Chapitre 5

23 1 0
                                    

1er septembre 2021

Aujourd'hui était le jour de la rentrée et je dus donc me préparer à aller en cours, pestant légèrement à l’idée de me retrouver dans un pensionnat aussi réglementé. Durant les jours qui ont succédé mon arrivée j'ai pu monter à cheval, un autre que Kitty qui n’avait pas encore fait le voyage, et je dois avouer que c’était très différent puisque je n’avais pas la même complexité avec ma monture qu’avec mon cheval habituel. J’ai eu l’occasion de tiser des liens avec Ada et ses deux amies prénommées Luna et Lou, qui elles sont respectivement duchesse d'Espagne et princesse de Pologne. Elles se connaissaient déjà puisque leurs parents se rencontraient régulièrement,  mais j'ai surtout pu m'introduire dans une salle de musique. Là-bas j'ai, je m'en souviens encore très bien, utilisé le piano avec lequel j'ai joué une ballade que ma grand-mère m'avait apprise avant de partir rejoindre les étoiles, puis d'une main experte j’avais pris le manche du violon, cet instrument délicat, qui reposait sur la cheminée de la salle. Une fois que l'archet eut touché la corde de cet instrument tant fragile que magique, je m'envolais loin de ce palais, loin de ce prince inconnu, loin de ces quatre murs et loin de mes questionnements incessants. A la fin de mon improvisation j'entendis des applaudissements derrière moi, mais lorsque je me retournais surprise et confuse d’avoir été surprise à jouer, je ne vis personne. Il me fallait désormais me convaincre de me vêtir de l'uniforme peu confortable de l'école qui consistait en une jupe bleu marine arrivant aux genoux et d'un chemisier blanc, cet uniforme était tout bonnement hideux et loin de ce que je mettais habituellement. Nous sommes, certes, loin des robes à corsets et à panier lourdes à porter mais l’uniforme n’en reste pas moins inconfortable. Après avoir rapidement noué mes cheveux, je descendis avec Ada dans le grand hall, déjà bien rempli, afin de rejoindre les autres prétendantes qui riaient et jacassaient. Là, nous fûmes rejointes par d'autres filles, sûrement les dernières avant les retardataires. On aurait dit des clones tellement la ressemblance entre certaines était frappante : même uniforme, même coiffure. Je vous évite le trajet qui fut ennuyeux, la plupart des filles piaillant tout le long du trajet, mais ne puis vous cacher la beauté du lieu. Le collège-lycée était une bâtisse blanche qui étincelait au soleil, des tours la flanquaient et la structure pourtant assez sobre arborait un air noble, resplendissante sous le soleil chaud d’Italie. Arrivée à l'école, m’extrayant bien vite de la foule, je partis directement vers les casiers pour choisir le mien et surtout m’éloigner de cette cacophonie. Moi qui espérait avoir un moment de tranquillité avant de rejoindre les classes bruyantes et souvent pleines d’enfants pédants, c’était visiblement trop demander

- Hola beauté qu'est-ce que tu fais toute seule ici ?

- Comme tu peux le voir je range mon casier.

Mon ton était sec, sans appel, et malgré ma tentative de lui faire comprendre de partir il continua, faisant abstraction de ce que je venais de dire.

- Tu sais, tu pourrais faire une activité bien plus passionnante, avec moi par exemple

Il était trop près de mon visage, et son haleine transportait une légère odeur de cigarette, odeur que j’avais en horreur. Il dut comprendre mon refus lorsque je m’écartais de lui, avec une mine de dégoût peinte sur le visage, et me demanda pourquoi je me refusais à lui.

- A l’initiale, j'étais venue chercher la paix mais visiblement quelqu'un a décidé de venir me déranger. c'était un garçon assez prétentieux, trop dragueur à mon goût et qui est pas ouf. Tu le connais?

Mon ton était cassant, plein d’ironie et le dragueur en question, un certain Jack, ouvrit la bouche comme pour riposter mais ne trouva pas les mots. Il avait l’air d’un poisson rouge manquant d’air, hors de l’eau, à ouvrir et fermer la bouche, à court d’arguments. Que ne fut mon soulagement lorsqu'il se cassa, me laissant de nouveau seule.

En ouvrant la porte carrée de mon casier colorée, je décidais d'y coller la photo de famille que je possédais, une photo certes très conventionnelle mais c’était l’unique portrait de famille que je possédais, puis un cliché de Lila et moi. 

- Tu avais l'air heureuse ce jour-là

Je sursautai, soupirant intérieurement d’avoir été dérangée une nouvelle fois. Cette phrase avait été dite d’une voix presque pleine de compassion, et assez ferme ce qui me fit dire que la jeune fille qui l’avait prononcée était à peine plus âgée que moi, si ce n’est qu’elle avait mon âge. Je me retournais directement, essuyant mes yeux qui s'étaient embués par manque de ma famille. Je vis alors devant moi une jeune fille, elle aussi en uniforme qui se tordait les mains, désolée de m’avoir dérangée. Elle était blonde, avait des yeux bleus, et, lorsqu’elle vit que je la regardais, elle esquissa un sourire timide. J’allais la saluer lorsque soudain elle me fit penser à..... LA REINE. Je n’ai jamais été très fine, à prendre des pincettes pour questionner les autres, c’est pourquoi ma question fut très directe, peut-être un peu trop. 

- Attends. comment se fait-il que tu ressembles autant...

- à la reine Alice?

J’hochais la tête, elle m’avait ôté les mots de la bouche et je patientais, quêtant sa réponse. Elle me lança dans un sourire

- On me le dit souvent, je suis sa fille, je m'appelle Anne-Elisabeth.

A peine eut-elle fini sa phrase que je baissais la tête en signe de respect. Elle me demanda avec un air gêné de relever la tête et me tendit sa main pour que je la serre. Une question, dont la réponse était évidente, me brûla les lèvres et je ne pus résister à la nécessité de la lui poser, ou plutôt de m’assurer d’un fait avéré

- Et donc Killian est ton frère.

Elle n'eut pas le temps de me répondre puisque la cloche tinta à cet instant. Nous remarquâmes que nous étions dans la même classe et  en fûmes contentes. Depuis ce jour je n'ai jamais cessé de considérer Anne comme ma meilleure amie et je la considère aujourd'hui comme ma sœur. A la fin des cours je m'apprêtais à sortir du bahut pour rejoindre les autres filles du pensionnat pour que nous rentrions ensemble, lorsque je frôlais ce garçon aux yeux bleu océan. Son regard m’électrisa, provoquant un frisson tout le long de ma colonne vertébrale et lorsque je le cherchais du regard je ne l’aperçus nulle part

Journal D'une Princesse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant