pas jusqu’à imiter Salomé d’Apollinaire mais je m’amusais bien, exagérant les gestes. Enfin pour conclure la journée entre amis, il m’emmena admirer le soleil couchant qui nous baigna de sa lumière avant de s’éteindre tout à fait en laissant sur son passage des sillons colorés.

Nous rentrâmes, trop rapidement à mon goût, au château pour le dîner. Avant d’entrer dans la grande salle à manger, je lui demandais s’il pouvait me faire la faveur de me tutoyer. Il acquiesça à la condition que je fasse de même pour lui. Le dîner avec tous les élèves se fit dans un vacarme que j’aurais habituellement trouvé dérangeant mais pas aujourd’hui. Aujourd’hui la plus grosse météorite pouvait s’écraser sur la planète, au seau d’eau glacé pouvait dégouliner sur moi, je n’en aurais que faire. Le sourire que j’arborais lors du dîner serait resté scotché à mes lèvres. Je devais d’ailleurs avoir un air niais puisque Anne-Elisabeth me taquina sur mes cheveux décoiffés et mes joues rouges. Puis d’un air qui se voulait confident, elle me demanda si j’avais croisé son frère aujourd’hui. Je lui répondis que non mais que cela ne me dérangeait pas étant donné que je n’avais vu le prince qu’une seule fois suite au bal, au détour d’un couloir. Elle parut déçue mais cela ne dégrada pas la bonne ambiance. Encore une fois je n’avais pas pu admirer son visage puisqu’il portait un masque.   

Journal D'une Princesse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant