Chapitre 25

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7 mai 2022

Je pense que je n’oublierai jamais ce jour et à dire vrai comment le pourrais-je. La nuit du 7 au 8 mai, j’avais mis mon plan à exécution, prenant soin à ne rien laisser paraitre devant Killian qui m’aurait empêchée d’aller au bout, mon fiancé est bien plus malin que ça mais ça vous le verrez bien assez tôt. Une fois sûre que la majorité du palais dormait, Je m’était éclipsée sans bruit de ma chambre, tel un chat s’échappe la nuit pour sa ronde sous la lune, et avait pris le chemin de l’armurerie. Je déverrouillais l’accès de la salle assez aisément pour avoir vu Killian le faire à de nombreuses reprises. Mes doigts prirent assez naturellement place sur un calibre que je n’avais que trop vu en Argentine, c’était triste mais le temps n’était pas à la nostalgie. Je glissais l’arme dans la poche de ma robe de chambre et sortit de l’armurerie en fermant soigneusement l’accès. Après avoir vérifié que les couloirs étaient bel et bien déserts, je pris le chemin du troisième étage, en faisant extrêmement attention à ne pas faire de bruit en passant devant les chambres d’Anne-Elisabeth et de Killian, de peur de les réveiller et qu’ils ne m’arrêtent. J’entrais dans les appartements royaux, saluais les gardes postés devant les portes de la chambre royale, et entrais ayant prétextait un rendez-vous secret avec le roi. Etant la fiancée du futur roi, ils ne se firent pas prier pour me laisser passer. Je les congédiais, leur disant qu’ils pouvaient aller se reposer. La grande chambre était plongée dans la pénombre, et le reine et son époux dormaient paisiblement. Cependant j’étais tellement aveuglée par la colère que rien ne pouvait me faire renoncer, j’étais trop près de mon but pour reculer. Je m’approchais donc du lit et collais le canon de mon arme contre la tempe du roi, la crosse de l’arme fermement tenue dans ma paume. Celui-ci, sentant un contact froid contre sa peau, se réveilla et à ma grande surprise je ne vis aucune once de peur dans ses yeux. Au contraire ses iris brillaient, illuminées par une joie trop longtemps contenue, comme s’il attendait ce moment depuis toujours et il arborait un sourire suffisant que j’hais immédiatement. Sous l’effet de la surprise je reculais de quelques pas mais me repris très vite en pointant l’arme vers mon pire ennemi, vers cet homme qui avait osé s’attaquer à ma famille. Pour seule réponse à ma menace il afficha un rictus amusé, presque victorieux. 

-       Tu n’oseras jamais tirer.

-       Qu’en savez-vous (ma voix tremblait malgré le fait que je tentais de rester le plus neutre possible)

-       Parce que tu en es incapable petite sotte.

-       Vous n’en savez rien.  

Après lui avoir craché ces mots au visage, je resserrais ma prise sur l’arme et plaçais mon doigt sur détente prête à tirer, décidée à en finir, à rétablir la justice moi-même. Je m’apprêtais d’ailleurs à le faire…

-       Hel, ne fais pas ça…

Cette voix, je la reconnaîtrais entre mille, son ton était pressé, peut-être de par la gravité de la situation et par la fragilité de mon cas. Ma destinée ne tenait qu’à un fil : soit je tuais le roi et je croupirais en prison, soit je lui laissais la vie sauve et le laissait entre les mains de la justice. Je chassais bien vite cet instant de doute de mon espirt, je me devais de l’achever moi-même. Cette ordure ne pourrait que corrompre la justice qui le blanchirait sans scrupule. Mon prince était derrière moi et je savais que si je me retournais j’allais craquer. Je ne pus cependant pas résister, et tournant la tête, je croisais de plein fouet ses yeux bleus pleins d’inquiétude, de peur, de surprise, de colère et teintés de déception. Dès cet impact mes yeux s’embuèrent : je ne pouvais pas craquer, pas maintenant, pas si près du but. Je me devais aussi de le faire pour lui, je ne pouvais pas lui laisser un père meurtrier. Aujourd’hui, à l’heure où j’écirs je sais que tuer n’est aucunement une forme de justice et utiliser un autre pour prétexte n'est pas non plus la solution pour abattre un homme. Ce 7 mai 2022, j’étais étouffée par la colère, dans un état second, ayant besoin que le coupable paye pour ce qu’il avait fait.

Journal D'une Princesse.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant