10 mars 2022
Depuis notre petite escapade avec Killian, la vie avait repris son cours, comme si rien ne s'était passé. Nous gardions chacun de notre côté notre secret, même ma belle-sœur n'était pas dans la confidence. Killian était cependant très absent pour moi, et je dus avouer que ça me faisait un peu mal, et surtout ça me faisait douter sur la véracité de ces mots. Il ne me donnait que très peu de nouvelles et je me sentais un peu seule, je n'avais même pas d'anneau pour me rassurer puisqu'il avait tenu à respecter le règlement sur ce point. Selon la tradition, l'anneau de mariage n'était donné qu'à la cérémonie du choix qui aurait lieu à l'issue du mois de mars pour un mariage fixé en juillet. Je ne cessais de me questionner, peut-être regrettait-il sa décision, peut-être n'était-t-il pas sérieux avec moi ? Aujourd'hui en marchant dans le couloir menant à ma chambre j'aperçus l'habit impeccable de Killian, et cette fois-ci j'étais sûre de ne pas me tromper, j'étais persuadée que ce costume appartenait bien au prince. Collée à lui je la vis, et même si j'ignorais la raison de leur étreinte je sentis une pointe de jalousie m'envahir, je ne parvenais pas à déceler son expression de par le loup qui lui recouvrait le visage. Lou qui était avec moi, tenta de m'arracher un rire en voyant ma tête d'enterrement dont elle ignorait la cause. Je lui présentais un sourire amusé puis prétextait un oubli dans la salle commune. Je ne tenais pas à passer devant le prince et encore moins devant Julia, qui malgré ses mois passés ensemble gardait un air froid et un ton acerbe surtout envers moi. Je me dirigeais donc vers la salle commune puis déviais vers la salle la jouxtant : la bibliothèque, le paradis du livre, du calme, un lieu qui est témoin assez régulièrement lorsqu'il est visité de voyages plus ou moins lointans, plus ou moins actuels tous plus fascinant les uns que les autres. Je m'assis dans un fauteuil après avoir pris un roman policier pour espérer me concentrer sur autre chose que sur cette étreinte. Dès les premières pages, j'eus l'impression d'être aspirée à l'intérieur du livre, ressentant les mêmes émotions que l'héroïne qui se démenait pour élucider le mystère. Un temps plus tard, je ne saurais dire depuis quand je me trouvais à la bibliothèque, j'entendis la porte de la bibliothèque claquer avec force. Cependant je pus déceler que le pas n'était pas un pas colérique mais plutôt un pas triste, blessé et je sus que cette personne quelle qu'elle soit avait besoin de réconfort. Etant cachée par les rayons de livres, je restais à ma place afin d'observer la scène qui se déroulait sous mes yeux, que voulez-vous je suis curieuse de nature. A ma grande stupeur je vis Julia s'asseoir sur le rebord de la fenêtre avec des larmes aux coins des yeux, croyant sûrement être seule, Lorsque je vis que c'était elle je grimaçais, et j'aurais pu replonger dans ma lecture pour faire comme si je n'avais rien vu, et à cet instant c'était ce que je souhaitais le plus au monde. Cependant je ne pouvais me résoudre à la laisser ainsi, et je ne regrette en aucun cas d'avoir été là pour elle car chacun mérite une seconde chance et du réconfort lorsqu'il en nécessite. Je m'approchais donc d'elle, profitant du fait qu'elle avait la tête dans ses mains. Lorsqu'elle releva la tête et qu'elle m'aperçut, elle me lança un regard de méfiance et de honte d'avoir été faible devant une autre personne. Je compris assez vite à son air que j'étais la dernière personne dans ce palais qu'elle souhaitait voir, cette compétition avait vraiment eu un impact sur nos émotions et nos mentalités et c'est bien dommage.
- Tu es contente tu as gagné, tu peux jubiler de me voir pleurer ainsi, tu as tout eu que ce soientt des amis, une voisine de chambre qui t'adore, une suivante et tu as même gagné le cœur du prince. De toute manière, j'ai était trop conne pour croire que c'était encore possible pour moi, alors que même les sondages te désignaient comme la gagnante.
C'était la première fois qu'elle se livrait à moi, même si c'était sous le coup de la colère. Je découvrais une Julia qui n'avait pas confiance en elle, qui se sentait terriblement seule et qui avait cette envie, qui était flagrante même si elle ne me l'exprima pas, qu'on lui donne les clés pour que ça fonctionne et pour que sa solitude prenne fin. Je décidais de la rejoindre sur son perchoir et d'à mon tour lui partager ma pensée
- Jamais je ne serais heureuse de voir pleurer une personne, que ce soit ma meilleure amie ou ma pire ennemie et tu n'es certes pas ma meilleure amie mais tu es loin d'être la personne que je haïsse de toutes mes forces. On a toutes les deux été mises dans un duel contre notre gré, je suis arrivée d'Argentine avec juste l'idée qui, au passage me déplaisait fortement, de mariage arrangé. Lorsque le roi nous a fait part de ses projets, j'ai ressenti de la colère mais surtout de la peur. J'avais cette peur d'épouser le prince car j'ignorais ce qu'il adviendrait de toi, et inversement, je ne me voyais pas revenir en Argentine sans réel motif.
Je laissais planer le silence quelques instants et ce que je pensais inconcevable se produisit. Je fis de Julia ma première confidente puisqu'elle fut la première au courant de mes inquiétudes.
- Le prince m'a demandée en mariage il y a peu, mais comme tu peux le voir je n'ai pas d'anneau car nous avons souhaité respecter la tradition sur ce point. Je sais pourtant que les jeux ne sont pas encore faits et que le roi José, son père peut faire le choix de s'immiscer dans la décision de son fils. Lorsque je t'ai vu tout à l'heure enlacer Killian, j'ai eu peur qu'il ait changé d'avis et j'ai été, un instant, jalouse de toi. C'est pourtant tout à fait idiot et je te propose un accord. Pourquoi ne nous serrerions-nous pas les coudes au lieu de nous jalouser ? Je sais que tu es une personne extraordinaire qui se cache derrière un masque, j'ai pu le voir au cours des entretiens particuliers que nous avons chacune partagé avec le prince. Alors c'est acté ?
Elle hésita un instant, pesant le pour et le contre et me jaugeant du regard pour voir si elle pouvait me faire confiance et voir si mes propos étaient sincères. Puis elle accepta en me tendant la main. Je la serrais avec force scellant ainsi notre pseudo-réconciliation, car après tout, nous ne nous sommes jamais réellement disputées. Nous descendîmes toutes deux du rebord de la fenêtre et Julia se dirigea vers la porte pour sortir
- Juste avant que tu sortes. laisse parler les médias, ils ne savent pas qui nous sommes réellement. Je ne savais même pas que j'étais désormais la favorité car je ne veux pas participer pleinement à cette compétition en me pliant aux critères des journaux S'ils te jugent c'est qu'ils ne connaissent pas la vraie Julia. Pas celle qui est hautaine et infecte avec les autres mais celle qui a des émotions et qui sait se montrer sympathique avec ceux qu'elle rencontre. C'est avec cette Julia-là que j'aimerai, un jour, devenir amie.Avant que nous ne partions, Julia effaça toute trace de larme sur son visage et me remercia dans un souffle, tout en me quémandant de ne pas parler de notre petite discussion aux autres. Etant d'avis que notre conversation reste privée je lui assurais de mon silence.
Le soir-même, au repas, Killian tenta de se justifier à voix basse sur son comportement avec Julia, puisque Lou, lorsqu'il l'avait questionné sur mon départ soudain, lui avait parlé de mon visage décomposé lorsque nous sommes passées au deuxième étage, à proximité de mon prince et de la princesse de France. Je lui signifiais que toute justification était inutile et que tout était clarifié de mon côté, mais je lui demandais, même si son choix se portait sur moi, de faire attention à Julia parce que j'avais l'intime conviction qu'elle avait besoin d'attention en plus d'y avoir droit.
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Journal D'une Princesse.
RomanceHélène, jeune princesse d'Argentine se retrouve fiancée à Killian le prince de Sicile. Qui a dit que derrière cet accord de mariage se cachait uniquement une union? Que se passerait t'il si les sentiments s'y mêlaient? Entre jalousie, rivalité, prob...