Chapitre 34

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20 juin 2022

Hier on avait signé un accord avec le peuple qui avait demandé à se faire entendre et respecter en échange d’arrêter de détruire la ville et ses habitants. On avait aussi convoqué un conseil de civils, afin d’entendre la parole de tous, et de par la froideur que mon fiancé mettait dans toutes ses actions, j’en déduisis que le conseil ne s’était pas passé comme l’aurait souhaité, pour ne pas dire que c’était une pure  catastrophe. Aujourd’hui avait lieu le bulletin durant lequel mon Killi allait s’exprimer, offrant un compte-rendu de ce conseil, et ça promettait des étincelles. Je me préparais donc à assister au discours de mon prince en revêtant une robe longue bleue, et je coiffais mes cheveux d’une légère tiare. Arrivée dans le studio, je m’installais au premier rang aux côtés de la reine Alice et d’Anne-Elisabeth, juste derrière l’estrade où se tiendrait notre orateur du jour, orateur qui se faisait attendre à mesure que passaient les minutes. Je craignais qu’il ne décommande, qu’il ait baissé les bras et cette hypothèse me semblait de plus en plus plausible à mesure que s’égrenaient les secondes.  Ce ne fut qu’une minute avant le « Silence, ça tourne » qu’il entra dans la salle, le regard dur et le visage fermé, ce qui ne présageait évidemment rien de bon. Le journal commença par les dernières nouvelles que j’écoutais distraitement, trop occupé à tenter de rassurer mon nounours mais même une pression de ma main sur la sienne ne sembla pas l’apaiser. Doucement il dégagea sa main de mon emprise et la reposa sur son genou.

-       Et maintenant un tonnerre d’applaudissement pour sa majesté le prince Killian qui tenait à nous faire un compte-rendu du conseil des civils qui s’est tenu hier, au palais.

-       Merci.

Il se leva après avoir lâché ce petit mot avec un ton détaché, si différent de son ton habituellement bienveillant er rassurant. Un silence de plomb s’était installé dans la salle et nous étions tous suspendus aux lèvres de Killian, attendant son discours.

-       Argentines et Argentins, Siciliennes et Siciliens bonsoir… Hier en effet j’ai présidé un conseil où un large cercle de personnes venant d’horizons différents étaient réunis pour débattre sur les sujets vous mécontentant. Nous avons ensemble soulevé des problèmes plus ou moins visibles dans votre quotidien, causés pour certains par la politique de mon père, et je vous fais la promesse d’y remédier au mieux dès que possible.

Il fit une pause, avalant sa salive comme s’il stressait ou comme s’il s’apprêtait à se livrer ce qu’il ne faisait habituellement jamais à la télé devant le pays

-       Cependant, à l’issue de ce conseil, un homme que la vie a gâté en lui donnant un travail qu’il aime, une situation économique confortable, et surtout la chose la plus importante de toutes : une famille qui l’aime, un homme donc a cru bon de tenir des propos très désobligeants à mon égard et à l’égard de personne chères à ma vie. Cet homme a émis une hypothèse que je qualifierais de non-véridique. Je me permets ce soir de le citer : « le prince, donc moi, est une statue de porcelaine qui n’a que faire de son pays et qui ne pense qu’a lui, pas étonnant que son père est vrillé et ce n’est pas non plus ahurissant que son peuple crève ».

Des murmures de surprise et d’incompréhension coururent  dans le public. Je baissais la tête comprenant le ressenti de mon fiancé, il se battait tant au quotidien pour fournir le meilleur de lui-même, et l’on l’accusait de faire le strict contraire. Il se tourna un instant vers nous, profitant du fait que l’assistance soit dans la pénombre pour chercher mon regard. Une fois qu’il l’eut capté, je lui envoyais tout mon courage et le poussait à continuer, malgré le fait que cette théorie l’ait blessé et qu’elle ait fait un éclat sur sa carapace de roi.

Journal D'une Princesse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant