Chapitre 6

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17 septembre 2022

Depuis le jour de la rentrée ces beaux yeux s'étaient comme tatoués dans mon esprit et je ne pouvais oublier ce frisson qui m’avait parcouru la colonne vertébrale. Ce n’était pas de la peur c’était autre chose, quelque chose de spécial que je ne saurai pas expliquer. C’était électrisant mais il y avait cependant ce ressenti agréable, réchauffant. Quand j'allais à mon casier ils étaient là, quand je me levais le matin ils étaient devant mes paupières, en classe de maths quand je m'ennuyais mes pensées étaient dirigées vers ces yeux bleus me demandant bien à qui ils pouvaient appartenir. Ce n’était pas de l’amour, juste de la curiosité. J’essayais de me convaincre qu’en tentant de m’imaginer cet homme je ne faisais de mal à personne et surtout pas à ma patrie et ça marchait. J’étais obnubilée par le propriétaire de ce regard furtif du premier jour d’école. 

Je fus tiré de mes pensées par l'ouverture de ma porte. Je me redressais bien vite, adoptant une posture droite pour conserver au mieux mon image, et surtout éviter que l’on me voir affalée sur mon lit le regard dans le vague. Je savais que ce n’étais pas Ada puisqu’elle était sortie dans le parc pour dessiner, et dieu sait qu’elle est douée  Une servante que je n'avais jamais vu auparavant entra pour me prévenir que j'avais rendez-vous avec le couple royal dans une heure. Je la remerciais, légèrement dérangée par le fait qu’elle n’ait pas frappée, et surtout interloquée de cette entrevue imprévue. Je me dépêchais d'appeler Lila pour qu'elle vienne m'aider à me préparer, et durant cette attente mon cerveau s’enflamma. Ma meilleure amie et suivante ne se fit pas prier et vint me rejoindre quelques instants après, m’assurant qu’elle avait fait son possible. Elle m'aida à trouver la robe adéquate, me peigna et me maquilla. Lorsqu'elle eut fini je me tournais vers la glace et me trouvais très élégante dans ma robe rouge et mes cheveux relevés en un chignon parfait, dans lequel toutes les mèches rebelles avaient été emprisonnées. A la fin de l'heure on vint me chercher pour m'emmener vers la salle du trône. Je suivis le garde, tout en gardant un visage neutre pour ne pas laisser paraître mon inquiétude, pour ne pas l’assaillir de questions qui me taraudaient, pour lui éviter mon questionnement intérieur sur cette entrevue, et me fis annoncer avec mon nom complet ce qui témoignait de l’importance de cette entrevue. J'entrais dans la salle et j'aperçus Julia. Ne me demandez pas ce que cette petite pimbêche, à peine plus âgée que moi, égoïste et vilaine faisait là je ne vous le dirais pas, vous le saurez plus tard dans l'histoire. Mon regard se tourna ensuite vers le roi et la reine et j'effectuais ma plus belle révérence devant ces deux monarques. La reine nous intima de nous relever. Dans son regard on pouvait lire de la douceur et une simplicité infinie malgré son haut statut et lorsque mes yeux rencontraient ceux du roi je m’heurtais à un mur, à un regard froid, inexpressif. Ce dernier prit d’ailleurs la parole

- Mesdemoiselles vous avez été jugées les plus aptes à épouser mon fils et à devenir reine même si c'est à ce dernier que reviendra le choix.

Il paraissait contrarié et ses paroles lâchées comme si c’était un fait évident me poussa à répondre, presqu’involontairement et sans réfléchir

- Vous avez réellement cru que j'allais me soumettre à une sélection qui me rendrait dépendante de vous

J’avais malheureusement ce défaut de dire ce que je pense quelle que soit la situation, et ça avait généralement le pouvoir de me porter préjudice. Le roi José me fusilla du regard et je m'étais donc tu, ne dépassons pas les limites tout de même. Julia elle, me regarda avec un regard que je ne serais définir, peut-être était-t-il hautain, peut-être était-il plein d’amusement, je n’en savais trop rien. Le monarque reprit comme si de rien n’était, comme si ma petite interruption n’avait pas eu lieu, et nous exposa le déroulé de cette pseudo-sélection. L’image qui me fut renvoyée du prince ne fut donc pas très positive et l’idée d’une compétition n’arrangeait en rien son cas. Je ne comprenais pas que l’on fasse venir des demoiselles pour choisir celle qui nous conviendra, je trouve que ça nous relègue au rang d’objet, nous conférant ainsi le statut de poupée et c’est désobligeant au plus haut point. Le soir, je m'empressais de tout raconter à Lila, via mon téléphone, et elle compris bien vite, à mon ton, que j’étais un peu perturbée par cette entrevue.

-Que t'apportes cette annonce que tu ne savais pas en venant ici. Tu étais au courant que tu allais te marier avec le prince.
- Je le savais sauf que je ne savais pas que ses parents avaient organisé une sélection pour choisir la femme de Killian et c’est le principe en lui-même qui me dérange.

Je sentis une bouffée d’angoisse m’envahir, prenant conscience de ce que cette compétition signifiait.

- Et s’il ne me choisissait pas, et si je n’étais pas assez parfaite ? Et s’il me choisit que va devenir Julia, comment va-t-elle le prendre ?

Mon amie m’intima de me calmer et je retombais sur le matelas moelleux de mon lit, me disant presque pour moi-même,

- Pourquoi est-ce que les monarques ne peuvent pas être « normaux » comme tout le monde et laisser Cupidon tirer ses flèches ?

Lili ne m’offrit pas de réponse et nous coupâmes l’appel bien assez tôt. Pour tout vous dire ce soir-là je n'ai pas trouvé la réponse à cette question et je ne l'ai toujours pas à l'heure où je vous écris

Journal D'une Princesse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant