Chapitre 22

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21 avril

Aujourd’hui allait avoir lieu l’enterrement de mes parents, et par conséquent mon couronnement en tant que reine d’Argentine. J’avais tenté de le repousser pour fixer la date le plus tard possible, mais il fallait bien qu’il ait lieu un jour, il fallait que le pays ait de nouveau un souverain. Après l’annonce de leur mort j’avais passé ma semaine à me morfondre dans ma chambre, ne descendant plus manger avec les élèves, et pour éviter la colportassions de fausses rumeurs l’on avait annoncé à tous que j’étais souffrante ce qui expliquait mon absence aux repas et aux cours. Les professeurs avaient été mis au courant de ma situation et m’envoyaient les cours par mail pour que, lorsque tout ceci sera terminé, je puisse reprendre les cours s’en être tout à fait perdue. Ce que je trouve incroyable est que Killian avait tenté d’être le plus présent pour moi, pour me réconforter, pour me consoler, pour m’écouter. Il était aux petits soins avec moi et je voyais bien que devoir me laisser pour aller travailler était difficile pour lui car il craignait de me laisser seule. Cependant Lila prenait assez rapidement la relève pour qu’il ne s’inquiète pas trop. C’est pourquoi je lui avais demandé de partir en Argentine avec moi, car je savais que c’était dans mon pays d’origine quue j’allais avoir besoin de réconfort, plus que de nature. Il l’avait compris c’est pourqoi il avait accepté, s’arrangeant avec son père pour déplacer ses tâches de prince de quelques jours. Anne-Elisabeth ne voulant pas me lâcher d’une semelle, avait tenu à être du voyage, au grand dam de sa mère qui espérait que sa fille suive les cours. Malgré cela la reine Alice avait été d’une grande aide et avait tenu à me présenter ses plus sincères condoléances. Nous étions arrivés hier, tard dans la nuit et, malgré tous mes efforts, je n’ai pas réussi à dormir cette nuit. Killian s’était assoupi bien vite et, contrairement aux autres nuits que nous avions pu passer ensemble, je ne parvins pas à trouver le sommeil dans ses bras. A chaque fois que mes paupières se fermaient je voyais un homme couvert de la tête aux pieds tuant mes parents avec une arme, là encore floutée. Je me levais donc bien trop tôt et me préparais en vue de cette événement funeste, en sachant qu’une très grande partie de l’Argentine serait présente pour honorer la mémoire de mes parents. En arrivant à l’église, il me sembla que je n’avais pas tout à fait imaginé le nombre de personnes qui seraient présentes. En effet il y avait foule aux pieds des marches de l’église, et le lieu sacré en lui-même était déjà surpeuplé. A mon arrivée tous s’inclinèrent bien bas en signe de respect, sachant que j’étais l’héritière de la nation. Je présidais la célébration et me trouvait en tête de cortège qui amenait les corps sans vie de mes parents, pour les mettre en terre. Je fus entourée par un cordon de gardes qui de par la menace qui avait attaqué la royauté tenaient à être plus vigilants que jamais . Je ne pouvais m’empêcher d’avoir de la colère envers ces soldats qui n'avaient pas su protéger mes parents.  Arrivée à la sépulture de mes parents je restais droite, la tête haute avec un port altier, presque impassible, et pourtant à l’intérieur de moi seule la destruction vivait, comme si un cataclysme avait agi sur moi. J’eus l’impression que mon cœur était envahi par des milliers d’épines et je ressentis un vide et une solitude qui me semblaient sans fond. Une fois tous le peuple parti et le corps de mes parents enterrés, je fis signe aux soldats de s’éloigner pour me laisser un instant seule. Je m’agenouillais devant la tombe où étaient gravés ces quelques mots : ICI GISENT SA MAJESTE LE ROI SAMUEL ET SON EPOUSE SON ALTESSE LA REINE ELISE et déposais lentement, comme si je leur adressais un adieu, une rose blanche qui rejoignit des centaines d’autres roses, les roses des enfants qui ne les avaient pas jetés lorsque le trou était ouvert. Pour ma part je n’en avais tout simplement pas eu la force. Je me relevais, les larmes coulant au fil des secondes, et je tentais d’étouffer un sanglot et pourtant, la tristesse était si intense que je ne tins plus sur mes jambes et tombait à genoux au sol.

-       Estoy aqui para ti mi princesa, estoy aqui. Ça va aller

Je me réfugiais dans ses bras et pleurait tout mon soul. Je rêvais de le remercier pour tout ce qu’il avait fait et était en train d’accomplir pour moi.

-        je serais toujours là pour toi Hel, je te l’ai promis…

-       Je sais…. Et je t’en remercies.

A cet instant ma seule source de réconfort c’était lui. Je me blottis donc dans ses bras le regard toujours fixé vers ces petits blocs de pierres marqués. Le soir lorsque je revins au palais, on aurait dit une fourmilière même si les tableaux de mes parents étaient voilés de noir, comme l’exigeait la tradition. Je montais directement les escaliers, ne voulant pas entendre parler de mon couronnement qui devait se dérouler le lendemain et me réfugiais dans mon ancienne chambre, cette chambre dans laquelle ma mère avait pour habitude de me lire une histoire lorsque j’étais petite. Cette même chambre où mon père m’a appris à admirer les étoiles lors des chaudes nuits d’été, cette pièce qu’il m’avait aidé à personnaliser pour que je me change les idées après cet événement traumatisant qu’est la mort de son petit ami. Toutes les pièces du palais étaient marquées par l’empreinte de mes parents. Alors que j’étais allongée dans mon lit, totalement dépourvue d’énergie, Anne-Elisabeth vint me voir pour tenter de me remonter le moral sans succès puis Killian vint me rejoindre, après avoir congédié sa sœur.

-       Tu te souviens dans mon jardin secret lorsque je t’ai demandé d’oublier mes paroles sur le pouvoir du piano sur moi.

J’hochais la tête en me faisant la réflexion qu’il avait mal choisi son moment pour en parler

-       Le piano est entré dans ma vie lorsqu’il y a deux ans j’ai perdu ma grand-mère maternelle. Sa mort n’a pas été annoncée dans les médias puisqu’elle n’était pas de sang royal. L’annonce de son décès m’a donné un coup et l’enterrer alors que c’était ma première confidente était un supplice.  Et puis un jour ma mère m’a dit une phrase que je n’oublierai jamais et que je me répète lorsque je vis des jours difficiles :  Si une personne te manque, alors prend sa photo et ferme les yeux. Laisse ton esprit se remémorer tous les bons moments partagés, et à ce moment-là tu n’auras jamais été aussi proche d’elle.        

Journal D'une Princesse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant