Journal D'une Princesse.

Chapitre 23

22 avril 2022

Aujourd’hui avait lieu mon couronnement, aujourd’hui j’allais devenir reine d’Argentine. Malgré mon deuil, les ministres avaient tenu à ce que le royaume ne reste pas sans successeur à sa tête après la perte de mes parents. Je savais que ce jour arriverait mais j’avais toujours pensé que ce serait en présence de mes parents lorsqu’ils m’auraient passé le flambeau que je serais devenue reine. J’aimerai tellement voulu qu’ils soient là, juste pour voir briller le temps d’un instant de la fierté dans leurs yeux. Je m’habillais avec l’aide d’Anne-Elisabeth et Lili et me coiffais. Je mis du maquillage pour cacher mes cernes et mes yeux bouffis et j’avais cette impression de ressembler à une  palette de peinture. Kilian entra, vêtu d’un costume noir qui le rendait craquant et il vint se placer à mes côtés. Il vint m’embrasser la tempe doucement, sachant que c’était atrocement dur pour moi.

-       Tu es magnifique ma belle

-       Merci.

Je n’avais pas la force de parler convenablement donc ce fut dans un murmure que je lui répondis. Un sentiment de tristesse immense m’habitait et je savais les larmes proche de couler. Je ne devais pas pleurer c’est pourquoi je tentais de les refouler. J’avais revêtu une robe noire agrémentée d’argent pour mêler la royauté et le deuil. Je soufflais, car même si Killian été venu en catimini hier pour me soutenir dans ma perte, il ne pourrait être à mes côtés sur l’esplanade pour mon couronnement. Il y assistera à l’intérieur avec Anne-Elisabeth. Je descendis donc dans la cour du palais noire de citoyens, de journalistes, de gardes, de photographes…

Je m’avançais vers l’estrade dressée pour cette occasion où était posé le trône de ma mère, et non celui de mon père, comme je l’avais demandé. Arrivée aux pieds des marches de l’estrade, je m’agenouillais devant l’évêque qui me fis prêter serment

-       Jurez-vous devant Dieu et devant tous les hommes d’œuvrer au bien et à la sécurité du peuple argentin

-       Je le jure.

Il prit l’épée, me posa la lame sur l’épaule droite puis sur la gauche. Puis prenant la couronne, il me la posa sur la tête avec lenteur pour que chacun puisse prendre conscience de ce que ça allait impliquer    et pour permettre aux photographes de prendre des clichés. Je me relevais, me plaçant face à l’assemblée, laissant résonner dans mes oreilles les paroles de l’évêque.

-       Inclinez-vous devant votre reine, sa majesté Hélène, reine d’Argentine.

Tout le peuple s’inclina et les gardes mirent un genou à terre en signe de respect. L’hymne royal commença, et avec lui ma marche vers le palais. Soudain cet hymne si familier fut coupé par un groupe d’hommes qui mirent rapidement la zizanie parmi le peuple. Des cris fendirent l’air, des pleurs résonnèrent, des bousculades s’engagèrent De suite on me fit accélérer le pas pour me mettre à l’abri, toutes les chaines de télé ayant été coupées. Sur mon passage je pus entendre des phrases telles que «on ne l’a pas vu pendant des mois et c’est quand ses parents crèvent qu’elle revient. » « Juste là pour la couronne, vraiment une enfant pourrie gâtée », « Je mets ma mais à couper que c’est elle qui a assassiné ses parents». D’autres phrases me parvenaient en bribes « enfant indigne », « héritière illégitime ». Toutes ces paroles donnaient des coups à mon cœur déjà bien endommagé. Une fois arrivés à la porte, on me poussa à l’intérieur et l’on referma bien vite la porte pendant que d’autres maîtrisaient l’émeute se déroulant à l’extérieur. Une fois sûre que les portes étaient fermées je m’écroulais au sol, me déconnectant peu à peu de ce qui m’entourait et rentrant dans un état second. Je sentis simplement des bras m’entourer pour me soulever puis le trou noir.       

Je me réveillais quelques heures plus tard et la première chose que je vis fut les visages inquiets de mon fiancé et de ma future belle-sœur qui furent soulagés de me voir réveillée, malgré le fait que je ne parlais pas. Et ce fut ainsi durant des jours et des jours au cours  desquels je n’arrivais pas à sortir du silence dans lequel je m’étais murée.