28 août 2021
C’est le jour du grand départ vers la Sicile pour aller m’installer dans mon internat et je n’étais pas forcément très enjouée à l’idée de quitter ma nation et mon pays natal même si la Sicile paraissait être un pays splendide, on est jamais mieux que chez soi, qui aurait cru que je m’attacherai autant à cette nation qu’est la nation sicilienne ? sûrement pas moi et pourtant. J’avais passé un mois à faire mes valises avec Lili mais surtout je n’avais cessé d’imaginer le prince : tantôt il avait une perruque poudrée et était de grande taille, tantôt il était petit avec une moustache, tantôt il avait une voix fluette et des cheveux très court. Mon cerveau d’adolescente ne cessait de se remplir d’images toutes plus farfelues ou effrayantes que les précédentes : un véritable fouillis s’était amassé. Je m’apprêtais à monter dans le taxi avec ma valise, après avoir salué mes parents en leur ayant promis de faire honneur à la notion en adoptant un comportement exemplaire, lorsque je vis Lila courir avec une petite mallette à la main pour me rejoindre. Elle dut voir ma surprise lorsqu’elle monta dans la voiture puisqu’elle me lança avec un ton plein d’humour
- Tu ne comptais tout de même pas partir en Sicile toute seule, sans ta meilleure amie ?
Mon visage se fendit d’un grand sourire et je me poussais pour faire de la place à ma sœur de cœur, mon amie de toujours. Ce fut légèrement complexe car la robe dont j’étais vêtue n’était pas peu discrète et prenait beaucoup de place sur la banquette arrière. Nous sommes au 21e siècle et pourtant les tenues formelles restent aussi imposantes et serrées que celles du temps du roi soleil, c’en est désespérant mais que voulez-vous certaines choses ne changeront jamais visiblement. Quelques minutes plus tard nous arrivâmes à l’aéroport, et, après avoir réglé la course du chauffeur, nous franchîmes les portes de cet immense bâtiment où s’engouffraient des centaines de personnes à la minute. Voir ce fourmillement incessant me fascina car je n’avais jamais été dans un aéroport urbain auparavant. Je vous passe toutes les étapes de l’embarcation et du voyage car il n’y aurait rien de bien intéressant à dire, mis à part le fait que lorsque nous fûmes dans l’avion j’eus cette sensation de voler telle une colombe, ce sentiment de liberté qui vous prend aux tripes et dessine sur vos lèvres un sourire ravi qui s’efface peu à peu. Mon sourire est grand à l’heure où j’écris, mais ce 28 août, lorsque je fus dans cet avion, qui m’emmenait vers ce qui est devenu ma maison, j’ai eu l’impression qu’on me faisait voler pour mieux me couper les ailes après, j’avais cette image d’un oiseau enchainé dans sa cage dorée et cette vision provoquait chez moi de la panique et du malaise, tout comme me rendait hors de moi. Reprenons là où nous nous sommes arrêtés : quelques heures plus tard j’atterris en Sicile avec Lili et je ne pus retenir un cri d’admiration devant la beauté de cette région Italienne inondée par le soleil et constituée d’un ensemble harmonieux de couleurs. On appela un taxi qui nous déposa devant les grandes grilles dorées de ce qui allait devenir mon seul lieu de fréquentation pendant trois années, enfin c’est ce que j’espérais ce jour-là. Derrière elles, se dessinait l’imposant institut dans lequel j’allais étudier, et le palais, majestueux, splendide, flanqué de tours dont la finalité paraissait perdue dans les nuages. Le bâtiment était caché en lui-même derrière l’institut mais la première impression que j’en avais ne pouvait que présumer un monument incroyable. Je vis des centaines de jeunes filles plus ou moins jeunes, plus ou moins imposantes, des brunes, des blondes, des allumeuses et des plus discrètes. Je sentis dès cet instant que cette année allait être joyeuse et épique, on ne peut pas mettre deux cents filles ensemble sans qu’il n’y ait des étincelles ou des rivalités de par les caractères explosifs de certaines. Nous descendîmes avec Lila et, pendant qu’elle rejoignais la file des suivantes en me promettant de m’appeler ce soir, je me dirigeais comme des centaines de filles vers le perron qui surplombait de quelques centimètres la cour. Une fois que tous mouvements humains eut cessé et que le silence se fut installé, une femme que je devinais être la reine Alice, de par sa prestance, son autorité naturelle et la grâce qui émanait d’elle, s’avança et nous adressa un discours de bienvenue. Elle nous rappela que les cours étaient mixtes mais que les internats étaient séparés et que si aujourd’hui nous n’avions pas vu les garçons, c’est pour une raison très simple, ils étaient arrivés la veille au soir. Suite à cela nous visitâmes le pensionnat, dans un troupeau organisé coloré et ne faisant de bruit que par le froufrous de nos robes. Je dois dire que c’est stupéfiant, tout dans cet institut est tout simplement à couper le souffle, respirant le faste et la beauté. La décoration alliait grâce, raffinement et modernité. Mais ce que j’ai préféré visiter fut les écuries chaleureuses dans lesquelles Kitty serait heureuse j’en étais persuadée, les salles de musique remplies d’instruments multiples sur lesquels j’avais hâte de faire courir mes doigts et les chambres dont je n’avais pas encore vu la couleur puisque nous ne les avions pas visitées. La surprise restait donc entière.
- Vous devez vous en doutez, vous allez partager les chambres à deux. Mademoiselle Julie vous serez avec mademoiselle Adeline, mademoiselle Maud sera avec Mademoiselle Sixtine….
Je n’écoutais pas trop peu intéressée par cette énumération de noms qui s’éternisait. Les filles, princesses qui paraissent semblables caractériellement parlant, rejoignaient leur chambre par paire de deux. Seule la princesse Julie, avec sa tiare qui ceint beaucoup trop son front, avait attiré mon attention par son air raffiné et par sa beauté naturelle. Lassée de regarder toutes ces filles, je décidais de laisser vagabonder mes pensées vers un monde lointain, magique et envoutant qui n’appartenait qu’à moi.
- … et mademoiselle Hélène
La voix de la reine me tira de mes pensées et à l’entente de mon nom je me rangeais presque à regret aux côtés d’une princesse, semblant plus jeune que moi, vêtue d’une robe bleue ciel qui lui allait à ravir et qui était en accord avec sa chevelure corbeau. Une fois que notre chaperonne eut fini d’énoncer les duos de colocataires nous nous répartîmes en ordre, en prenant soin de ne pas froisser nos robes. Une fois arrivée devant la porte de la chambre 24, au second étage, je pris réellement conscience que ma vie allait radicalement changer.
- Helene c’est ça ?
Sa voix fluette m’avait tirée de mes pensées et pourtant ce fut d’un ton enjoué et doux que je lui répondis par l’affirmative.
- C’est ça mais appelle moi Hel ça m’évitera de trop pompeux appels. Et toi c’est…
- Ada, princesse consort de Slovaquie
Elle s’apprêtait à faire une révérence de politesse mais je l’en dissuadais immédiatement d’un signe de la main rapide. Je ne voulais pas qu’il y ait de hiérarchie entre nous, je préférais que nous nous voyons toutes deux comme des adolescentes que comme des princesses parfaites et maniérées. J’appris assez vite qu’Ada avait quatorze ans et que derrière ce visage angélique se cachait une jeune fille timide, qui ne connaissait de la vie que ce qu’elle voyait dans son palais. Je vis dans ses yeux qu’elle était heureuse dans la vie qu’elle menait.
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Journal D'une Princesse.
RomanceHélène, jeune princesse d'Argentine se retrouve fiancée à Killian le prince de Sicile. Qui a dit que derrière cet accord de mariage se cachait uniquement une union? Que se passerait t'il si les sentiments s'y mêlaient? Entre jalousie, rivalité, prob...