24 janvier 2022
Aujourd’hui si j’avais la possibilité de revivre ce 24 janvier, je le vivrais avec certaine mélancolie mais en cette année 2022, je m’en souviens encore très clairement, j’étais emportée par la colère d’avoir été trahie par un être qui m’était devenu très cher. Ma journée avait difficilement commencé dès l’aurore, la rosée venait à peine de déposer ses fines gouttelettes sur les brins d’herbe du parc. J’avais vu Wilfred régulièrement après le bal et j’avais de plus en plus de mal à ne pas penser à lui, à ses yeux bleus, son sourire qui me faisait fondre comme un sorbet au soleil, à sa gentillesse et à sa force à toute épreuve, il me hantait littéralement et pourtant cela ne me dérangeais pas. Je me levais donc avec discrétion pour ne pas réveiller Ada qui dormait à poings fermés, mignonnement emmitouflée dans sa couverture, et mis ma tenue de cavalière afin d’aller faire une petite virée matinale avant de débuter ma semaine. Je descendis donc les escaliers me dirigeant vers les écuries lorsque je surpris des bribes de conversation entre deux hommes et la voix de l’un d’eux me parissait atrocement familière
- …. Tu devrais lui dire la vérité
- Je ne peux pas, pas après tous ces moments partagés, si tu savais comme je me suis senti bien avec elle, je n’ai jamais ressenti cela pour personne.
Etant malheureusement d’un naturel curieux, je m’approchais du couloir d’où provenaient les voix tout en veillant à ne pas être repérée. Je vis alors Wilfred, dont j’avais reconnu la voix, et ce que je présumais être le prince en pleine discussion, discussion qui paraissait assez houleuse comme si l’un faisait des reproches à l’autre.
- Killian, elle croit que tu es un majordome et que tu t’appelles Wilfred, sauf que Wilfred c’est moi, et tu le sais. Tu ne pourras pas jouer indéfiniment avec elle, votre relation ne sera jamais saine puisqu’elle ne saura jamais la vérité. Il faut que tu reprennes ton rôle avant qu’il ne soit trop tard, même si le fait de me faire passer pour un prince n’est pas déplaisant.
- Will, si je dis la vérité à Hélène, elle m’en voudra et elle sera détruite
A ces paroles je compris petit à petit ce que cela signifiait. L’homme avec lequel j’étais la semaine dernière n’était autre que le prince, tout comme le soir du bal, l’homme avec lequel j’avais fêté le nouvel an était aussi le prince. La colère monta alors en flèche chez moi et Malgré la résolution de me faire discrète je ne pus m’empêcher de lâcher avec un ton acerbe et froid, qui malgré toute la colère qui bouillonait en moi resta calme.
- Je confirme. Merci votre altesse de m’avoir prise pour une idiote, j’espère que vous avez pris du plaisir car cela ne se reproduira aucunement.
Après avoir lâché ces derniers paroles, je tournais les talons sans attendre une quelconque réponse et courais vers les écuries. Je sellais mon cheval, mis ma bombe
- Hélène attends…
Je vis Killian, appelons l’imposteur par son vrai nom, accourir vers moi et me dépêchais de monter en selle et de partir au galop sur Kitty, ne voulant pas l’écouter me mentir encore une fois.Je l’entendis enfourcher son cheval et le talonner pour me rattraper S’en suivit une course-poursuite avec le prince qui avait lui aussi monté son cheval. Ordinairement j’aurai souri en savourant la vitesse que je prenais et le bonheur de devancer un prince, mais aujourd’hui seule la colère m’habitait. Nous étions censés être en cours mais la colère m’envahissait tellement que rien d’autre n’avait d’importance que de m’éloigner de lui Plus je le voyais s’approcher plus je talonnais ma monture pour qu’elle accélère, je voulais m’éloigner de lui, je le devais. Comment avais-t-il pu mentir impunément, comment avait-il pu faire ça ? Il m’avait menti à moi mais aussi à Julia et il ne semblait pas en connaître les conséquences, ou du moins il ne paraissait pas les accepter. Mes cheveux étaient fouettés par le vent tout comme la crinière de mon destrier mais je m’en foutais, je voulais le semer, le pousser à abandonner mais il n’en fut rien, lorsque je tournais la têt, il était là, droit sur sa monture, fier comme un paon, même en colère j’arrivais encore à la trouver beau, c’était pitoyable. Soudain Killian parvint à ma hauteur et attrapa d’une main experte la bride de mon cheval qui ralentit instantanément pour finalement s’arrêter. Immédiatement je descendis de ma monture et me mis à marcher, courir étant inutile. Rester auprès de lui me brûlait tout comme me rendait folle de colère. J’arrivais vers une petite clarière avec une cascade. Killian avait dû attacher les chevaux puisqu’il vint me rejoindre. Il tenta de m’approcher mais je m’éloignais. Il m’attrapa alors le bras afin que je sois face à lui. Je baissais la tête et me mis à marteler son torse de mes poings, lui hurlant des reproches, tout en l’assénant de coup, parce qu’à cet instant il le méritait. Je gardais le visage baissé parce que je savais que si mes yeux entraient en contact avec les siens s’en était fini de moi et ma colère. Malheureusement le prince en décida autrement puisqu’il resta de marbre pendant mes reproches ne cherchant nullement à se justifier auprès de moi, il releva simplement mon menton avec son pouce pour que pour la première fois de la journée je le regarde dans les yeux. Comme je l’avais présumé, et malgré mes tentatives pour y résister, mes iris heurtèrent de plein fouet les siennes et une fois perdue dans le bleu de ses yeux, j’oubliais toute ma colère. C’est avec une toute petite voix que je lui demandais les raisons du mensonge qu’il avait servi à tout le monde depuis le début de l’année scolaire.
- Je savais que si je suivais le protocole en m’y pliant, je ne t’aurais jamais approché et n’aurai pas eu l’occasion de te connaître Hélène. Tu sais j’ai eu l’occasion de t’observer et j’ai pu percevoir le brasier qui t’animait, cette passion que tu as , cette volonté de faire changer les choses, c’était flagrant, mais j’ai aussi vu ta réticence à m’approcher. Suite au journal télévisé qui vous avait été dédié à toi et Julia, les médias se sont emparés de vous, et c’est peut-être égoïste mais j’aurai aimé vous connaître avant que les médias ne vous révèle au grand jour, en vous connaissant mieux que moi alors que je vous côtoyait tous les jours, de loin certes, mais j’aurai dù vous connaître. Un jour au détour d’un couloir alors que les pronostics allaient bon train sur le résultat final, j’ai surpris une discussion entre toi et quatre autres élèves, une dénommée Karol t’as alors demandé si tu te voyais reine. Je dois t’avouer que j’avais l’air bête, terré dans mon coin à attendre ta réponse et pourtant….
Il prit un instant de pause, comme pour mieux se remémorer les événements et pour ma part j’étais suspendue à ses lèvres. Nous étions face à face et je pus voir défiler dans son regard un florilège d’émotions toutes très différentes.
- Tu leur disais que tu ne pourrais jamais te marier avec un inconnu et que tu ne pourrais pas supporter d’être aussi effacée que l’est aujourd’hui ma mère qui œuvre beaucoup dans l’ombre, laissant les projecteurs braqués sur mon père. Ton point de vue m’a plu et m’a intrigué. C’est de là que m’est venu l’idée d’échanger mon rôle avec Wilfred puisque je savais pertinemment que tu ne me reconnaitrais pas puisque l’on ne s’était jamais vu : je voulais te connaitre et ce depuis le jour où j’ai ressenti cet électrochoc au lycée, ça n’a dué qu’un instant et pourtant ça m’a suffi pour t’apprécier et ce sentiment n’a fait que se confirmer au fil du temps. Puis après le début du bal tu m’as fait un portrait très franc de ce que tu pensais du prince, c’est-à-dire de moi. Je suis désolé de t’avoir menti, mon comportement n’était pas le plus adapté je te l’accorde, ce n’était pas très égalitaire pour toi et Julia. Cependant malgré mon erreur, je ne regrettes en aucun cas tous les moments qu’on a partagés depius le bal de Noël…
Habituellement je me serais éloignée pour lui hurler dessus, pour lui cracher à la figure que tromper les autres pour atteindre son objectif n’était en aucun cas une solution mais pas ce jour-là, je ne parvenais pas à m’éloigner de lui, et j’ignorais seulement si je désirais vraiment m’écarter de lui. Ajoutez à cela le fait que je ne pouvais résister à l’attraction de son regard. Il le savait, c’était certain, et il en jouait un peu en se rapprochant légèrement de moi. C’est toujours le cas aujourd’hui mais j’ai appris à y résister, même si me perdre dans ses yeux est toujours un grand plaisir. Ma voix fut donc rêche, dénuée de colère
- As-tu pensé à Julia lorsque tu as mis en place ton stratagème? Je n’arrives toujours pas à concevoir le fait que tu nous es prises pour des idiotes, et nous ne nous sommes aucunement méfiées de toi, pas un instant parce que nous, contrirement à toi, nous sommes pliées au protocole royal, ainsi qu’au protocole tout à fait idiot de ton père.
- Julia n’a pas besoin de savoir qu’elle a été dupée, elle est trop, à mon goût, attachée à la couronne plus qu’à moi. Evidemment elle reste une option pour mon mariage puisque mon père me déshériterait et me chasserait du palais si je venais à l’éliminer avant le jour du choix. Je ne me vois pas, pour l’instant faire ma vie avec elle en sachant qu’elle n’aura aucune considération pour moi.
Je restais muette un instant trop sonnée par ses révélations, et presque choquée par sa franchise. J’avais pourtant eu le même réflexe de juger Julia dès notre première rencontre Et moi qui le croyait bête et encore collé au jupons de sa mère je me suis bien trompée, il était en réalité réfléchi, conscient des enjeux qui l’attendit en tant que roi et surtout très intelligent. Surtout que je lui avais franchement dit ce que je pensais de lui, j’avais simplement omis qu’au premier abord j’avais trouvé son valet beau, sans plus. Il reprit me ramenant à la réalité, et me forçant à délaisser mes pensées.
- Tu m’en veux Hel ?
Ce surnom me fit sourire car généralement seule Lili me surnommait ainsi, je trouvais ce surnom bien moins sérieux qu’Hélène. C’est pourquoi je lui répondis avec un sourire en coin
- Pas le moins du monde Killi
A peine ma phrase eut-elle franchie mes lèvres qu’une étincelle que j’aurai dit joyeuse s’alluma dans son regard et il esquisa un sourire franc
- Pas mal le surnom, je dois concéder qu’il est bien trouvé, je crois que personne auparavant ne m’avait appelé ainsi. Anne-Elisabeth utilise mon nom, sauf lorsqu’elle cherche à m’agacer et dans ce cas suivant elle m’appelle Killichou, ce qui est parfaitement hideux. Mes parents m’appellent par mon prénom et mon père m’appelle très souvent par mon nom complet. Par contre tu serais aimable de ne pas l’utiliser en public, j’ai une réputation à tenir, un statut à garder et si mon père venait à apprendre que tu m’as attribué un surnom alors que nous ne devons normalement pas nous connaître, tu subirais autant que moi ses foudres.
- J’accepte, à la condition que tu m’appelles Helene en public
- Marché conclu princesse.
Après cette petite discussion nous sommes allés près de la cascade nous rafraîchir le visage, nous étions recouvert d’une fine pellicule de sueur de par l’étanchéité de nos tenues et de par la distance parcourue mais ça s’est très vite transformé en bataille d’eau. Ensuite nous sommes remontés à cheval et rentrés au palais, ne pensant pas aux conséquences de notre absence en classe aujourd’hui. Je me souviens avec mélancolie de l’instant où nous avons tous deux été convoqués dans le bureau de la reine, c’était très drôle. Killian, caché derrière son loup noir, avait prétendu que ce n’était qu’une activité pour faire connaissance avec l’une de ses prétendantes et pour ma part je me retenais tant bien que mal d’exploser de rire devant sa majesté la reine.
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Journal D'une Princesse.
RomanceHélène, jeune princesse d'Argentine se retrouve fiancée à Killian le prince de Sicile. Qui a dit que derrière cet accord de mariage se cachait uniquement une union? Que se passerait t'il si les sentiments s'y mêlaient? Entre jalousie, rivalité, prob...